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jours Auteur, & les hommes qui les ont inventées ou qui les mettent en usage, paffent chez eux pour Magiciens, pour gens qui ont fait Pacte ad hoc avec cette intelligence.

Je rapporterai à cette occafion l'Hiftoire de Brioché, homme fi connu par le jeu des Marionnettes, dont il divertiffoit autrefois. la Cour & le Public. Je la tiens d'un Officier Suiffe, qui fe trouva fur le lieu dans le tems qu'elle fe paffa.

Brioché va dans une Ville de Suiffe où ce Jeu n'avoit point encore paru: on l'y regarda comme Magicien : on le dénonce au Magiftrat ; on l'arrefter on lui fait fon Procès. Monfieur Dumont Capitaine au Regiment des Gardes Suiffes, arrive dans la Ville pour y faire recruë: on l'informe du fait : la curiofité le

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prend, comme beaucoup d'autres, de voir le prétendu Magicien: il reconnoit Brioché qui fe trouvoit fort embarrassé de sa contenance, n'aïant perfonne qui agit, & qui parlât pour lui, il le confole, & lui promet de travailler à fa liberté. Monfieur Dumont va voir le Magiftrat, il l'informe de la chofe, & l'engaà faire mettre Brioché hors de Prifon.

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L'on a vû de femblables Scenes fe paffer en d'autres lieux à l'égard des Joueurs de goblets de gibeciere, & d'autres tours de main dont on ignoroit la caufe.

L'ignorance à toûjours été la mere de l'admiration, & la fource de la fuperftition & de l'idolâtrie: Elle a fait qu'on a attribué & qu'on attribue encore tous les jours à la Magie diabolique des

effets de l'adreffe & de l'induftrie des hommes.

Si un Americain, ou un autre homme, tel qu'il foit, qui n'auroit jamais vû de montres ni de pendules, en voïoit une de repetition ou quelqu'une de celles qui marquent avec tant de juftelle & de régularité le cours des Aftres, leurs differens aspects, leurs conjonctions, leurs oppofitions, &c.

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S'il voïoit l'horloge de l'Hôtel de Ville de Lyon, les divers mouvemens que fait le Cocq à chaque heure, & le battement de fes ailes : S'il entendoit le chant qu'il repete trois fois de fuite: S'il voïoit la pendule du Cabinet du Roy à Versailles, la tefte d'AL bert le Grand, la Statuë de Maroc, & toutes les machines que les Mathematiciens ont inventées, n'attribuëroit-il pas auffit

tôt tous ces mouvemens furpre nans à quelque Divinité, ou à quelque Demon caché dans ces Automates?

Il jugeroit des effets de la nature comme de ceux de l'art : il attribuëroit aux intelligences la vertu de l'aimant à attirer le fer; celle du Theamede à le repouffer, celle de la poudre de Sympathie à arrefter le fang d'une plaïe, & à la guerir dans une distance même confiderable &c. Il attribuëroit enfin à des caufes extraordinaires & furna turelles, toutes les chofes quile furprendroient, & dont il igno reroit la cause.

Mais fi on lui découvroit la ftructure de chaque Machine; les refforts qui la font mouvoir; les émanations qui fe font des corps les plus folides, les impreffions que les efprits ou les petites

petites parties qui s'en détachent, font fur les corps qu'elles touchent, il reviendroit en même tems de fon étonnement: Il reconnoitroit alors le pouvoir de l'art dans fes ouvrages, & celui de la nature dans fes operations.

Combien de chofes avonsnous vû de nos jours attribüer à des Pactes, qu'on a reconnuës dans la fuite être de purs effets de l'art ou de la nature? Nous en voïons tous les jours qui font beaucoup plus furprenantes; que toutes celles que les Partifans des Pactes font faire aux Demons, defquelles ils font euxmêmes forcez de convenir qu'ils ne font point les Auteurs.

Leur a-t-on, par exemple, jamais attribué les effets que caufe la piquûre de la Tarantule, effets pourtant les plus finguliers,

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