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guez des autres par leurs mœurs, par leur fçavoir, & par leurs ouvrages; & plufieurs d'entr'eux ont reçû après leur mort l'honneur de l'Apotheofe. Vous fçavez, Monfieur, en quelle veneration eft encore aujourd'hui la memoire de Zoroastre chez les Chaldéens & chez les Perfes celle d'Hermes-Trifmegifte chez les Egyptiens, celle de Confutlus. chez les Chinois, celle de Zamolfis, de Pithagore, de Democrite, d'Hypocrate, & de Platon chez les Grecs, &c.

Tant que les Mages fe font. confervez dans leur premier état, la Magie a confervé la pureté & fon innocence: mais auffi-tôt qu'ils fe font relâchez, elle s'eft avilie: la fuperftition, l'impieté, l'idolâtrie, l'impofture & le ma-› lefice s'y font introduits, & l'ont rendue criminelle & condanna→

ble. Les Mages font devenus odieux on les a regardez comme des impies, des facrileges, des idolâtres, des féducteurs, des fourbes, des empoisonneurs: on les a bannis du commerce & de la focieté des hommes: on leur a impofé des peines; & pour les rendre plus méprifables, on leur a donné le nom infâme de Ma giciens, nom qui ne fe prononce qu'avec horreur, & qui eft en abomination chez tous les Peuples.

Lorfque l'Ecriture Sainte en parle, elle les traite d'empoisonneurs, de malfaiteurs, de gens qui commettent toutes fortes de crimes, qui font toutes fortes de malefices, venefici malefici.

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L'ancienne Magie n'a pour tant pas laiffé de fe conferver parmi quelques Sçavans; mais ils n'ont ofé fe faire connoiftre, dans

la crainte qu'on ne les traitât, comme l'on a fait les hommes, dont Nacedé a entrepris l'Apologie, qu'on ne les accufât, comme eux, de commerce avec le Diable, & de faire en fon nom les prodiges qu'ils operoient.

Il n'eft point furprenant que le Peuple, qui ne juge prefque jamais fainement des chofes, traite de même des perfonnes doctes, qui dans les Arts & dans. les Sciences fe diftinguent des autres, & font des operations qui le furprennent, & qu'il ne comprend point: mais il est étonnant de voir des gens qui fe piquent d'entendre la Theologie &la Philofophie, attribuer au Diable ce que ces fçavans hommes font d'extraordinaire, & les faire paffer dans le monde pour Magiciens, pour gens en commerce avec cette intelligen

ce, & qui n'operent, & ne font rien que par fon miniftere. J'en ai connu plufieurs de ce caractere. En vain je leur reprefentois qu'ils ne devoient point confondre la Magie ancienne avec la moderne, ni les Mages avec les Magiciens; que Saint Jerôme regarde les Mages comme des Philofophes qui s'occupent à la connoiffance de Dieu & de la nature, qui ne cherchent qu'à s'inftruire, & à découvrir la verité; qu'il les diftingue par-là des Devins, & des Magiciens, dont il eft parlé dans le 2. Chap. de Daniel, Magi funt, dit-il dans fes Remarques fur ce Chapitre, qui de fingulis philofophantur.

J'ajoûtois à ce témoignage l'autorité du Texte Sacré je leur faifois voir que les Mages font honorez en plufieurs endroits du titre de Sages, & je leur ci

a

tois l'onziéme verfet du Chap. 7. de l'Exode, où il eft dit à l'occafion des Prodiges que faifait Moife en presence de Pharaon, que ce Prince fit venir les Sages d'Egypte, & les Magiciens. Vocavit autem fapientes & malefiCos, pour marquer la difference qu'on mettoit dès-lors entre les ·Mages & les Malfaiteurs ou Magiciens.

Je leur apportois, l'exemple: des Mages qui vinrent d'Orient adorer Jefus-Chrift dont ils n'avoient pû apprendre la naissance que par leur fcience, ou par revelation divine.

Je leur demandois encore s'ils avoient trouvé dans le Texte Sacré, quelque paffage, qui pût faire foupçonner que ces hommes fages euffent jamais eu aucun commerce avec les Demons, & qu'ils euffent fait aucun Pacte

avec eux

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