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eft dans la bouche, & qu'on aura placé près de la dent malade, en tirera fucceffivement des étincelles cet appareil n'eft point gênant. On peut auffi donner des commotions qu'on a foin de diriger feulement fur la partie malade, fi le premier moyen ne fuffit pas; rarement la douleur résiste-t-elle à plufieurs chocs électriques.

M. Lovet a guéri plufieurs maux de dents par l'électricité (1). M. Hiotberg a eu de femblables fuccès (2). M. Zetzell a guéri à Upfal, plufieurs maux de dents de diverses fortes (3). M. Lentin, en employant ce moyen a obtenu les mêmes effets. M. Steiglehner dit : « J'ai fouvent diffipé des maux de dents par une feule commotion, ou, fi celle-ci étoit trop foible, par deux. Je ne connois qu'un feul cas dans lequel les douleurs font devenues plus grandes à la premiere commotion; & comme le malade ne voulut pas fe faire électrifer plus long-tems, on fut obligé de recourir à d'autres moyens (4). » M. le Roi & quelques autres électriciens François, ont procuré à plufieurs perfonnes la guérison de

(1) Effai de Lovet, pag. 112. (2) Mém. de l'Acad. de Suede. (3) These fur l'électr.

(4) Van-Swinden; Recueil de Mémoires fur l'analogie de Félectricité & du magnétisme, tom. II, pag, 156,

cette cruelle maladie. M. du Boueix affure qu'il lui eft arrivé plufieurs fois d'enlever, comme par enchantement, & dans une feule féance, des odontalgies cruelles, qu'aucun autre moyen n'avoit pu calmer.

On peut voir les expériences que j'ai faites fur ce fujet dans le Journal des Savans, année 1770, p. 487, & dans le chapitre premier de la troisieme partie de cet Ouvrage, auxquelles on peut encore ajouter les fuivantes. Deux perfonnes qui avoient des maux de dents peu confidérables, & fur les dents de qui je remarquai une espece de carie écailleufe, furent guéries après avoir reçu quelques commotions. Si cette douleur étoit occafionnée par des vers dentaires dont l'existence nous eft atteftée par les obfervations de M. Andry, &c., il ne paroîtroit pas improbable de dire que le coup foudroyant qui eft capable de tuer des animaux incomparablement plus gros, a pu faire mourir ces vers, unique caufe de la douleur. Depuis que j'ai fait ces remarques, j'ai lu quelques obfervations de M. Magellan, fur les infectes polypiers qui forment le tartre des dents. Ce favant a plufieurs fois vu au microfcope les petits vers qui forment cette matiere blanchâtre qui croît entre les dents. En délayant cette fubftance dans l'eau tiede & la plaçant fur le

porte-objet du microfcope, il apperçut diftinctement les petits vers qui la forment, & les figures fingulieres qu'ils ont. Il y en avoit d'oblongs, de carrés, de ronds, de triangulaires, &c. &c. Des obfervations poftérieures ont enfuite confirmé ce phyficien dans fon fentiment. « Ayant perdu, dit-il, une des dents inférieures du devant, j'ai observé qu'au bout de quelque-tems, cet intervalle a été presque rempli de cette matiere qui s'accroît petit à petit & s'y endurcit, malgré le foin que j'ai de la nettoyer & de la frotter chaque matin avec une petite broffe ordinaire, en nettoyant le peu de dents qui me reftent. Au bout de quelques mois, cette matiere endurcie eft tombée par quelque effort qu'elle a fouffert, en introduifant dans la bouche des commeftibles durs; mais au bout de trois mois ou environ, cette quantité de pierres, s'eft rétablie à-peu-près comme auparavant. En l'obfervant à la loupe, elle a une furface raboteufe, reffemblante aux rétépores, & femble s'accroître de bas en haut par de petits amas, &c. Il femble donc que nous portons fur nous-même dans la bouche un amas de polypiers ou petits infectes, comme ceux qui forment les coraux, les rétépores, &c. «Si la commotion électrique, comme on n'en peut douter, fait mourir

ces vers dentaires, ces polypes nombreux; la carie des dents n'aura plus lieu, ou du moins ne prendra pas un nouvel accroiffement.

S. III.

De la Cardialgie, de la Colique, &c.

Dans la cardialgie, les commotions peuvent produire une utile fecouffe, ainfi que dans la néphralgie. L'expérience de Leyde, répétée dans la région des reins, a fait rendre des graviers & a délivré des douleurs néphrétiques un malade à qui je l'avois confeillée. Les étincelles feules ne paroiffent pas un moyen fuffifant de guérifon; mais la commotion électrique a affez d'énergie pour produire cet effet. M. Wesley, à Londres, a guéri par l'électricité dans le cas de gravelle dans les reins (1). M. de Haën parle d'un paralytique fujet à la gravelle depuis plufieurs années, & qui avoit rendu plufieurs petits calculs en différens tems. Après lui avoir donné du raifin-d'ours, qui calma parfaitement les douleurs de gravelle, il commença un mois après la ceffation de ces douleurs à l'électrifer. Le quatrieme

(1) Priestley, tom. II, pag. 412.

jour

jour pendant l'électrifation, il fentit un calcul defcendre des reins & tomber dans l'urethre, & au bout d'une heure il fut expulfé entiérement; tandis qu'auparavant ces fortes de calculs arrêtés pendant trois ou quatre jours dans l'urethre, lui faifoient fouffrir des douleurs très-vives. Il n'éprouva dans la fuite ni douleurs ni calculs, quoiqu'il continua pendant deux mois l'ufage du raifind'ours (arbutus uva urfi. Linn.) (1).

Le choc électrique a fait ceffer plufieurs douleurs fort vives de différentes especes lorfque je le dirigeois fur la partie affectée; il amortit la douleur, & l'anéantit en produifant une douleur plus forte; mais comme celle-ci n'est que momentanée, elle disparoît bientôt. Cette opération répétée anéantit la plupart des efpeces de douleurs. J'ai fait très-fouvent ces expériences qui ont toujours réuffi. Ainfi, il n'est aucunement douteux que l'hépatalgie, la fplénalgie, la gaftrodynie & autres douleurs de ce genre, qui ne different entr'elles que par le siege, ne foient diffipées par des commotions électriques, proportionnées à la grandeur du mal. Suivant M. Lovet, Anglois, l'électricité eft presque un spécifique dans tous les cas

(1) Rat. Med. tom. II, pag. 202. Tome II,

B

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