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portées à un certain point, & employer les commotions modérées que l'expérience a prouvé être très - utiles. Or rien n'eft plus avantageux que de mitiger & de graduer les commotions, ainfi que nous l'avons enfeigné plus haut.

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Si quelquefois on a vu des accidens dans 'des perfonnes électrifées par commotions, ils dépendoient probablement de ce qu'elles étoient trop fortes. Peut-être auffi n'en étoient-ils point les effets, quoiqu'ils les fuiviffent, étant produits par d'autres causes. 'Affurer le contraire, ce feroit oublier qu'une des conféquences les plus fauffes, & en même tems les plus communes, eft celle-ci: Hoc poft hoc, ergo propter hoc. « Peut-être dira-t-on que les commotions, les fortes & nombreuses étincelles déplacent l'humeur morbifique? Tant mieux, a dit avec raifon un habile médecin; n'est-ce pas en atténuant, en déplaçant l'humeur fixée fur une partie, qu'on la diffipe, qu'on la détruit, qu'on guérit ? Les frictions, les flagellations avec les orties, les diaphorétiques, les émétiques, les purgatifs, agiffent-ils autrement? Si donc l'électricité n'agit en cela que comme les autres remedes, qu'en a-t-on plus à redouter? Mais ajoutera-t-on, l'humeur que l'électricité déplace, peut fe porter fur des parties plus

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intéreffantes que celles qu'elle occupe. J'en conviens; mais il faut alors, comme dans le traitement par les remedes ordinaires, évacuer l'humeur atténuée, la diriger, l'attirer vers l'émunctoire le plus propre à la recevoir & à l'expulfer. » D'ailleurs l'expérience la plus conftante prouve qu'en général des commotions ordinaires, des étincelles données à propos font utiles & nullement nuifibles. Qu'on fe rappelle fur-tout les faits que nous avons cités dans le chapitre de l'électricité, dans les afphixies, & en d'autres endroits; il paroît qu'on ne peut s'empêcher d'en conclure l'utilité des commotions, même affez fortes, dans certaines circonstances particulieres. Ainfi nous ne pouvons, d'après le flambeau de l'expérience, nous déterminer à rejeter abfolument les commotions plus fortes que celles qu'on donne ordinairement. Nous les croyons utiles dans des cas particuliers, tels que ceux dans lefquels on les a éprouvés avec fuccès, & que nous avons expofés en leur lieu, quoique dans les cas ordinaires il ne faille employer que de légeres commotions & des étincelles qui ne foient pas trop fortes, en un mot une élec tricité que le malade Supporte aifément.

Je ne vois pas la raison pour laquelle quelques phyficiens veulent profcrire les com

motions & employer néanmoins des étincelles il n'y a pas de différence effentielle 'entre les unes & les autres; elle eft feulement du plus au moins. Une forte étincelle -& une foible commotion peuvent ne produire que la même impreffion. Les cinq méthodes d'électrifation dont nous avons parlé, 'font cinq degrés d'activité du fluide électrique. La méthode la plus douce eft le bain électrique; la diffipation du fluide fe fait infenfiblement dans toute l'étendue de l'atmofphere électrique qui environne le corps ifolé. L'électrifation par impreffion de fouffle vient ́enfuite dans l'ordre de la gradation; le fluide électrique fe diffipe dans une étendue proportionnée à la furface qu'on préfente au corps ifolé & électrifé il est déterminé à : paffer par une partie plutôt que par une autre, & cela en plus grande abondance. Dans l'électrifation par aigrettes, dans laquelle on préfente une pointe au corps électrifé, le fluide électrique a un courant qui fe meut avec plus de vîteffe que dans les manieres précédentes d'électrifer, & fon intensité eft plus grande.

Lorsqu'on électrife par étincelles, il y a plus d'intensité dans la rapidité & dans la denfité du fluide électrique; & ces étincelles peuvent être plus petites ou plus grandes gra

duellement. De fortes étincelles ne paroiffent pas différer effentiellement des commotions; car il eft bien prouvé que lorsqu'on augmente de beaucoup la longueur du conducteur d'une machine, en multipliant le nombre des feconds conducteurs, on reffent des commotions en tirant de fimples étincelles. Ces étincelles ayant alors la même densité & la même rapidité que l'étincelle qui s'élance d'une bouteille de Leyde, d'une furface fuppofée en rapport avec la grande furface en longueur des conducteurs que nous avons fuppofés, ces étincelles, dis-je, ne doivent point différer effentiellement de celle qui a lieu dans la commotion. On peut voir nos mémoires fur les tremblemens de terre dans lesquels nous avons rapporté les expériences de MM. le Monnier, Volta, &c. qui confirment ce que nous venons de dire fur l'augmentation de force des étincelles, lorfque la furface du conducteur eft augmentée, & fur la commotion qu'elles donnent dans cette circonstance. Mais, quoi qu'il en foit de cette raison qu'on ne fauroit contester, l'expérience & l'obfervation prouvent d'une maniere constante que les commotions ont été très-utiles dans la guérifon de beaucoup de maladies, & cette preuve paroît être fans replique,

S. V I.

De quelques autres manieres d'électrifer.

Ayant cherché depuis long-tems à approfondir, autant qu'il m'étoit poffible, le sujet préfent, & à le confidérer fous toutes fes faces, j'avois parlé dans ma premiere édition d'une fixieme méthode d'électrifer fans ifolement, qu'on peut employer pour des personnes extrêmement irritables. Elle confifte à placer deffous le conducteur de la machine électrique, ou deffous une tige de communication qui en faffe partie, la tête d'une perfonne,, fon épaule, fa main, &c., felon l'intention qu'on a d'établir le courant par une partie ou par une autre. Lorsqu'on électrifera, le fluide électrique entrant, par exemple, par la tête, fera tranfmis au corps humain, & après l'avoir trayerfé dans toute fa longueur, il s'écoulera dans la terre.

J'ai électrifé par cette méthode deux per fonnes dont les nerfs étoient de la plus grande irritabilité, non-feulement pour éprouver fi cette efpece d'électrifation feroit quelqu'impreffion particuliere fur leur fyftême nerveux, mais pour les guérir, l'une d'une palpitation de cœur dont elle étoit quelquefois affectée, l'autre d'une espece de friffon inter

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