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de douleurs violentes, quelques anciennes qu'elles puiffent être dans chaque partie du corps; cet auteur a eu des fuccès auffi éclatans que nombreux dans l'électricité médicale. Je fuis forcé d'abréger les articles fuivans, ce Mémoire n'étant déjà que trop long; mais comment pouvoir être court dans un fujet auffi vafte ! Une femme nommée Scibaldin, occupée depuis long-tems à fondre & à purifier du vieux plomb, eut une violente colique des peintres, avec des douleurs & des tremblemens dans tous les membres. Des purgatifs ordonnés par M. de Haën la guérirent; mais les tremblemens reparurent bientôt d'une maniere conftante. Ce favant médecin eut alors recours à l'électricité conjointement avec des pilules, des fumigations & des frictions fur l'abdomen & fur les membres affectés. Au bout de deux mois de traitement, elle fut parfaitement guérie ; & la guérison subsista jufqu'au tems où elle s'occupa de nouveau à fondre des métaux qui occafionna le retour de fon ancienne maladie. Pour en être délivrée elle eut encore recours à l'électricité (1).

ce

M. Gardane, docteur régent de la faculté de Paris, pense avec beaucoup de raison que

(1) Tome II, pag. 204.

l'électricité est très-falutaire pour la rachialgie, & fur-tout pour la colique des peintres. Ce médecin guérit, en juin 1764, par le moyen de l'électricité, un plombier qui, à la fuite de la colique des peintres, avoit fes bras & fes mains pendans, dans l'état de relâchement le plus complet. Chaque jour, il fut électrifé pendant une heure, & on lui donna cinq commotions dans les premiers jours: pendant les intervalles d'une fecouffe à l'autre, on tiroit de fortes étincelles de prefque tous les points des membres paralyfés; on fe borna enfuite aux étincelles.

Le feptieme jour & à la feptieme électrifation, le mouvement de fes doigts devint plus manifefte. Ce paralytique qui, la veille pouvoit à peine retenir un fil d'archal, dont la plus grande partie, pofoit fur le conducteur de la machine, foutint cette fois une barre de fer d'un demi-pouce de diametre, fur environ un pouce de longueur, & après l'électrisation un fauteuil de 15 à 18 livres. Depuis ce tems, on vit, chaque jour, fes mains de plus en plus fe dégourdir, ses mufcles fe contracter & fe relâcher à fon gré. « Enfin, dit M. Gardane, infenfiblement il fut en état de boire, de manger & de s'habiller fans l'aide de fa femme, lui qui jusques-là n'avoit pu fe paffer des plus petits

foins. La maigreur de fes membres difparut fans retour, ils redevinrent nerveux comme auparavant, les veines furent de plus en plus apparentes. Pour abréger, en vingt électrifations, c'est-à-dire, en moins d'un mois de tems, notre malade recouvra tellement l'ufage de fes bras & de fes mains, que craignant une rechûte, s'il retournoit travailler au plomb, dont il avoit fi fort à fe plaindre, il se mit à traîner un petit chariot de déménagement, qui lui fut donné par des perfonnes compatisfantes, qu'une curiofité charitable conduifoit à ces expériences. On fait que celui qui traîne ce chariot le charge également des meubles qu'il doit transporter, il faut être fort pour cet exercice; il n'y a donc qu'une guérison bien affermie qui ait pu mettre notre paralytique en état de soutenir des travaux de cette nature. »

On remarque dans le cours des électrifations, des phénomenes observés par d'autres auteurs, tels que l'accélération du pouls, les fueurs, le flux hémorrhoïdal & le dévoiement. M. Gardane fit à l'hôpital de la Charité de Paris, où l'on traite beaucoup de maladies de cette efpece, des recherches fur cette colique des peintres, qui ne lui paroît être produite que par le plomb, dont la pouffiere subtile, en s'introduifant dans les inteftins, deffeche la

mucofité de leurs parois, endurcit les excrémens, & devient le principe de cette compreffion qui en produit tous les fymptomes. De ces obfervations, il conclut judicieusement que fi l'électricité a produit des fueurs, & fur-tout un dévoiement dans le plombier paralytique, elle est très-appropriée à la colique faturnine, à la colique des peintres, &c. (1).

§. IV.

Du Rhumatisme.

Quant au rhumatisme, on ne peut guere douter que l'électricité ne foit très-propre à fa guérifon. Faifons taire tout raisonnement, pour n'écouter que l'expérience. M. de Sauvages a guéri plufieurs perfonnes attaquées de cette maladie, en n'employant que l'électricité: quo folo auxilio innumeros fanatos vidimus. La méthode qu'il fuivoit étoit celle d'une électrifation continuée pendant quelque tems, en tirant des étincelles du cou, & enfuite en donnant une feule commotion (2). L'abbé Adams a guéri par le moyen de l'électricité un grand nombre de

(1) Conjectures fur l'électricité médicale, avec des recherches fur la colique métallique. Paris, 1778.

(2) Nofolog. tom. II, pag. 9, 30, 698.

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malades; il en a traité près de deux cents en divers tems, avec beaucoup de fuccès, & a procuré la guérifon de plufieurs rhumatifmes, de plufieurs fciatiques. Zetzell a vu de très-bons effets de l'électricité dans un rhumatisme de cinq ans, qui avoit laiffé les membres perclus. Il obferve avec raison, qu'il ne faut tirer des étincelles que des muscles paralyfés, & non pas des antagoniftes , que l'on doit relâcher au contraire, par des vapeurs & des fomentations émollientes, & qu'il faut avoir foin de feconder l'électricité par l'ufage des remedes qui empêchent l'humeur de fe porter fur une autre partie; comme dans l'observation qu'il cite, dans laquelle la matiere mise en mouvement fe fixa fur les inteftins, où elle occafionna les douleurs les plus aiguës. Lovet ne l'a jamais vu réuffir dans les vieux rhumatifmes; mais il en a obtenu de trèsbons effets dans les récens : obfervation confirmée par M. de Sauffure. Van-Swieten cite un cas où une électrifation de trois mois n'eut aucun fuccès, il femble même en redouter les mauvais effets, par le tranfport de l'humeur morbifique fur une autre partie. M. Mauduit rapporte une obfervation bien encourageante. Un homme âgé de quaranteneuf ans étoit tourmenté depuis dix-fept

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