le verre, dont la furface eft brute & raboteuse, on a fait des globes & des plateaux de glace dépolis qui donnent une électricité négative. M. Speudler a très-bien réussi à Coppenhague: on peut voir fes lettres fur l'électricité, & ce qu'en dit auffi M. Wilcke (1). Les cylindres de bois bouillis dans l'huile de graine de lin, que le P. Ammerfin, minime a imaginés, électrifent pofitivement ou négativement, felon que le frottoir eft de foie ou de laine, &c. En général, il eft prouvé par les découvertes de MM. Canton Wilfon, Bergmann, &c. que les différentes especes d'électricités pofitive & négative, dépendent de la furface des corps électriques & de celle du frottoir.

5°. Mais fans avoir recours à un difque réfineux ni aux moyens précédens, on peut rendre négative une machine électrique ordinaire, comme celle de la figure 1, planche F. Il fuffit pour cet effet d'ôter les couffins L L, L, L, & d'en fubftituer d'autres qui foient ifolés, & d'ajouter enfuite au conducteur M une chaîne qui communique avec le réservoir commun, ainfi que nous le dirons plus bas.

6o. Pour rendre l'électrifation plus commode, on a imaginé des machines qui font

(*) Differtatio de electricitatibus contrariis.

à volonté pofitive & négative. M. Nairne en a exécuté une à globe, dont le couffin ou frottoir eft placé fur une colonne de verre. Elle a deux conducteurs, dont l'un communique avec le couffin & l'autre avec le globe. Lorsqu'on veut obtenir l'électricité négative, on place fur le conducteur mis devant le globe une chaîne qui touche le plancher. Pour avoir au contraire l'électricité pofitive, on n'a qu'à transporter la chaîne à l'autre conducteur (1).

7°. Depuis l'invention des machines électriques à plateau de verre, M. l'abbé Musnier, profeffeur de philofophie à Paris, présenta à l'académie des fciences une machine à difque ou plateau de glace, ayant quatre couffins fupportés par des colonnes de verre. Par ce moyen, il fe procuroit l'électricité négative, & enfuite l'électricité pofitive, lorfqu'il le jugeoit à propos, à peu près comme dans la machine précédente. Cette machine ayant paffé entre mes mains après la mort de M. l'abbé Mufnier, j'ai eu occafion de l'examiner de près. Un détail plus étendu feroit ici abfolument inutile. M. le Roi a fait enfuite à cette machine des changemens commodes, qui confiftent à faire supporter par un feul pilier de verre, deux couffins mobiles

(1) Œuvr, de Franklin, tom. I, pag. 3074

fur leur centre & foutenus par un reffort. Cet académicien en lut en 1772 la description dans la féance publique de la rentrée de Pâques (1).

8°. Cette machine représentée en perfpective dans la figure 25, planche III, eft d'une conftruction très-fimple & a le plus grand rapport avec celle de la figure 1. Sur une tablette A, A s'élevent deux montans perpendiculaires; C, Ceft l'axe de la machine, mené par la manivelle D; E, G représente la colonne de verre qui fert à fupporter les Couffins & à les ifoler: cette colonne eft terminée en bas vers E par une forte virole dans laquelle elle est mastiquée & qui tient à la table. En G on voit un couronnement dont la principale fonction eft de porter un reffort en demi-cercle, aux extrémités duquel font les deux couffins H, circulaires & mobiles fur leur centre; il n'y en a qu'un qui puiffe paroître dans la figure. On détermine par le moyen de deux vis le degré de preffion de ces couffins, contre la glace I, F, K qui étant percée dans fon centre reçoit l'axe C, C auquel font deux platines (comme dans la figure 2, de la planche I); en L on voit

(2) Mémoires de l'Acad. des Sciences, 1772, prem, partię pag. 502,

un fupport en confole qui foutient le prolongement de l'axe, prolongement fait pour éloigner fuffifamment la manivelle de la glace; en N eft le conducteur négatif qui communique avec les couffins H par une chaîne ou petite tige, ou de quelqu'autre maniere ; en P eft le conducteur pofitif: l'une & l'autre font ifolés par des colonnes de verre ou par des cordons de foie. Il vaut mieux préférer le premier moyen; dans la figure on a employé le second, feulement pour la diftinction des figures.

Pour avoir l'électricité négative, on mettra une chaîne fur le conducteur P, qui ne communique point avec les couffins, mais feulement avec la glace; nous pouvons le nommer conducteur pofitif. Cette chaîne doit être affez longue pour traîner fur la terre: cette condition eft effentielle. Dès que le plateau de verre fera mis en jeu par le moyen de la manivelle on obtiendra l'électricité négative du conducteur négatif; car le plateau de verre étant frotté par les couffins, c'est une néceffité qu'il abforbe ou pompe, fi l'on veut, le fluide électrique de ces derniers. Les couffins étant en contact avec le conducteur N que nous nommons conducteur négatif, lui enleveront le fluide électrique qu'il contient, pour le perdre à leur tour.

Ainfi les couffins & le conducteur ayant perdu leur fluide électrique, & ne pouvant en recouvrer de nouveau pour réparer leur perte, ils restent toujours dans un état de privation, parce qu'à caufe de leur ifolement, ils ne communiquent point avec les corps environnans & ne peuvent en recevoir du fluide électrique non plus que du réservoir

commun.

Si on veut au contraire obtenir l'électricité pofitive, il fuffira d'ôter la chaîne qu'on a mife fur le conducteur pofitif P & de la tranfporter aux couffins ou au conducteur négatif N. Lorsque la machine fera en action, fi on approche la main ou l'excitateur du conducteur pofitif P, on verra une étincelle pofitive qui s'élancera de ce conducteur fur la main. Dans le cas précédent, on voyoit au contraire une étincelle dont la direction étoit oppofée & qui s'élançoit de la main au conducteur négatif.

En fe fervant donc alternativement des 'deux conducteurs, ainfi que nous l'avons écrit, on pourra faire fucceffivement & trèscommodément toutes les expériences qui appartiennent à l'électricité pofitive & à l'électricité négative; on pourra faire encore toutes celles qui font relatives à la combinaifon de ces deux électricités; v. g. on char