rable (1). Telle eft la caufe pour laquelle on n'a pas un grand nombre de guérisons à citer dans différentes efpeces de maladies. Mais on ofe le dire, dès que les machines électriques négatives feront auffi communes que celles qui font pofitives; qu'on aura autant répété & multiplié les expériences de l'électricité négative, qu'on a multiplié celles qui font relatives à l'électricité pofitive, alors on verra des fuccès auffi nombreux de part & d'autre. Qu'on fe rappelle qu'il y a quarante ans environ que les plus grands phyciens & médecins conteftoient l'efficacité de l'électricité pofitive même dans la paralyfie; que par le défaut d'une bonne méthode, par celui de la conftance dans les opérations & du choix dans les fujets, des expériences tentées plufieurs fois par les plus habiles ne réuffirent point; qu'il a fallu ce long espace de tems pour détruire les contradictions; qu'on fe rappelle toutes ces chofes,

(1) Un médecin diftingué, qui a fait beaucoup d'expériences électriques, m'écrivoit en dernier lieu ceci, en me témoignant fes regrets de ne s'être pas appliqué à l'électricité négative: « Je vous avouerai même que je n'ai pas cherché à la mettre à l'épreuve fur ce que M...... m'a eu écrit...... J'ai cependant appris depuis que quelques médecins électrifans l'avoient employée avec fuccès; ce qui me détermine à faifir la premiere occafion de répéter leurs expériences. Lorsque j'aurai réalisé ce projet, je vous ferai part des résultats. »

&

& on aura moins de peine à concevoir qu'un jour viendra où l'électricité négative aura autant de partisans que l'électricité positive, quoiqu'elle en ait moins actuellement. Ajou tons à cela que la théorie de l'électricité négative eft plus difficile à concevoir pour le grand nombre qui n'eft pas familiarifé avec elle; c'eft pourquoi nous avons cru à propos de la préfenter dans tout fon jour & avec toute l'étendue néceffaire.

Mais, quoi qu'il en foit de l'avenir, l'électricité négative a des avantages très-grands dont on ne fauroit difconvenir. Dans plufeurs cas elle peut guérir, & a réellement guéri comme l'électricité pofitive; car elle a des propriétés communes avec elle, ainfi que nous l'avons prouvé. De plus, toutes chofes égales dans un même conducteur ou dans des conducteurs parfaitement égaux, les étincelles de l'électricité négative font plus fortes & plus efficaces que celles de l'électricité pofitive; découverte que j'ai faite dès l'année 1770, comme on peut le voir dans le Journal des Savans de la même année, pag. 487, & dans l'électricité du corps humain, pag. 410 de la premiere édition. J'y dis en propres termes : « Et pour exciter de plus fortes étincelles, je fis tenir le conducteur avec la main par une personne qui Tome II T

communiquoit avec le plancher ; & une autre perfonne ifolée qui fervoit de frottoir, tiroit les étincelles de la dent ». Voyez encore le chapitre premier de la troifieme partie de cette nouvelle édition. M. Nairne dans la description de fa nouvelle machine pofitive & négative, imprimée en 1784, & que nous avons citée plus haut, dit auffi (pag. 60) la même chose. « L'étincelle tirée par un conducteur dans un état négatif, eft beaucoup. plus piquante que l'étincelle tirée d'un conducteur de pareille grandeur, dans un état égal mais pofitif. » Ajoutons encore aux avantages précédens que l'électricité négative,

par

fes propriétés particulieres & diftinctives, a eu des fuccès décififs, ainfi que Patteftent non-feulement mes propres expériences, mais encore celles de divers autres phyficiens & médecins dont on a vu les preuves & les détails dans tout le cours de ce traité.

CHAPITRE V.

Des méthodes employées par les principaux élec

triciens.

APRÈS avoir traité des méthodes générales d'électrifer & des moyens particuliers qu'on doit employer dans quelques circonstances; moyens que nous avons développés en plu fieurs endroits, & fur-tout dans les maladies refpectives auxquelles ils étoient appropriés; objet que nous avons rempli dans la plus grande étendue dans les quatre chapitres précédens, & dans toute la feconde section de la feconde partie, en faifant l'énumération des différentes maladies guéries par l'électricité; nous avons penfé qu'il feroit utile de donner un précis des méthodes fuivies par plufieurs auteurs.

M. Jallabert électrifa pendant environ deux mois le paralytique de Geneve dont il procura la guérifon. Il tiroit de fréquentes étiné celles des muscles, & lui faifoit éprouver de fortes commotions. Nous avons rapporté le journal de fes opérations dans le chapi tre VI de la fection deuxieme de cette feconde partie; on y voit le détail de fa méthode.

M. de Sauvages électrifoit par bain fes

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J

malades pendant une demi-heure: de tems en tems on tiroit des étincelles & enfuite on donnoit des commotions partagées (1). Il a enfuite, le premier, confeillé de se borner aux étincelles, ayant obfervé qu'un malade électrifé par commotion, avoit eu pendant la nuit des diarrhées & un malaife.

·

M. de Haën qui, pendant l'année 1758, guérit par l'électricité plufieurs paralytiques, un grand nombre de doreurs fur métaux, affectés de tremblemens confidérables partout le corps, & divers autres malades, les électrifoit pendant plufieurs mois durant trois quarts d'heures chaque jour. M. de Haën, avant & après les féances électriques, faifoit frotter les membres paralyfés avec des linges ou de la flanelle imprégnés de la vapeur du karabé qu'on avoit projeté en poudre fur des charbons. Pendant chaque féance il leur a fait éprouver trois cents cinquante commotions électriques, & la machine n'eut jamais plus de force que dans ce tems. Semper fcilicet tribus hora quadrantibus: quo quidem tempore manibus invicem juncti tercentos & quinquaginta idus fuftinere folent (2).

M. Sigaud de la Fond a électrifé fes malades pendant une heure & demie, & quel

(1) Lettre à M. Bruhier,

(2) Ratio medendi, tom. I, part. III, chap. V, pag. 372