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foit bien démontré. Toutes les fois que des découvertes ont été faites, on a vu des contradictions s'élever; l'hiftoire de l'électricité appliquée à la paralyfie nous en fournit un exemple qui a le mérite de ne pas être étranger à notre fujet. Long-tems on a vu des perfonnes qui n'avoient pas eu des fuccès, contefter les guérisons qui avoient été opérées; on en voit même encore de telles dans la fociété, malgré l'évidence des faits.

Le grand nombre de maladies qui ont été guéries par l'électricité feule, ou par l'électricité combinée avec les remedes, l'a fait regarder comme une partie de la matiere médicale. M. de Haën affure qu'ayant électrifé pendant fix ans dans l'hôpital de Vienne, il a toujours eu des raifons de fe confirmer dans le fentiment que l'électricité doit être placée parmi les premiers remedes de l'art, & qu'elle a produit dans plufieurs maladies des foulagemens & des guérifons entieres, qu'on n'auroit pu procurer par aucun remede de l'art, ce que l'expérience de tous les jours prouve. Electricitatem fexto jam anno in hoc Nofocomio profecutus, eam mihi fententiam annuatim firmiorem gaudeo, quòd inter præftantiffima artis auxilia jure referenda fit: licet enim multis fruftrà adplicetur, pluribus tamen cam five emendationem mali, five integram

curationem conferre, quam nullo alio auxilio ars præftare potuiffet, in dies teftatiùs redditur (1). C'est pourquoi, il est maintenant hors de doute que l'électricité eft une partie confidérable de la matiere médicale, & c'est le fentiment des plus célebres médecins nationnaux & étrangers. Les guérifons multipliées que les premiers opérerent par l'électricité , parurent d'autant plus furprenantes qu'on s'y attendoit moins ; & c'est ce qui porta un des hiftoriens de l'électricité à s'écrier dans une espece de tranfport: Divine & toute puiffante vertu de l'électricité! L'enthoufiafme eft bien permis quand il eft infpiré par

l'humanité.

L'électricité doit être comptée parmi les remedes (2) de l'art, fi des maladies ont été guéries par ce feul fecours, après avoir auparavant employé inutilement tous les

(1) Ratio medendi, tom. II, pag. 198:

(2) A Toulouse, par exemple, sur cent neuf malades, il y en a eu fept pour lesquels l'électricité a été fans effet, trente neuf qu'elle a guéris, foixante-fix qu'elle a confidérablement foulagés, & onze ont été traités fous les yeux de l'Académie: « Quel est le remede connu, dit un habile médecin, le remede connu dont on puiffe dire qu'il a terminé près des deux cinquiemes de maladies, par des cures que nul effort de l'art ni de la nature n'a pu opérer, & procurer aux autres des foulagemens qui ne different des guérifons complettes que par de légeres nuances, » Hiftoire de l'Académie des Sciences de Touloufe. Tome II. :

autres remedes ufités; fi quelquefois en l'affociant aux remedes ordinaires, ceux-ci en ont reçu une vertu capable de procurer la guérison de certaines maladies rebelles auparavant à ces deux moyens employés féparément. Or, c'est ce qui confte par le grand nombre d'observations rapportées dans le cours de cet ouvrage.

Envain, objecteroit-on que l'électricité dans plufieurs occafions n'a pas guéri, mais a feulement procuré du foulagement, que dans d'autres elle n'a eu aucun fuccès: car quel eft le remede qui foit doué d'une efficacité abfolue & dans toutes les circonftances? Ne fait-on pas que plufieurs remedes regardés comme de vrais fpécifiques dans certaines maladies, manquent fouvent de produire leur effet? Le quinquina, par exemple, guérit-il toujours les fievres? S'il ne falloit regarder comme remedes que ceux qui produisent conftamment la cure des maladies, il n'y en a aucun qui pût mériter ce nom. Je veux même accorder pour un moment que l'électricité n'eût jamais guéri de maux, mais les eût feulement foulagés, il faudroit encore employer ce fecours précieux.

Mais il ne faut pas toujours accufer l'électricité dans les circonftances où elle ne procure pas la guérison des maladies pour

lesquelles on avoit cru devoir l'employer; cela peut venir de la mauvaise (1) méthode qu'on fuit, ou de l'impatience des malades & des électriciens qui fe dégoûtent trop tôt: pour obtenir du fuccès, il faut beaucoup de perfévérance. M. de Haën dit, que s'il a produit par l'électricité, un fi grand nombre de guérisons éclatantes, c'est qu'il eft rare de trouver comme lui une multitude de malades qui aient eu autant de conftance; & il ajoute : Si mei agri patientiam habeant fuftinendi, ego habeo adplicandi, utque perfeverent adhortandi. Nifi utrinque ita actum fuiffe, multos egregios effectus nec non mirabundi vidiffemus, nec calamitofum hoc hominum genus gavifum fuiffe. Præterquàm quod in his, & in cæteris omnibus, maximoperè juvet laborum conftantia, ut demùm arctiores cognofcamus, quos inter coarctemur, medendi limites (2). Souvent on feroit tenté d'abandonner l'électrifation, parce qu'elle ne produit aucun effet

"

(1) C'est vraisemblablement au défaut d'une méthode affez efficace qu'il faut attribuer le peu de fuccès que les Anglois ont eu dans le traitement de la paralyfie, qui réuffit fi bien dans les autres contrées de l'Europe. Ils électrifent avec une pointe de bois, & enfuite par étincelles feulement pendant environ cinq minutes par jour. En Allemagne & en France l'électrifation eft beaucoup plus longue, l'action de l'électricité eft plus forte & plus vive; auffi les fuccès ont-ils toujours été plus nombreux & plus complets.

(2) Ratio medendi, tom, I, pag. 401.

fenfible

fenfible pendant un tems confidérable, mais en perfévérant on obtient un fuccès confo→ lant. M. de Haën rapporte que le nommé Koeftler, paralytique, fut électrifé pendant quatre mois, tous les jours, fans qu'on remarquât aucun effet notable. Cependant au cinquieme mois, la guérison fit de grands progrès (1). Un matelot nommé Griftch, après une fievre tierce, devint peu à peu paralytique de tous fes membres : on lui adminiftra des remedes, on l'électrifa tous les jours pendant trois mois, fans appercevoir le moindre amendement ; ce ne fut qu'à la fin du quatrieme mois, que le fuccès de la guérison fut incroyable, & fut tel qu'il put reprendre l'exercice de fa profeffion. Finiente feptembri emendatio tanta, ut vix fit credibile... ut iterum fungatur officio fuo. Dans l'ouvrage de ce favant, on trouvera plusieurs autres exemples de ce genre. Il dit, dans un autre endroit, qu'il a trouvé un ou deux malades à qui l'électricité, adminiftrée pendant fix mois entiers, ne procura aucun foulagement; mais en continuant avec opiniâ treté ou plutôt avec conftance, on obtint les heureux effets qu'on avoit droit d'attendre. Avec moins de patience, on auroit regardé

· (1) Ratio medendi, tọm. I, pag. 386. Tome II,

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