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de fer arrondie par fes deux bouts, nonfeulement elle étincelle par l'extrémité qui regarde le conducteur, mais encore par l'autre extrémité fi on lui préfente le doigt; & que les feux font plus vifs, lorfque la barre métallique eft placée fur du verre épais. Cela fuppofé, fi la perfonne eft électrisée, & qu'on préfente à une petite distance de fa dent, un barreau de métal ainfi préparé à l'autre bout duquel on préfentera, v. g., le doigt, l'étincelle doit éclater entre la dent & la verge de fer; la feule incommodité eft de tenir la bouche ouverte pendant quelque

tems.

Les académiciens curieux de la nature au rapport de M. Louis, parlent d'une odontalgie qui fut guérie par un fouffet que reçut la perfonne fouffrante. Si le fimple coup eft quelquefois un remede, ne pourroit-on pas dire que la commotion électrique dont on connoît la force, fera un remede bien plus efficace, & qu'on pourra être guéri fans injure.

On me permettra de hafarder ici une conjecture: c'est qu'il fuffit même quelquefois d'être électrifé à la maniere ordinaire, ou d'être préfent à l'électricité, pour être guéri des douleurs de dents; mais cet effet fera long. Ce qui me le fait penfer, c'eft que depuis

que j'ai commencé à faire différentes expériences fur l'électricité, long-tems avant d'avoir imaginé de guérir le mal de dents par ce moyen, des douleurs aiguës que j'avois fouffertes, fe font entiérement diffipées. Mais, je l'ai dit, ce n'est qu'une conjecture que je donne en paffant. Ceux qui connoiffent l'électricité n'auront pas de peine à la regarder comme plaufible, après que M. l'abbé Nollet a prouvé dans fes recherches, par des expériences pénibles & affidues, qu'on augmente la transpiration des animaux feulement, en les plaçant auprès des corps qu'on électrife.

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que

Quoique je n'aie eu prefque que des fuccès, je fuis bien éloigné de croire l'électricité foit un remede efficace dans tous les cas, fans aucune exception : les remedes de l'art, & ceux même de la nature, ne font point tels. La diverfité des tempéramens, le vice des organes, l'altération des fluides du corps humain, une complication des causes inconnues, que fais-je ? peuvent s'opposer aux efforts des remedes, & faire renaître le mal dompté.

Les phyficiens ne feront point furpris de cette nouvelle propriété de l'électricité, il y a long-tems qu'ils font accoutumés aux prodiges fans nombre qu'elle enfante: ce font

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eux feulement à qui j'ai voulu faire connoître cette découverte ; car je n'ai point la triste envie de perfuader ceux qui ignorent les sciences, ou, ce qui eft encore pis, ceux qui n'en ont qu'une teinture fuperficielle : & je fuis plus flatté de la fatisfaction d'être utile à quelques victimes infortunées , que de la ftérile gloire d'avoir, le premier, imaginé & appliqué ce nouveu remede.

On fait d'ailleurs que M. Glarick, médecin de Gottingue, & M. d'Arquier, un des favans de Touloufe, ont prouvé, par leurs expériences, que l'aimant avoit la propriété de guérir le mal de dents: & ceux qui connoiffent l'électricité, n'ignorent point quelle différence il y a entre le magnétifme & l'électricité, quant à l'énergie des effets. Ce fera donc un fecond moyen de guérison; fi tel mal ne peut être furmonté par un de ces remedes il peut être anéanti par l'autre.

J'étois bien éloigné de faire connoître au public un effai en ce genre: mais ayant lu ce Mémoire dans une féance de l'académie - de Beziers, on m'a engagé à vaincre ma répugnance, en me faisant entrevoir que ce feroit un crime de lefe-humanité que d'en agir autrement. J'ai auffi remis à M. Bouillet, fecrétaire perpétuel de notre académie, les

certificats & pieces authentiques des différentes guérisons que j'ai opérées par l'électricité.

M. Gardini, célebre médecin d'Italie, & ami de l'illuftre pere Beccaria, a cité la differtation précédente, en preuve de ce qu'il avançoit fur cette matiere, dans fon Mémoire qui a également été couronné, & je fuis enchanté de faifir l'occafion qui fe préfente de donner un témoignage public de mon estime à un favant auffi diftingué par fes profondes connoiffances.

CHAPITRE II.'

De l'électricité appliquée à la cécité

IL eft une portion du

eft une portion du genre humain condamnée à une obfcurité éternelle, & à qui le bienfait de la lumiere eft inconnu, heureuse fans doute dans fon infortune, de n'en pas connoître le prix ! Mais il en eft d'autres plus malheureux encore à mon avis, qui, après avoir joui du fpectacle de l'univers, s'en voient privés pour jamais, & font d'autant plus à plaindre dans leur trifte privation, qu'ils connoiffent toute l'étendue du bien qui leur est ravi, & que le doux espoir

donné aux mortels leur eft pour toujours en levé. Je n'ai jamais porté mes regards fans émotion & fans attendriffement fur ces victimes infortunées, & l'humanité m'a inspiré un nouveau moyen de les arracher à leur déplorable fituation. Quelques expériences tentées, & toutes les vraisemblances font en fa faveur, puiffe-t-il être en effet auffi efficace qu'il paroît devoir l'être!

La cécité réfulte d'une cataracte, d'un glau come, ou d'une goutte fereine. Les anciens croyoient que la cataracte étoit une pellicule qui, flottant dans l'humeur aqueufe de l'œil, interceptoit les rayons de lumiere, & les empêchoit de porter leur impreffion fur la rétine. Les modernes pensent avec plus de raifon, que la cataracte n'eft autre chofe que le crystallin même, qui, étant condensé, a perdu fa transparence. Cependant M. Littre & M. de la Peyronie étoient dans le fentiment qu'il peut y avoir, & qu'il y a même quelquefois des cataractes membraneuses.

Selon les modernes, tels que Heister & les plus favans oculistes de nos jours, le glaucome eft un vice du corps vitré, qui eft devenu opaque de tranfparent qu'il étoit'; enforte que l'épaiffiffement de l'humeur contenue dans les cellules de ce corps, le rend disposé à réfléchir les rayons de lumiere qui

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