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qui avoient une espece de mouvement; il quitta même fa canne une partie de ce jour, par enthousiasme.

Le foir à fept heures, il fut encore électrifé les phénomenes furent les mêmes, excepté qu'il compara l'impreffion des étincelles fur fon organe à celle d'un dard, c'eft fon terme, & que les eaux ne coulerent point cette nuit, mais feulement quelques larmes pendant l'opération : toute la nuit il eut un mal de tête.

A une heure après midi, le 3, il sentit, pendant l'électrifation , une chaleur dans l'œil & à la paupiere, & un mal de tête qui dura quelque tems après l'opération. La nuit, le mal de tête recommença ; & le lendemain fes yeux pouvoient encore moins fupporter les regards du foleil; ce qu'on doit attribuer à la fenfibilité de l'organe qui commençoit à fe rétablir par le fecours de l'électricité. Il vit encore des ombres & des nuages, comme dans les commencemens.

Un voyage que je fus obligé de faire les jours fuivans, fufpendit les opérations que j'avois intention de reprendre. Quelque-tems après mon départ, le fieur F. qui, depuis plus de douze ans n'avoit point mangé de coquillages, en mangea beaucoup, auffi bien que des crabes, fquilles, lango uftes & autres

cruftacées, dont la pêche fut abondante pendant quelques jours. Il en eut une indigestion affez forte: on ne pouvoit s'empêcher d'attribuer cette incommodité paffagere à des alimens auffi difficiles à digérer que l'étoient ceux qu'il avoit pris, fur-tout dans un eftomac peu accoutumé à cette nourriture, & particuliérement pour un homme qui, par la nature de fon infirmité, faifoit peu d'exercice, & qui, fuivant trop l'impulfion du plaifir qu'excite un mets délicieux & longtems defiré, excéda dans la jufte quantité que la nature nous prefcrit.

Une perfonne que je m'abftiens de qualifier, ne voulut point faire attention à ces raisons fi naturelles, & ne connoiffant certainement de l'électricité que le nom feul, défendit au malade de fe laiffer électrifer à l'avenir; lui ajoutant qu'il ne falloit pas chercher ailleurs la caufe de fon indigestion; que s'il continuoit, il pourroit avoir quelque dangereufe maladie; que l'électricité, la vérité, pourroit peut-être lui rendre la vue, mais que fi elle ne produisoit cet effet, inévitablement elle lui procureroit une maladie dont il ne pourroit échapper. J'ai honte de rapporter ici le langage de l'ignorance.

à

J'ignore fi l'impreffion du vice eft plus

profonde que celle que fait la vertu, mais je fais affez bien que la voix de l'erreur l'emporte de beaucoup fur celle de la vérité, & retentit avec bien plus de fuccès dans l'ame du vulgaire : auffi notre aveugle fut-il d'abord ébranlé & enfuite perfuadé par les raisonnemens de l'ineptie. A mon retour on ne manqua pas de m'en avertir, mais il ne put être diffuadé. J'abandonnai d'autant plus volontiers mon entreprise, que je devois bientôt repartir, & que je pensai, que pour une plus grande apparence de fuccès, il faudroit une cécité récente; qu'il en étoit peut-être de même pour cette maladie que pour la paralyfie qu'on venoit à bout de guérir affez infailliblement, lorsqu'elle n'étoit furvenue que depuis peu de mois comme on l'avoit prouvé à Perpignan; tandis qu'au contraire, l'aveugle que j'avois électrifé, étoit dans cet état depuis plus de onze ans. J'ai cependant du regret de n'avoir pu continuer encore quelque tems à l'électrifer; ces nuages, ces toiles, ces ombres cette fenfibilité à la lumiere du foleil étoient d'heureux préfages de ce qu'on pouvoit espérer. Lorsque j'aurai une occafion favorable, je ne manquerai pas de reprendre cette épreuve.

Mais préfentement que l'électricité médi

cale femble se ranimer, & qu'un phyficien de province a été appelé dans la capitale, pour conftater plus folemnellement la vertu de l'électricité, je m'estimerois fort heureux, fi les raifons que j'ai apportées, les observations & les expériences que j'ai faites, & les commencemens, ou fi l'on veut, les apparences du fuccès, pouvoient l'engager, ou quelqu'autre, à fuivre ce qu'on n'a pu qu'entreprendre. Dans le grand nombre d'aveugles qui font à Paris, on pourroit trouver des fujets choifis qu'il eft difficile de rencontrer dans les villes de province, & on n'opéreroit que fur ceux qui le font devenus depuis environ trois mois.

CHAPITRE IV.

De l'influence particuliere de l'électricité atmof phérique fur certaines maladies.

DANS le cours de cet ouvrage on a dû

voir des obfervations & des preuves certaines qui établiffoient, de la maniere la moins équivoque, l'influence générale de l'électricité de l'atmosphere fur le corps

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humain, foit qu'on le confidere dans l'état de fanté, foit dans celui de maladie. Cette action perpétuelle & variable du fluide électrique de cette maffe d'air qui nous environne, produit dans le corps humain des effets fenfibles qui font exactement en rapport avec elle; de telle forte, qu'avec une certaine habitude d'obferver, on peut, par l'état du corps humain malade ou en santé, deviner quelle est la constitution actuelle de l'électricité de l'atmosphere, & réciproquement. Plein de cette idée, j'ai examiné depuis long-tems quel étoit l'état de l'électricité de l'air, pour le comparer aux changemens qui furvenoient dans les maladies & aux altérations qu'éprouvoit la fanté des perfonnes qui fe portoient bien, & j'ai toujours obfervé des variations correspondantes.

On connoît le fyftême de l'illuftre M. Toaldo, fur la correfpondance de la période des années féches & humides, avec la période des noeuds & de l'apogée de la lune, & fur la probabilité des changemens de tems par les points lunaires. J'ai fait des obfervations fuivies fur ce fujet, & j'ai toujours eu la fatisfaction de voir qu'elles en confirmoient admirablement la vérité; je dois même déclarer en faveur de la juftice, que les rapports de probabilité que j'ai trouvés, font

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