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falloit faire concourir d'autres remedes avec l'électricité. Bohadfch a rendu les forces à un goutteux, privé de l'usage de ses membres (1). M. Mauduit a opéré la cure d'un homme qui depuis neuf mois avoit une attaque de goutte qui lui avoit laiffé des nodus dans les articulations & un gonflement dans les genoux avec de vives douleurs. Il marchoit avec beaucoup de peine & ne pouvoit travailler. On l'électrifa pendant deux mois & demi, une fois par jour; les nodus fe diffiperent, les douleurs fe calmerent, les mouvemens revinrent, il marcha librement & put exercer fon métier de cordonnier. Dix-huit mois après la fin du traitement, il n'avoit pas eu de nouvelles attaques (2).

Long-tems auparavant, M. Quelmalz avoit guéri par la commotion électrique, un homme de quarante ans qui avoit la goutte avec une tumeur au carpe. J'avois il y a deux mois, une douleur de goutte au pied gauche; l'électrisation en deux fois me foulagea totalement pour un mois, dit M. de Sauvages je boitois de nouveau un mois. après; autre électrifation qui me diffipa la douleur, & chaque fois une fueur vifqueufe

(1) De utilitate electrifationis in arte med.

(2) Mém. de la Soc.de Méd. tom. II, pag. 356.

fortoit de la partie malade, & duroit jufqu'au lendemain. J'en ai vu beaucoup d'autres exemples (1). M. Cavallo dit auffi que la goutte a été guérie par l'électricité, & qu'en général elle diminue les douleurs; il confeille l'électrisation par aigrettes, en employant des pointes de bois ou de métal.

On fera moins étonné de la vertu qu'a l’électricité de guérir les rhumatismes, la sciatique & la goutte, lorfqu'on fe rappellera que M. de Réaumur a dit, que les peuples d'Abyffinie, guériffoient différentes especes de gouttes, en employant les commotions de la torpille.

Dans le prurit qui dépend de l'acrimonie de l'humeur muqueufe, dont la fécrétion fe fait dans les glandes fébacées; dans la catarre bénigne, qui fouvent tire fon origine de la matiere de la tranfpiration repercutée; & dans les autres douleurs vagues qui font contenues dans cette feptieme claffe, on obtiendra un fuccès d'autant plus sûr que l'électricité augmentant la tranfpiration & les fueurs, accélérant le mouvement des fluides, diffipera les humeurs qui font fouvent les caufes de ces maladies dolorifiques.

Pour la fciatique, la goutte & les autres

(1) Lettre fur l'électr, méd. à M. Morand.

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maladies analogues, on doit employer les mêmes méthodes qui ont été décrites à l'article du rhumatifme, & dans le cours de l'article présent où on a vu les divers moyens dont fe font fervis divers électriciens. Les étincelles & les commotions ayant réuffi, on peut, felon le tempérament du fujet, les employer; l'électricité par bain, par impreffion de fouffle & par aigrettes étant très-propre à expulfer au-dehors & par gradation la matiere morbifique, on doit les employer fucceffivement, avec d'autant plus de confiance qu'elles excitent la transpiration, une fueur vifqueufe, au rapport de M. de Sauvages, & que le fuccès les a couronnées. Les remedes de l'art ne doivent pas non plus être négligés, leur concours ne peut qu'affurer & accélérer l'effet.

M. de Haën a éprouvé que l'électricité étoit très-efficace pour les calculeux. Unhomme de 56 ans, qui, depuis 19 ans étoit fujet à la néphralgie, éprouvoit de grandes douleurs dans les reins & dans le périnée, & de plus, avoit rendu plufieurs fois de petits calculs par les urines. Un des derniers calculs s'étoit arrêté pendant quatre jours dans l'urethre; le mouvement d'une voiture le lui fit enfuite rendre avec une quantité énorme d'urine. Après cela il devint para

lytique du côté gauche; mais quatre jours après avoir été électrifé, 'il fentit un nouveau calcul qui fe détachoit des reins, lequel, pouffé enfuite dans l'urethre, en fortit bientôt; tandis qu'auparavant il avoit coutume de fouffrir des douleurs violentes pendant trois ou quatre jours, pour rendre ces fortes de calculs. Cùm nec doluit deinde, nec calculus ultra excrevit, &c. (1). MM. Linnæus & Zetzell qui firent à Upfal, pendant deux ans, des expériences fur l'électricité médicale, difent que « on a vu des gens qui, » pendant le traitement électrique, ont fenti » la néceffité d'uriner fouvent. »

Une feule électrifation a guéri pour quelques jours les douleurs d'un ancien éreintement ou lumbago; on fait que c'est une douleur dans les lombes, qui empêche que le corps ne puiffe fe dreffer. Le fujet de cette observation eft un homme d'environ 60 ans, qui fouffroit cruellement d'un ancien lumbago. On tira pendant plus d'une heure de fortes étincelles du facrum, des muscles facrolombaires, &c. qui étoient le principal fiege de la douleur, & on donna dans ces parties plufieurs commotions dont l'effet fut de rougir

(1) Ratio medendi, tom. II, part. IV, chap. VIII, pag. 201

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& de bourfoufler la peau, comme on le remarque dans les finapifmes. La douleur difparut, & le malade s'en retourna en marchant très-librement. Cependant comme la perfonne ne fe fit pas électrifer de nouveau, ainfi qu'on le lui avoit recommandé, les douleurs au bout de quelque-tems fe renouvellerent.

Il eft prudent, dans plufieurs cas de cette efpece, de combattre par des remedes internes Phumeur qui caufe les douleurs. On les a vues quelquefois reparoître à différentes reprises, ce qui prouve qu'elles avoient été. plutôt fufpendues que guéries, la matiere morbifique n'ayant point été chaffée à l'extérieur. On a vu des obfervations de ce genre dans l'hôpital d'Upfal, & quelquefois même on a obfervé, ainfi que nous l'avons déjà dit, foit dans la fciatique, le rhumatifme, & les douleurs articulaires que des fymptomes fâcheux réfultoient du déplacement. de l'humeur, lefquels difparoiffoient, lorf que celle-ci fe jetoit fur les articulations. Il auroit été à fouhaiter que les auteurs qui ont rapporté ces dernieres observations les euffent caractérisées d'une maniere particuliere, afin qu'on diftinguât plus facilement ces cas, de ceux dans lefquels d'autres électriciens n'ont obfervé que des fuccès : la science y eût infiniment gagné,

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