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froid & 789 de chaleur. Or, personne n'ignore que, dans les tems froids, l'électricité naturelle & l'électricité artificielle ont plus d'énergie, de même que lorsque le vent du nord regne ainfi dans ces deux circonftances, le nombre des conceptions & celui des naiffances doivent être plus confidérables, comme l'obfervation le prouve. On fait que dans les pays du nord, où le froid & l'électricité regnent habituellement avec plus de force, la population y a toujours été plus grande que dans les autres contrées. Le Canada, malgré la rigueur d'un froid long & violent,eft très-propre à donner & à conferver la vie. Les meres y font d'une fécondité merveilleufe, & la vieilleffe s'y prolonge communément fans infirmités. Les hommes & tous les animaux (1) font plus beaux, plus grands, plus forts dans les pays froids que dans les pays chauds ; & fi ceuxlà font tranfportés dans ces dernieres contrées, ils dégénerent. Les irruptions fréquentes & les armées nombreuses qui ont autrefois défolé & envahi l'Europe, prouvent démonftrativement cette grande population des pays feptentrionaux & justifient ce que Jornandès a dit du nord, qu'il étoit la pépiniere du genre humain.

(1) Les plus grands animaux marins font dans la Zone glas tiale, &c.

CHAPITRE V.

De la commotion électrique fur divers animaux. DANS le cours de cet ouvrage nous avons rapporté plufieurs expériences curieufes fur divers animaux auxquels on avoit donné des commotions électriques plus ou moins fortes. Dans le chapitre second de la troifiemepartie on a vu celles que nous avons faites fur des oifeaux relativement à l'électricité appliquée à la cécité. A l'article des afphixies on en a fait connoître quelques-unes qui étoient très – intéressantes, &c. &c. Les expériences de M. le prince de Gallitzin, de MM. Huffeland, Abildgaard, &c. méritent l'attention des phyficiens. C'est par cette raison que nous rapporterons ici celles qu'on lit dans les mémoires de l'académie de Dijon, année 1785 (1).

Des hirondelles, à travers la tête defquelles on a fait paffer la commotion au degré d'une ligne à l'électrometre de M. Lane, n'ont eu aucun mal. La charge depuis trois lignes jufqu'à cinq les a tuées fur le champ, ou elles ont langui pendant quelques heures & font mortes. On en a cependant vu une qui n'é

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prouva aucun accident quoiqu'on lui fit reffentir fix commotions à cinq lignes.

Des pigeons de force égale n'ont pas également fupporté les mêmes chocs, les uns ont été tués d'une charge que d'autres ont très-bien foutenue.

Un vieux chapon ayant reffenti cent vingt commotions en onze féances, l'électrometre étant à dix & onze lignes, les trois ou quatre premieres le renverferent; il entra en convulfion, fa refpiration devint fréquente & fibileufe; «<le bec refta ouvert, & il en fortit une falive écumeufe. Il fe remit cependant en affez peu de tems; mais quand il put fe foutenir, il parut être affecté de la plus grande frayeur; il marcha à reculons, la tête haute, le col renverfé en arriere, & comme voulant éviter un objet qu'il craignoit, quoiqu'il n'eût rien devant lui qui pût lui infpirer de l'effroi..... Ce chapon a fupporté inégalement la même force & le même nombre de commotions. Dans la derniere féance, quatre chocs le renverferent, il entra en convulfion, il fut aux abois après en avoir reçu une douzaine; à peine lui reftoit-il quelques mouvemens dans la refpiration, qui ne se faifoit que de tems en tems & par foubrefauts. Après un quart-d'heure il fe remit un peu, il put fe relever; mais il tomboit quand il vou

loit marcher, la refpiration étoit très - fréquente & fe faifoit avec un grand fiflement. Le bec étoit très-ouvert & il en découloit beaucoup de falive. Je lui donnai, dans cet état trente-cinq commotions de la même force & très-rapprochées; non-feulement il ne fut point renverfé, mais il fe foutenoit mieux qu'auparavant ; il crioit beaucoup chaque fois qu'il recevoit le choc, & aucun des accidens qu'il avoit éprouvés en commençant la féance n'eut lieu. Quand on lui donnoit la liberté, il fe fauvoit d'un pas ferme & précipité; la tête étoit fort enflée, ainfi que le deffous de la gorge; la peau étoit rouge, meurtrie, noirâtre dans plufieurs endroits. » Ce chapon, de même que prefque tous les oiseaux foumis aux commotions, s'eft vuidé à la premiere commotion, & les excrémens étoient de confiftance ordinaire; à la fuite des autres chocs, ils devenoient moins liés, & finiffoient par être tout-à-fait liquides. Il n'a pas paru qu'il arriva rien de pareil au corps humain. L'effet dont on vient de faire mention n'est jamais plus fenfible que dans les premieres féances électriques; car les animaux en s'y accoutumant, se vuident plus rarement, & les matieres font à-peu-près naturelles.

La refpiration, quoique fréquente à la

fuite des commotions, n'eft cependant pas toujours ftertoreufe; il a paru qu'elle n'étoit telle que lorfque la gorge étoit enflée. « Un jeune pigeon fuyard reçut foixante-fix commotions en quatre féances dans un feul jour, l'électrometre marquant deux lignes; il n'en réfulta aucun effet fenfible. Douze autres à trois lignes ont rendu la refpiration un peu plus fréquente; quatre tout de fuite, à quatre lignes, ont augmenté la gêne; le bec s'eft rempli de falive; la respiration est devenue fibileufe; le cœur palpitoit; les plumes fe font refferrées; le deffous de la gorge étoit très tuméfié, & toute la tête enflée, & particuliérement l'endroit où appuyoit l'excitateur. Le lendemain, dix-huit commotions à trois lignes & demie, très rapprochées les unes des autres, n'ont produit rien de remarquable; fix autres tout de fuite, l'électrometre à cinq lignes, n'ont point renversé le pigeon; mais il étoit moins ferme fur fes jambes; fa respiration est devenue très-laborieuse; une feptieme l'a culbuté, mais un inftant après il s'eft relevé. Le lendemain, l'électrometre à fix lignes, trois commotions ont renversé le pigeon; trois autres, après qu'il a été remis des dernieres, l'ont presque afphixié, tandis que, le lendemain, l'électrometre étant à sept lignes, trois commotions n'ont produit que

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