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PRÉCIS de quelques Vérités fondamentales fur l'électricité. (1)

L'HISTOIRE

'HISTOIRE des fciences nous apprend que les vérités le plus folidement établies & le plus univerfellement admifes, ont quelquefois été attaquées, mais elle nous montre également que les vains efforts qu'on a faits n'ont fervi qu'à rendre leur triomphe plus affuré.

On a vu dans l'avertiffement que l'ouvrage de l'électricité du corps humain avoit obtenu l'approbation générale des favans. Un feul auteur, qui a cru que la fingularité étoit une reffource pour fe faire remarquer un inftant, s'eft bonnement imaginé qu'il alloit changer la face de la physique, & qu'en attaquant Newton, Franklin, &c. & toutes les doctrines les mieux établies & les plus généralement reçues, il alloit fe couvrir d'une gloire immortelle. On peut rapporter à cinq articles principaux les vérités qu'il a cherché à contester relativement à l'électricité du corps humain.

1°. L'efficacité du bain électrique. On ne peut douter que cette méthode d'électrifer ne foit trèsavantageufe, puifque l'expérience & l'observation l'atteftent hautement, ainfi qu'on l'a démontré dans cet ouvrage par plufieurs preuves de la derniere folidité, par les expériences de plufieurs phyficiens

(1) M. l'abbé Bertholon a fait imprimer, 19. une lettre fur plufieurs vérités fondamentales relatives à l'électricité du corps hamain, dans le journal encyclopédique, 15 octobre, 1785 page 290, & premier novembre, page 493. 2°. Une lettre qui a rapport aux falfifications de M. Marat, & qui eft imprimée dans le journal encyclopédique, 15 janvier 1786, page 302.; l'éditeur en a formé ce précis.

& médecins étrangers & nationaux les plus diftingués. L'électrifation par bain doit être employée fur-tout pour les perfonnes délicates, pour celles qui font très-irritables & à qui la méthode des étincelles feroit nuifible. Il faut même toujours commencer par elle, parce qu'il eft prudent de graduer l'électricité qu'on doit regarder comme un remede. Ecoutons un habile médecin qui a fait beaucoup d'expériences fur ce fujet. En parlant de l'électricité par bain, il dit dans les Mémoires de la Société Royale de Médecine: il eft des cas, tels que ceux où il s'agir feulement de divifer, dans lesquels on ne doit pas employer d'autre méthode (1). M. Mauduit dit encore: On pourroit donc s'en tenir au feul bain électrique dans les cas que j'ai fpécifiés (2). M. Adam, profeffeur à Caen, qui a eu également beaucoup de fuccès dans l'électricité médicale, a employé le bain électrique. M. l'abbé Sans, qui, pendant environ dix-huit ans, a électrifé des malades, s'en eft fervi principalement avec fuccès. M. Cavallo & Wilkinfon en Angleterre & en Écoffe l'ont auffi éprouvé & le recommandent particulièrement, &c. &c. Ce concours d'expériences faites avec le même fuccès en divers tems & en différens lieux, démontre, ce femble, l'efficacité de l'électrifation par bain qui produit des effets très-marqués, le plus fouvent la falivation, quelquefois un cours d'urines ou de matieres excrémentitielles, &c. & autres dont on a vu ies détails dans l'ouvrage de l'électricité du corps humain.

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Cette vérité, fi bien prouvée par l'expérience ne l'eft pas moins par la théorie, fondée fur les vrais principes, parce que dans l'électrifation par

(1) Mémoires de la Société Royale de Médecine, ann. 1778, page 447.

(2) Mémoires fur les différentes manieres d'adminiftrer l'élec→ tricité, 1784, page 10. Electricité du corps humain,tom, IL, pag. 145.

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bain, 1°. il y a un courant électrique établi de la machine au corps de l'homme électrifé par bain, & de celui-ci aux corps environnans courant qui, quoiqu'il n'ait pas la viteffe de celui des étincelles, en a une fuffifante ; la durée de l'électritation qu'on augmente dans cette circonftance, compenfant la rapidité du choc qui eft moins grande que dans les autres manieres d'électrifer. 2°. La vertu répulsive du fluide électrique, propriété démontrée par l'expérience & univerfellement admife, ayant une action plus ou moins grande, felon la force de la machine, produit conféquemment dans l'économie animale des effets plus ou moins confidérables, & qui le feroient même trop dans certaines occafions, fi on électrifoit trop long-tems par bain. Les effets dont nous venons de parler feroient encore les mêmes, fi la répulfion étoit fuppofée ne pas exifter; car dans ce cas ils dépendroient d'une attraction contraire, ainsi qu'on l'a fait voir dans l'ouvrage de l'électricité du corps humain.

Des raifonnemens fondés fur les principes de la science, &, ce qui vaut encore mieux, de nombreuses expériences faites en divers lieux par des favans du premier ordre, prouvent donc l'efficacité de l'électrifation par bain qu'on auroit tort de rejeter, puisqu'elle fert à foulager & à guérir. Nous en difons autant de la méthode fuivante.

2o. L'électrifation par aigrettes eft également trèsefficace. On a donné cette dénomination à celle qui se fait par le moyen des pointes électrifees qui peuvent être de bois ou de métal, & qui font reffentir une espece de fouffle & de vent frais très-fenfible, V. g. au vifage ou au revers de la main. Cette méthode dont on avoit parlé dans la premiere édition de l'électricité du corps humain, eft admife par tous les favans qui connoiffent l'électricité médicale. M. Cavallo qui l'a fouvent réduite en pratique en

'Angleterre, dit beaucoup de bien de cette maniere d'électrifer, & il l'appelle « la plus efficace..... » elle a fréquemment diminué les douleurs & guéri « des maladies obftinées & dangereufes qui avoient » résisté à tous les autres remedes.... ce qui eft » conftaté par l'obfervation des perfonnes qui ont » fait pendant long-tems les expériences les plus » fûres & les plus fages (1). » On a vu ce paffage dans toute fon étendue, dans la feconde édition de l'électricité du corps humain.

M. Wilkinson recommande également beaucoup, d'après l'expérience, cette méthode d'électrifer par le moyen des pointes.

Auroit-on pensé qu'on eût ofé profcrire une méthode qui eft regardée d'après de nombreuses expériences comme la plus efficace, qui eft fouvent trèsavantageufe, qui a fréquemment diminué les douleurs & guéri des maladies obflinées & dangereuses qui avoient réfifté à tous les autres remedes, une méthode dont l'efficacité eft conftatée par l'obfervation des perfonnes qui ont fait les expériences les plus fures & les plus fages? En vérité la plume se refufe à combattre des erreurs auffi évidentes & auffi pernicieuses.

3°. L'électricité de l'atmosphere a une influence fur le corps humain. Le corps de l'homme, plongé dans l'atmosphere eft comme le poiffon ou plutôt comme une éponge dans l'eau. Si l'air & l'eau, par divers changemens, acquierent de nouvelles qualités, v. g. paffent du chaud au froid ou réciproquement, tous les animaux qui y vivent éprouveront des effets relatifs à ces variations. De même lorfque l'atmosphere dans laquelle regne en tout tems une électricité très-fenfible, deviendra plus ou

(1) Mémoires fur les différentes manieres d'électrifer, pag. 71 & fuiv.

moins électrique, il eft néceffaire que les corps organifés en foient plus ou moins affectés, comme ils le font par une augmentation ou une diminution dans la chaleur de l'air.

Le fluide électrique ne peut fe communiquer, encore moins fe tranfmettre en plus ou moins grande quantité, fans influer fur les corps vivans qui le reçoivent. Il influe fur eux, 1o. par fa vertu répulfive, comme il le fait dans l'électrifation par bain; 2. en formant un courant continuel de l'atmosphere dans la terre ou de la terre dans l'atmofphere; 3°. par des ofcillations alternatives, par un flux & reflux qui de tems en tems fe fuccedent. Ces vérités ont été démontrées dans l'électricité du corps humain. On y a vu les obfervations de Kinnerfley, de Franklin, de Canton, &c. (1), qui ont remarqué nombre de fois dans les nuages des paffages du négatif au pofitif, & réciproquement. Voyez les chapitres 2, 3, 4 & 5 de la premiere partie de l'électricité du corps humain.

Quelqu'évidentes que foient ces raifons, les obfervations faites conftamment par un grand nombre de favans du premier ordre, prouvent encore mieux cette vérité. On connoît ce qu'en ont dit Beccaria, Bridone, Athanafe, Cavalli, Toaldo, Arbuthnot, la Cepede, Steiglehner, Huzard, Cotte, Sarti, Deluc, Wan-Swinden, &c. &c. Contentonsnous de citer ici deux habiles phyficiens, M. Mauduit penfe que « le plus ou moins de fluide élec» trique qui circule à travers les organes, qui les » ftimule fuivant les différens états de l'atmosphere, » eft une des caufes qui contribuent à rendre » l'homme & les animaux plus forts ou plus foi» bles (2) ». MM. de Volta & de Sauffure ont

(1) Euvres de Franklin, pag. 131 & 139.

(2) Journal de Paris, ann, 1785. No. 87, pag. 356.

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