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ce n'eft qu'un effai, car le traité entier ne peut: être que l'ouvrage du tems.

Les réflexions précédentes nous conduifent naturellement à dire quelques mots de la nostalgie ou maladie du pays (1). Souvent elle dépend de plufieurs caufes morales, & alors elle n'eft point l'objet de la phyficomédecine; mais quelquefois auffi elle réfulte: de la différence des climats. Un homme qui eft né dans des pays de plaines & de vallées, éprouve un mal-aife lorfqu'il eft transplanté dans des pays de montagnes. Ici les colonnes de l'air font plus courtes, là elles ont plus de hauteur; cette différence, fouvent trèsgrande, en produit une fort confidérable dans le poids habituel dont le corps eft com primé. J'en rapporterois ici avec plaifir le calcul; mais les principes qu'il suppose & les résultats fe trouvent dans un grand nombre d'ouvrages de phyfique. Indépendamment de cette différence de poids qu'on éprouve dans des pays dont l'élévation au-deffus du niveau de la mer eft plus ou moins grande, il en eft une autre encore qui contribue beaucoup plus

(1) Nous nous bornons ici, comme dans la premiere édition, à dire deux mots fur cette maladie ; ceux qui voudront des détails pourront confulter l'article Noftalgie du tome fecond des Effais de médecine théorique & pratique de MM, Brion & d'Yvoiry, médecins à Lyon; ouvrage très-bien fait.

à la nostalgie. On ne peut douter qu'il n'y ait des pays où l'air eft plus électrique, & d'autres où il l'eft moins; foit que cela dépende du degré de féchereffe, ou d'humidité qui regne plus ou moins dans une contrée que dans une autre: c'est un fait inconteftable. Pour rendre cette vérité sensible, j'en rapporterai un exemple, & pour le rendre plus frappant, je le prendrai dans une contrée éloignée: on ne connoît jamais plus parfaitement les milieux que par les extrêmes.

La grande humidité de l'atmosphere de » Cayenne eft très-contraire aux expériences » électriques; & c'eft fans doute pour cette » raifon que des phyficiens qui ont voulu en > tenter en différens endroits de la Zone Tor» ride, n'ont pu parvenir à rassembler ce » fluide, par les moyens qu'on a coutume » d'employer en Europe (1). C'est ce qui, pour le dire en paffant, montre la poffibilité & la grande utilité d'un tableau progreffif de l'électricité sur la surface du globe de la terre, que j'appellerois volontiers tableau électricogéographique: on en verra un petit modele dans notre nofo-géographie. Le plus ou le moins d'électricité naturelle régnant habi

(1) Mémoire fur Cayenne, &c. par M. Bajon, tom. II, pag. 307.

tuellement dans diverfes contrées, le corps en fera plus ou moins affecté; de là la nostalgie dont le remede eft évidemment l'électricité en moins ou en plus. Si un homme, un animal, ou une plante font tranfplantés d'un climat où regne habituellement beaucoup d'électricité, dans une autre contrée où il y en ait très-peu, ces corps organifés en fouffriront beaucoup. Pour détruire la cause de cette maladie, il faudra leur rendre par l'électrifation, ce qu'ils ont perdu, & par-là ils recouvreront ce précieux équilibre qui forme la fanté.

Le fatyriafis & la nymphomanie, font produits par des causes oppofées à celles qui engendrent l'anaphrodifie, & l'athecnie. Ces fortes de matieres ne fouffrent guere de détails; & il est évident, d'après les principes établis dans le cours de ce Mémoire, que ces deux premieres maladies doivent être guéries par l'électricité négative, & l'application des conducteurs ; tandis que les deux dernieres ne peuvent l'être que par l'électricité pofitive & l'application des nonconducteurs.

On peut conclure des expériences de M. de Haën, que l'électricité eft bonne pour le vertige. Benoît Erringer, qui exerçoit l'art de meûnier, fut attaqué de ce mal en travail

lant à sa profeffion; l'accès de vertige fut fi fort qu'il tomba fur le dos, & demeura pendant un quart-d'heure dans un affoupiffement bien marqué. Revenu à lui, il ne put fe foutenir fur fes pieds; un tremblement de la main droite fe fit fentir jour & nuit, & le rendit incapable de pouvoir rien tenir. Outre ce tremblement, on remarqua une paralyfie dans les doigts. Le 23 Juillet 1759, il fut présenté à M. Wan-Swieten qui, après un mûr examen, jugea à propos de le faire éle&riser, & pour cet effet, il l'envoya à M. de Haën. A peine eut-il éprouvé douze commotions électriques, qu'il fe regarda comme guéri, & qu'il le fut au jugement de M. de Haën ainfi qu'on l'a vu plus haut. M. de Sauvages avoit auffi guéri, dix ans auparavant, un homme attaqué depuis long-tems de vertiges opiniâtres qui le faifoient marcher d'un pas chancelant, & qui obfcurciffoient fa vue.

Quant au tarentisme, c'est une fable de l'aveu de tous les bons phyficiens; on ne la trouve plus que dans ces livres faits pour perpétuer le trop grand nombre des préjugés. Les autres maladies peu importantes qui font dans cette huitieme claffe, telles que l'infomnie, la faim canine, la berlue, le tintouin, &c. peuvent être guéries par l'électricité..... Au rapport de M. de Sauvages,

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d'après M. Maffey, l'électricité eft bonne contre le fomnambulisme : Profuit in fene fomnambulone repetita electrifatio, referente illuftr. Maffeyo (1). Nous dirons ici en paffant que l'électricité eft utile pour guérir les infomnies. Tous les malades qui avoient le fommeil agité, ont recouvré le calme & le repos par l'électricité, au rapport de M. Mauduit (2).

CHAPITRE IX.

Claffe IX. Maladies évacuatoires ou flux; (fluxus, feu exitus infolitus cujufvis fluidi, folidive è corpore.)

LE caractere de ces maladies est une éjection ou une évacuation confidérable. Il y a trois ordres.

ORDRE I. Les écoulemens de fang.

Les principaux genres font la dyfenterie, le flux hémorrhoïdal, la dyfménorrhée, la cholirique, l'hémorrhagie, &c.

(1) Nofologia, tom. IV, pag. 309.

(2) Mémoires de la Soc. de Médec. tome II, pag. 299 &

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