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vit recouvrer la refpiration, les forces, & en quelque forte une nouvelle vie. On ceffa de l'électrifer, il retomba dans le premier état de mort d'où une feconde électrifation le fit fortir avec la même promptitude. M. Nicolas, démonftrateur royal de chymie en l'Univerfité de Nancy, a auffi éprouvé, par plufieurs expériences, que l'électricité étoit un remede contre l'afphixie. Ayant expofé un lapin aux vapeurs du charbon dans le récipient d'un petit fourneau de tole, fait à ce deffein, il le vit tomber en afphixie, & le laiffa dans cet état pendant une minute. Cet animal ne donnant aucun figne de vie, on l'étendit fur un tableau magique, fur lequel il fut électrifé fortement. «< Puis je lui ai tiré, dit-il, quelques étincelles du bout du nez, ce qui l'a fait redresser sur ses pattes; pour achever fa guérifon, je lui ai fait donner deux ou trois fecouffes affez légeres. Tout ce travail n'a pas duré fix minutes; à la troifieme fecouffe l'animal s'eft fauvé. & une demi-heure après, ayant été renfermé avec fes camarades, il s'eft mis à manger comme les autres. J'ai répété plufieurs fois cette expérience toujours avec le même fuccès (1). »

(1) Obferv. fur la phyf, &c. mars, 1779.

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Dans mes leçons publiques fur la physique expérimentale, je prouve également par voie d'expérience cette vérité. Je mets un oiseau dans un bocal de verre rempli d'air atmofphérique; auffi-tôt que, par le moyen d'un autre bocal rempli de gas fixe, & placé audeffus du premier, je verfe le gas fixe dans celui-ci, on voit l'animal bientôt agité de convulfions, tomber enfuite en afphixie. Alors je le retire dans cet état de mort apparente pour le mettre fur un carreau de verre étamé des deux côtés felon la méthode ordinaire; & après avoir chargé promptement le tableau de fluide électrique, je tire des étincelles de l'oifeau, qui ne manquent pas de le rappeler à la vie; & on a la fatisfaction de voir l'oiseau s'envoler auffi-tôt 'dans la falle avec autant de facilité que s'il n'avoit jamais été afphixié. Le même animal peut également fervir à plufieurs expériences faites fucceffivement. M. Changeux rapporte l'observation d'un homme asphixié à la fuite d'une maladie comateufe, que l'électricité rap. pela à fon premier état ; & il a dit avec beaucoup de raifon que l'électricité eft un agent qui a le double avantage, 1o. de faire distinguer fans peine les morts réelles, des morts apparentes; 2°. de remédier à l'afphixie.

L'alkali volatil, felon lui, certains acides,

Pafperfion d'eau froide, les frictions, le grand air, les lavemens de tabac, font des remedes excellens quand ils peuvent être. adminiftrés, & quand ils le font à propos; mais l'électricité en eft un auffi bon, plus, expéditif, & comme il eft prefque toujours indiqué, il devroit précéder tous les autres; il arriveroit fouvent qu'il en tiendroit lieu (1). »

Pour confirmer la vertu de l'électricité dans l'afphixie, je rapporterai encore quelques expériences fur ce fujet que M. Abildgaard, médecin Danois a faites fur des animaux (2). Il effaya de tuer un poulain de trois mois par les décharges de fix jarres électriques, dirigées fur fa tête; mais ce fut envain. A chaque coup l'animal tomboit violemment à terre, & fe relevoit enfuite fur le champ. Les décharges éclatant avec un bruit effrayant, on n'ofa pas employer un plus grand appareil.

M. Abildgaard prit une poule & déchargea fur fa tête une bouteille de Leyde. Cet animal tomba ayant perdu tout fentiment; il ne put être rappelé à la vie par aucun stimulant. Une nouvelle décharge électrique

(1) Obferv. fur la phyf. &c. 1780, pag. 75.

(2) Collection de la Société de Médecine de Danemarck tome II, pag. 157,

fut inutilement employée pour cet effet, il refta toujours dans le même état; il en fut de même, quoiqu'on répéta plufieurs fois fur la tête les explosions électriques. Mécontent du peu de fuccès de cette expérience, car on s'étoit propofé d'obtenir par les fecondes décharges électriques une espece de réfurrection, le phyficien dont nous parlons tenta un nouveau coup électrique dirigé par le fternum vers l'épine du dos. Auffi-tôt la poule fe releva fubitement, & marcha tranquillement. L'expérience fut répétée avec le même fuccès; une nouvelle décharge sur la tête jeta à terre l'animal fans aucun figne de vie, & un autre coup électrique, dirigé fur le fternum la fit relever. Cette expérience ayant été faite plufieurs fois enfuite, la poule tomba dans un grand état de ftupeur; elle ne marchoit plus qu'avec difficulté; elle ne mangea point pendant vingt-quatre heures. Quelque-tems après elle fe porta très-bien comme auparavant, & pondit fes œufs à l'ordinaire.

La même expérience fut encore tentée fur un coq: après avoir dirigé plufieurs explofions fur la tête, il parut mort; le fang lui fortoit des narines & de la gorge; mais lorfqu'on lui eut déchargé un coup fur le fternum, auffitôt il s'envola avec vivacité,

jeta

jeta à terre & brifa la bouteille électrique. M. Abildgaard voulant enfuite voir fi ces animaux, après avoir fubi des commotions semblables, reffusciteroient d'eux-mêmes, fans la décharge fur le fternum qui avoit rappelé à la vie dans les expériences précédentes; ce médecin prit une nouvelle poule avec le coq qui avoit fervi à la feconde expérience. Dès la premiere décharge d'une feule bouteille, ils tomberent fans fentiment; on les laiffa à terre fans les toucher. Le lendemain matin on les trouva morts & froids, fans pouvoir être rappelés à la vie par l'électricité.

On ne fera point furpris de trouver dans le fluide électrique une femblable vertu, lorsqu'on fe rappelera que l'afphixie en général doit être confidérée comme un anéantiffement apparent des forces fenfitives & des forces motrices, & qui paroît plus ou moins profond, felon que la circulation eft plus ou moins lente, & que la respiration fe fait plus difficilement. L'indication la plus preffante à remplir, dit M. Gondinet, eft donc d'exciter les forces fenfitives & motrices, d'où il fuit qu'il faut tâcher de ranimer l'action vitale, à l'aide des ftimulans & par les moyens les plus propres à développer dans le cœur & dans les vaiffeaux G

Tome II.

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