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Gafton, fut éloigné de la Cour, & J. DESE fe retira à Caen: Pendant le féjour GRAIS. qu'il y fit, il prit du goût pour lui, & l'emmena à la Cour, lorfqu'il y fut rappellé. Ce fut-là qu'il acheva de fe former, & qu'il acquit la politeffe & le bon goût, qui ont paru depuis dans fes Ouvrages.

Le Comte de Fiefque le fit entrer en 1648. au fervice de Mademoifelle, en qualité de Gentilhomme ordinaire, & il y demeura jufques vers l'an 1672. que cetre Princeffe croyant avoir quelque fujet de fe plaindre de fa conduite, le fit rayer de l'état de fa Maifen. Elle nous apprend elle-même dans fes Mémoires le fujet qui lui attira fa difgrace. Elle y rapporte que Segrais ne vouloit point qu'elle fe mariât avec M. de Lauzun, & qu'il aimoit mieux que ce fut avec M. de Longueville; que quand l'affaire de M. de Lauzun eut été rompue, il alla avec M. Guilloire, Secretaire de fes commandemens, voir M. de Chanvalon, Archevêque de Paris, pour lui dire que c'étoit un fcandale que Mademoiselle vit toûjours M. de Lauzun, & qu'il

J. DE SE-étoit obligé en confcience d'y mettre ordre; ce que ce Prélat lui ayant dit, elle donna ordre à Segrais de fortir de chez elle.

GRAIS.

M. de Segrais ne manqua pas alors de reffources. Madame de la Fayette eut la generofité de lui donner un appartement chez elle, & il nous apprend lui-même (a) que M. le Duc de Longueville lui envoya auffitôt après deux cens piftoles, en le chargeant très-expreffement de n'en rien dire à perfonne.

Laffé enfin de vivre dans le grand monde, il fe retira à Caen, réfolu d'y paffer le refte de fes jours. Il ý époufa une riche héritiere, qui étoit fa parente, & ce mariage le mit en état de vivre à fon aife felon fa qualité, & de faire un établiffement confiderable. Perfonne ne marque l'année où il fe maria, mais on peut juger que ce fut en 1679. par ce paffage du Segraifiana, (b) qui contient une particularité de fa vie, qui doit trouver ici fa place.

» Madame de Maintenon, dit-il

(a) Segraifiana, p. 7 $
(b) p. 135.

» en cet endroit, a voulu me mettre J. DE SE auprès de M. le Duc du Maine, en GRAIS. » la même qualité que M. de Court,

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qui fut appellé à mon defaut. Je » venois de me marier, & j'avois par » mon mariage honnêtement dequoi vivre dans l'indépendance, & mê» me mon beau-pere & ma belle» mere, qui étoient fort âgez, que je » confultai là-deffus, me reprefenterent que j'avois dequoi raisonnable» ment me contenter, qu'ils étoient d'un âge à croire Dieu les apque pelleroit bien-tôt, & qu'alors je » pourrois vivre fans avoir rien à fouhaitter; je confiderois encore »que j'avois en ce temps-là cinquante cinq ans, & qu'il falloir -❞ au moins pour attendre la récompenfe des fervices que je pouvois rendre à M. le Duc du Maine » une dixaine d'années, & je n'avois ››› aucune certitude de vivre fi long» temps: De plus j'avois déja un » peu de furdité, & ce fut le pré» texte que je pris pour m'excufer. » Madame de Fontevrault, fœur de » Madame de Montefpan, me manda "qu'il ne s'agiffoit pas d'écouter le

دو

3

GRAIS.

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J. DE SE-" Prince, mais de lui parler; je fis réponse que je fçavois par expeperience, que dans un Païs comme celui-là, il falloit avoir bons » yeux, & bonnes oreilles. En effet il faut y connoître parfaitement » fon monde, & parler plus fouvent » à l'oreille qu'à haute voix. Ainfi je demeurai comme j'étois.

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M. de Segrais avoit été reçu à l'Academie Françoife dès l'année 1662. & comme celle de Caën étoit demeurée fans protecteur depuis la mort de François de Matignon, Licutenant de Roy en Normandie, arrivée en 1675. il en recueillit les membres chez lui, où il fit accommoder un appartement fort propre, pour y tenir leurs affemblées.

Il fut affligé pendant les derniers mois de fa vie d'une langueur, caufée par une hydropifie, qu'il regarda comme une faveur du Ciel, & dont il fçut profiter en chretien.

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Il mourut le 25. Mars (a) 1701. dans fa 77.

année.

(a) On s'eft trompé dans la description du Parnaffe François, en mettant fa mort le 25. Septembre.

Ses

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Ses talens ne fe bornoient pas à J. DE SE Bien écrire; il avoit encore beaucoup GRAIS. d'agrémens dans la converfation; il fçavoit mille chofes agréables, & il les racontoit d'une maniere qui fai foit autant de plaifir que les chofes même. Quand il avoit une fois com mencé, it ne finissoit pas aifément; & M. de Matignon difoit à ce fujet, qu'il n'y avoit qu'à monter Segrais. & à le laiffer atler. Il ne parloit pourtant jamais trop au gré de ceux qui l'écoutoient, & l'extrême furdité où il étoit tombé fur la fin de fes jours n'empêchoit pas que les perfonnes les plus diftinguées ne l'allaf-fent voir, pour le plaifir feul de F'entendre. C'étoit un homme doux, complaifant, aimant à faire plaifir,, & ne difant jamais rien de defobli geant de perfonne.

M. de la Monnoye fit à l'occafion de fa mort cette Epigramme, qu'on a attribué mal-à-propos à l'Abbé Testu dans un Recueil d'Epigrammess public.en. 1720.

Quand Segrais affranchi des terreftres

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