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leur Sergent un autre de leurs camarades: Comment les fecourir? Ils dépouillent, ils déchirent leurs chemises par lambeaux, ils y ajoutent leurs mouchoirs pour former de leur mieux des appareils & des bandages, ils leur font boire le refte de leur eau-de-vie, les embraffent, les careffent, & raniment leurs corps & leur courage en les confolant. Que ferontils pour les retirer du champ de bataille, pour les tranfporter? Ils rêvent, ils penfent, ils cherchent çà & là, ils trouvent enfin une petite charrette à deux roues, qu'on avoit detellée, & abandonnée pendant l'action, ils y placent leurs trois compagnons, s'y attellent eux-mêmes avec un gros chien, qui les avoit fuivis, & la menent pendant 2 lieues jufqu'à un hameau, où ils s'arrêtent pour fecourir plus particulièrement le Sergent qui va mourir ; un d'eux l'exhorte à la mort, l'autre par fes foins tâche de prolonger sa vie ; le Sergent meurt, ils l'enterrent, & n'ayant point d'argent, ils donnent fa dépouille au

paysan qui

leur avoit prêté le couvert & quelques autres petits fecours, lui recommandant de faire prier Dieu pour fon ame; ils fe remettent en marche avec le Capitaine & leur autre camarade, ils arrivent enfin au camp, portent le Capitaine à sa tente, le foldat à l'Hôpital, & conduisent la petite charrette chez le grand Prévôt de l'armée, lui difant pourquoi ils l'ont prife, & l'endroit où ils l'ont trouvée, pour que le propriétaire puiffe la reconnoître & la réclamer.

CHAPITRE VII I.

Difcours aux Soldats fur la piété & fur la religion.

UN malhonnête homme ne craint point

Dieu. Soldats, j'en appelle à vous-mêmes : Un malhonnête homme fut-il jamais un foldat? Soldats, les dons les plus précieux font la religion, la vertu & l'honneur; votre essence eft de les pofféder. Soldats, Dieu vous commande d'obéir au Roi; le Roi vous ordonne de fervir Dieu.

La piété, la fainteté d'un homme de guerre, consistent à remplir tous les devoirs d'un chrétien & d'un brave guerrier. Tant d'intrépides foldats, comme les faints Arcade, Marin, Alexandre, Emilien, Pacome, Donatien, Rogatien, Ferreole tribun militaire, & un de fes foldats nommé Julien, Leon, Victrice, Romain

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Ours, Vare, Martin & Victor, qui souffrit le martyre par les ordres de l'Empereur Maximien préfent, après la légion Thebćene, & qui pendant qu'on le tourmentoit, tenoit les yeux au ciel, demandant la patience à celui dont elle est le don; Jesus - Christ lui apparut tenant sa croix entre les mains, & lui dit : << La >> paix foit avec vous, Victor; Victor; je fuis >> Jefus qui fouffre dans mes Saints; prends » courage, je t'affifte dans le combat » : (Fleury, Hift. Eccléf. L. VIII, p. 40z;) tant de braves foldats ne font honorés dans l'églife, que parce qu'ils ont été bons chrétiens & bons foldats. Un homme de guerre ne sçauroit être bon chrétien, s'il n'eft pas bon guerrier, & jamais il n'est meilleur guerrier, que lorsqu'il vit en bon chrétien. Le précurfeur de Jefus-Christ ne difoit pas aux foldats d'abandonner leur profeffion, mais d'y vivre faintement. Il n'eft point de vertu qu'un homme de guerre n'ait fouvent occafion de pratiquer; des œuvres de paix & de zele, des œuvres de

miféricorde & de religion, des œuvres de justice & de charité, des œuvres d'obéiffance & de modération, des œuvres de mortification & de pénitence; comme il n'eft point d'exemple qui porte avec soi plus d'édification que celui d'un homme de guerre. Les meilleurs, les vrais foldats, qui pourroit en douter? furent toujours les foldats de Jefus - Chrift. Soldats, en fut-il parmi vous, qui rempliffant fes devoirs de chrétien, ayent jamais manqué, hésité à remplir tous ceux d'un brave foldat!

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Soldats, mes amis, mes compagnons, leur difoit Bertrand du Guefclin! foldats, trois points; le premier, la crainte de Dieu; le fecond, le soin de votre honplus que de votre vie; le troifieme, le fervice de votre Roi.

neur,

L'Empereur Marc - Aurelle rendoit compte lui - même au Sénat qu'il devoit fa délivrance & une mémorable victoire aux prieres, comme à l'intrépidité des foldats chrétiens.

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