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renversement de fortune, nulle élévation, ne purent jamais ébranler.

Hift. ancien. Plutarq. pag. 382.

Iphicrate étoit d'une fort baffe extraction, ayant eu pour pere un cordonnier. Mais dans une ville libre comme Athenes, le mérite feul faifoit la nobleffe des citoyens; on peut dire que celui-ci fut

véritablement fils de fes actions. S'étant fignalé dans un combat naval, où il n'étoit encore que fimple foldat, il fut bientôt après employé avec diftinction & honoré du commandement. Dans un procès qu'on lui fufcita, fon accufateur, l'un des defcendans d'Harmodius, qui faifoit extrêmement valoir le nom de fes ancêtres, ayant ofé lui reprocher la bafsesse de sa naissance : oui, répliqua-t-il, la nobleffe de ma famille commence en moi, &. celle de la vôtre finit en vous. Il époufa la fille de Cotys, Roi de Thrace; on le met de pair avec les plus grands hommes de la Grece; voici ce

qu'en rapportent Plutarque & Cornelius Nepos : « Iphicrates, Athénien, fut re» nommé non tant à cause de ses divers » exploits ou de la grandeur d'iceux, que » pour fa difcipline militaire; car ce fut » un tel Chef de guerre, qu'on le com» para aux plus braves de fon tems, & >> ne le poftpofa-t-on à pas un de ceux » qui l'avoient précédé ».

Plutarq. pag. 798.

Iphicrates Athenienfis, non tam magnitudine rerum geftarum, quàm disciplinâ militari nobilitatus eft. Fuit enim talis Dux, ut non folùm ætatis fuæ cum primis compararetur, fed ne de majoribus natu quidem quifquam anteponeretur.

Cornel. Nep. in Iphicr. feu Emil. Prob. Imper. Græc. vitæ, cap. 1. pag. 65.

Perfonne n'eft né pour notre gloire, dit Seneque, ce qui fut avant nous, n'est point à nous & Plutarque ayant rendu raifon à Polycrates fon ami « par quoi il

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>> lui dédie la vie d'Aratus, & montre la » différence des enfans vicieux & ver» tueux, décrit l'état confus de Sicyone, » d'où le foldat Aratus, jeune enfant, fut » contraint de s'enfuir en Argos, dit: La » nobleffe des ancêtres dont fe couvrent » les méchants enfans, ne fert qu'à les » rendre tant plus vilains & malheureux » & il ajoute :

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Qui-va louant fon pere généreux,

» Si ce ne font des enfans malheureux ?

» Difant que ce proverbe clot la bouche » à ceux qui d'eux-mêmes ne valent rien, » & fe vont tapiffant fous les vertus de » leurs ancêtres, ne faifant autre chofe » que les haut-louer continuellement ».

Plutarq. vie d'Aratus, pag. 666 & 667.

Le Vifir Chourlon y Ali-Pacha étoit fils d'un payfan du village de Chourlon. Parmi les Turcs la naiffance eft comptée pour rien, les fervices y font cenfés tout faire, il n'est pas rare d'y voir le fils d'un la

"boureur élevé au Miniftere, & le fils d'un Vifir mener la charrue.

Ibrahim Molla étoit simple matelot à l'avenement du Sultan Akmet III. Cet Empereur fe déguifoit fouvent en homme privé, en Iman, ou en Dervis; il fe glif foit le foir dans les cafés de Conftantinople & dans les lieux publics, pour entendre ce qu'on difoit de lui, & pour recueillir par lui-même les fentimens du peuple; il entendit un jour ce matelot qui fe plaignoit de ce que les vaisseaux Turcs ne revenoient jamais avec des prifes, & qui juroit que s'il étoit Capitaine de vaiffeau, il ne rentreroit jamais dans le port de Conftantinople fans ramener avec lui quelque bâtiment des Infideles. Le Grand-Seigneur ordonna dès le lendemain qu'on lui donnât un vaisseau à commander, & qu'on l'envoyât en course. Le nouveau Capitaine revint quelques jours après avec une barque maltoise & une galiote de Gènes. Au bout de deux ans on le fit Capitaine général de la mer, & enfin Grand-Vifir.

J'en reviens à Marius, dont je crois ne pouvoir me dispenser de rapporter la harangue, lorfqu'il fe préparoit à la guerre d'Afrique, que Sallufte nous a confervée ; j'en avois déja donné un trop petit frag

ment.

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« Je fçais, Romains, leur dit-il, que » la plupart de ceux que vous élevez aux dignités, fe conduifent tout autrement après les avoir obtenues, qu'ils ne font » en vous les demandant. D'abord ils fe » montrent laborieux, fupplians, mo» deftes enfuite dès qu'ils font revêtus > de vos bienfaits, ils fe livrent à la mol» leffe & à l'orgueil. Il me femble qu'il > convient de tenir une conduite toute » oppofée; car, comme l'intérêt public » est infiniment préférable à la Préture & » au Confulat, il faut auffi apporter plus » de foin dans l'adminiftration de l'Etat, » que dans la pourfüite des charges. Je » n'ignore pas combien celle que vous » m'avez accordée eft pour moi un pefant » fardeau. Travailler aux préparatifs de

>> la

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