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» Tribunus fignum dabat, & reos obji» ciebat multitudini militari.

De militia Romanâ, pars III. lib. 3. cap. 11, pag. 104, de militibus.

On remarqua dans Rome, que lors du plus grand relâchement de la difcipline militaire (époque où les légions perdirent tant de leurs forces), que lorfque l'ambition vint occuper les places deftinées à la vertu, que dans ce tems d'erreur & d'injustice, où les foldats n'étoient plus promus que par faveur, & où la vertu n'étoit plus comptée pour rien, l'étonnante émigration d'hommes, les grandes défertions qu'il y eut alors, porterent bien moins fur des citoyens, que fur des étrangers, des alliés & des efclaves, & que les citoyens fideles, les vrais foldats fouffrirent, servirent, espérerent conftamment, & n'abandonnerent jamais les étendarts.

« Poftea tamen legionum robur infrac» tum eft, præmiaque virtutis occupavit

» ambitio, & per gratiam promoti funt » milites, qui confueverant per virtutem, >> tunc transfugarum fuit infinitus nume>> rus tunc figna dereliquerunt multi, » aut extranei, aut fervi, exceptis tandem » de facto & de nomine civibus, exceptis » de facto & de nomine militibus ».

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De militiâ Romanâ, pars III, Lib. 4, cap. 4, pag. 109, de Centurionibus.

On remarquoit encore dans Rome, au milieu des tenebres du paganisme même, que les meilleurs, les plus fideles fujets de la République étoient les foldats chrétiens qui fervoient fous les Empereurs idolâtres; qu'il ne fut jamais de transfuge Farmi eux, & que particulièrement tous les chrétiens qui fe trouvoient enrôlés dans la milice Romaine, fouffroient les plus grandes perfécutions & la mort, plûque de déferter. Quel exemple de fidélité! quelle leçon pour nos armées ! quel triomphe pour la religion! En effet on ne vit jamais dans les plus terribles efforts de la perfécution, malgré les édits fanglans con-"

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tre les chrétiens, malgré la barbarie des Gouverneurs des Provinces, qui joignoient aux ordres & aux menaces un appareil épouvantable de toutes fortes de fupplices, des épées, des feux, des bêtes cruelles, des foffes, des chaires de fer, des échaffauts. & des potences; on ne vit jamais des chrétiens foldats, des chrétiens enrôlés dans la milice de Rome, ou dans les troupes de fes alliés, violer leur ferment de fidélité, quitter leurs drapeaux, tenter leur évasion, devenir fugitifs & transfuges, pour échapper aux différens fupplices qui leur étoient destinés.

Tertullien, dans fon Livre de la Couronne, ainsi que M. de Fleury, dans fon Hiftoire eccléfiaftique, nous ont tranfmis un grand nombre d'exemples, qui prouvent l'intrépide fidélité des foldats chrétiens, la foi, le refpect qu'ils portoient à la religion, comme chrétiens, & au serment qu'ils avoient juré dans la milice, comme foldats de la République; leur délicatesse même alloit, felon Tertullien,

jufqu'à vouloir mettre une différence entre les récompenfes qu'ils avoient méritées à la guerre, & qu'ils recevoient en même tems que les foldats payens, pour être toujours diftingués d'eux, toujours féparés, quant à la profeffion de foi, & toujours reconnus pour foldats chrétiens. Voici un trait qu'il rapporte à ce sujet, & que l'Auteur de l'Hiftoire eccléfiaftique n'a point dédaigné.

« Les foldats s'approchoient couronnés » de laurier, fuivant la coutume, pour » recevoir la distribution. Il y en eut un » qui fe présenta la tête nue, tenant sa fa » couronne à la main. Les autres le mon>> troient de loin, & s'en moquoient; les

plus proches frémisloient de colere. Il » étoit déja paffé quand le bruit en vint » au Tribun. Pourquoi, lui dit-il, n'es>> tu pas comme les autres? Il ne m'eft » pas permis, répondit-il. On lui en de» manda la raifon. Parce, dit-il, que je » fuis chrétien. On prit les avis, & il fut » renvoyé aux Préfets du camp: là il fut

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» dégradé, & quitta fon manteau, fa >> chauffure & fon épée, & fut mis en » prison ».

Tertullien, Liv. 12, de la Couronne.

Fleury, Hift. eccléf. Liv. 6, pag. 114 & 1 15.

Le même Auteur rapportant la perfé cution excitée par Veterius, maître de la milice, l'an 298, fous le Confulat de Fauftus & de Gallus, fait mention du martyre de S. Marcel centurion, du foldat Caffien, & de quarante autres foldats chrétiens, qui fouffrirent de grands tourmens à Lauriac dans le Norique, & de Florien leur compagnon, qui se joignit à eux, que le Préfet Aquilin fit battre à coups de báton, & enfuite jetter dans la riviere d'Ens. It nous a conservé auffi les noms de plufieurs autres foldats chrétiens, qui, loin de fuir la perfécution & leurs étendarts, accoururent à l'échaffaut, difant qu'ils étoient chrétiens.

Voici les propres mots de l'Hiftoire eccléfiaftique.« Quatre foldats, nommés

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