CHAPITRE X I I. Des récompenfes militaires dans les armées Romaines. «MILITUM virtuti & gloriæ ea de >> bebatur merces, ut ad egregia facinora >> totis viribus fefe excitarent, & pro tam » felici rerum fucceffu Deos hominesque >> fibi redderent propitios, & eorum com» potes felicitatis. De militia Romanâ, pars III, lib. 22, cap. 20, pag. 183, de triumphis. Toutes les récompenfes étoient promptement accordées chez les Romains. Le · Dictateur, le Conful, ou le Maître de la Cavalerie les décernoit fouvent pendant l'action, ou après l'action, fur le champ de bataille même, ou tout au plûtard le lendemain au lever du foleil. « Si non in pugnâ, vel poft pugnam, » craftinâ die, luce orta, claffico vocatis » ad concilium militibus, loco edito fta» bat in tribunali Imperator, habens à » tergo & à latere Duces, ante & circa » immenfam multitudinem. Itaque mili» tibus, iifque qui fuam operam pro fa» lute Reipublicæ impigrè contulerant, >> proemia proponebat ». Quand le Général n'avoit ры décerner les récompenfes fur le champ de bataille même, ou pendant l'action, ou le jour de l'action, il ne manquoit jamais de les aller propofer le lendemain de la bataille & au point du jour. Il étoit affis dans fon tribunal, environné des Chefs & d'une multitude immenfe, & devant toute l'armée fous les armes. C'étoit au milieu des légions & des troupes auxiliaires que fe faifoit cette honorable diftribution, coram univerfo Romanorum exercitu. En avant des centuries, des manipules & des cohortes, & vis-à-vis les turmes & les decuries étoient les cavaliers & les fantassins qui avoient mérité de la République. Il y avoit quatre fortes de récompenses, après la premiere, qui étoit celle des promotions à de divers grades; ces récompenfes étoient, les armes, les couronnes, les drapeaux ou étendarts, & les fefterces de terre. LES ARME S. Les récompenfes, en armes, des fantaffins, étoient des cafques, des carquois, des pavois, des fléches, des piques, des lances, & indifféremment à tous les guerriers qui s'étoient diftingués, l'épée Efpagnole. Les récompenfes en armes, des cavaliers, étoient le bouclier, la lance, la demi-lance, l'épée Espagnole dans toute fa longueur, la hache, le harnois du cheval, les bardes entieres, les demibardes, la demi- armure, l'armure complette & pour lors ils étoient nommés : Loricati, comme étant les guerriers les plus éprouvés & les plus confidérables : dici funt Loricati, quafi militum digniores. LES COURONNE S. Elles étoient décernées aux vainqueurs, ou aux foldats glorieux, felon la qualité de leur triomphe ou de leurs actions. Il y en avoit de îîx fortes: la triomphale l'obfidionale, la civique, la murale, la caftrenfe & la navale; elles étoient de laurier, d'or ou d'herbe. Les foldats de Sylla l'honorerent auprès de Nole d'une couronne obfidionale. Cette couronne n'étoit point comme les autres accordée par le Général à des foldats qui fe fuffent diftingués, mais au contraire déférée par les foldats à leur Chef qui les avoit tirés d'un pas dangereux : elle n'étoit que de gazon; & l'herbe dont on la formoit devoit être prise dans le lieu même où l'armée avoit été envelopée par les ennemis, & d'où la fagèffe & la valeur du Com Inandant l'avoit tirée.... Sylla, qui voulut perpétuer la mémoire d'un événement fi glorieux pour lui, le fit peindre dans fa maifon de campagne de Tufcule, qui appartint enfuite à Ciceron: mais, comme le remarque Pline, c'est bien en vain que l'auteur de la profcription se faifoit honneur d'une couronne obfidionale; il fe l'arracha lui-même de deffus la tête, lorsqu'il fit périr dans la fuite un beaucoup plus grand nombre de citoyens, qu'il n'en avoit jamais fauvé. Hift. Rom. tom. IX, pag. 583 & 584. LES DRAPEAUX ou ETENDARTS. On donnoit quelquefois des drapeaux, des étendarts, ou les autres fignes militaires à ceux qui en avoient remportés fur l'ennemi, ou qui avoient fait quelque action éclatante.Ces différens fignes étoient accordés indifféremment aux foldats (cavaliers ou fantaffins); c'étoit des aigles, des enfeignes, ou images vexillaires, fur |