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lefquels étoit la représentation d'un minotaure, d'un porc, d'un cheval, d'un fanglier, d'un dragon. Le guerrier qui les recevoit comme une marque d'honneur (auffi glorieuse pour les familles Patriciennes, que pour les Plébéiennes), avoit le droit de les transmettre à sa postérité, & de les arborer à une fenêtre de fa mai

fon, à tous les manifeftes de guerre, lorfque le Temple de Janus venoit d'être ouvert, à toutes les dédicaces, à tous les anniversaires, les jours des grands facrifices, à toutes les fêtes & réjouissances de la République.

LES SESTERCES DE TERRE.

La récompenfe des fefterces de terre n'étoit donnée qu'aux plus anciens foldats qui s'étoient signalés plufieurs fois, & qui avoient déja reçu la plupart des autres récompenfes. Celle-ci avoit deux différens objets : le premier étoit leur retraite du service, & leur nourriture assurée

:

dans leur vieilleffe, par la poffeffion des fefterces: le second objet étoit un afile pendant la paix où ils cultivoient & jouiffoient de cette terre, jufqu'au moment de la guerre qu'ils venoient rejoindre l'armée, fans en jamais perdre la propriété, lorsqu'une fois elle leur avoit été accordée mais, excepté pour les infirmités, ou pour les grandes bleffures, on ne donnoit ces terres qu'à des foldats de foixante ans paffés; chez les Romains on n'étoit censé vieux qu'à cet âge. Suetone nous apprend qu'on étoit regardé comme jeune homme qu'à quarante-cinq ans, & que Jules Céfar ayant demandé le fouverain Pontificat à l'âge de trente-six ans, on le traita d'enfant, adolefcentulus eft. Ciceron s'appelle lui-même jeune, adolefcens, étant déja Conful.

L'honneur du triomphe étoit chez les Romains la récompense du mérite guerrier la plus éclatante & la plus glorieuse. Il y avoit différentes fortes de triomphes; le grand, appellé proprement triumphus ;

le petit, nommé ovatio. La différence qu'il y avoit entre le grand triomphe & le petit, c'est que dans celui-ci le triomphateur n'étoit point monté sur un char, mais entroit dans la ville, ou dans le camp, à pied, sans être revêtu de l'habit triomphal, ayant une couronne de myrte, & au fon des flûtes : dans le grand, le triomphateur avoit une couronne de laurier & des trompettes.

L'honneur du triomphe, non du grand, mais fouvent du petit, nommé ovation appartenoit aux foldats comme aux Chefs, & aux Généraux, omnibus honor triumphi, non magni, fed fæpe parvi, militibus etiam, Ducibus, Imperatoribus æqualiter conceffus eft.

Celui qui le premier étoit monté à une efcalade, qui le premier avoit attaché le bélier, ou fait agir avec fuccès le contrebélier; celui qui le premier étoit entré dans une tour ou dans un château, ou qui en avoit défendu l'entrée ; celui qui avoit été la caufe principale de la victoire

d'un combat naval; celui qui par fa grande valeur ou fon adreffe avoit décidé le fuccès d'un combat ou de quelque expédition de cavalerie; celui qui avoit sauvé la vie d'un citoyen, ou dans une bataille ou dans un fiege, ne tardoit jamais d'obtenir l'honneur du triomphe.

« Si quis murum primus omnium af>> cendiffet..

>> naffet ....

>> victor.

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fi caftellum ipfe expug

si navali pratio extitisset

fi verò equeftri aliquid ad

equitum ordinem fpectans præ fe fere» bat. . . . . . fi quis etiam civem confer» vaffet in acie, aut obfidione in roftris, » vel campis exornabatur coronâ, dona» batur quernâ, quæ dignitate aureis & » argenteis præftabat

De militia Romanâ, pars III. Lib. 22, cap. 6, pag. 178 & 179, de triumphis.

Carthage ayant été pris par Scipion, il en abandonna le pillage aux foldats pendant quelques jours, à la réserve de l'or, de l'argent, des ftatues & des autres

offrandes qui fe trouveroient dans les Temples. Enfuite il leur diftribua plufieurs récompenfes militaires, aussi-bien qu'aux Officiers, parmi lefquels deux s'étoient fur-tout diftingués, Ti. Gracchus & C. Fannius, qui les premiers étoient montés fur le mur.

Hift. Rom. tom, VIII. liv. 26, pag. 354.

Mais chose bien remarquable, c'est que dans toutes les plus petites ovations, comme dans le grand triomphe, qui n'étoit accordé que pour des victoires confidérables, aux Généraux & à ceux qui avoient commandé en Chef, cum imperio, un Hérault d'armes, ou un Tribun revêtu de la grande cotte de mailles, comme un crieur public dans les ovations, au plus petit vainqueur, ne manquoient jamais l'un & l'autre, l'un s'approchant du char du triomphateur, l'autre du guerrier couronné, au milieu de fon cortege, de leur dire à haute voix à l'un ou à l'autre ces paroles bien dignes d'être rapportées :

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