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lui dit alors M. de Chevert, qui vous conviendroit parfaitement. Voulez-vous que vous faifant oublier le chagrin de tant de refus, je demande ce détachement pour vous ? Vous m'obligerez beaucoup, dit l'Officier Général; de quoi eft-il donc queftion, quel eft l'objet de ce détachement? Le voici, dit M. de Chevert. On veut furprendre un pofte important, attaquer & emporter indispensablement un certain ouvrage. Pour y parvenir, il faut défiler long-tems fous le feu d'un retranchement un à un', & prefque toujours circulairement, fe former enfuite fous un baftion placé sur un rocher, gravir fur ce rocher vivement, & ne pas perdre un inftant à pénétrer par une brêche qui fe trouve à la muraille les embrafures,

, par

par une poterne, que l'on enfoncera à coups de hache, & même par les crenaux. Le fuccès dépend de la vigueur de l'attaque, ainfi vous voyez que cette action fera glorieufe. A mefure que M. de Chevert parloit, l'Officier Général pensoit,

rêvoit,

rêvoit, s'attriftoit, & finit enfin par lui dire que ce n'étoit pas à son tour à marcher, qu'il falloit laiffer ce détachement à quelqu'un qui connût le pays; enfin il n'en voulut plus, il le refusa. Alors M. de Chevert lui dit : Eh bien, Monfieur, ce détachement m'est destiné; c'est par des entreprises périlleufes, & que vous refuferiez, que j'ai acquis les grades où je fuis parvenu; je fçais ce que vous avez dit de moi, & combien vous avez cherché à me déprétier; mais à préfent je fuis bien vengé.

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On plaça, il y a déja quelques années, dans l'églife de S. Eustache à Paris, le médaillon en marbre de M. de Chevert, avec une épitaphe que fa noble simplicité a fait remarquer. Quoique le Mercure de France l'ait déja rapportée comme un excellent modele en ce genre, on la reverra avec plaisir à la fuite d'une anecdote qui femble devoir l'amener naturellement.

On attribue cette épitaphe à plusieurs

S

de MM. de l'Académie Françoise. La

voici :

FRANÇOIS DE CHEVERT,

COMMANDEUR-GRAND'CROIX DE L'ORDRE
ROYAL ET MILITAIRE DE SAINT-LOUIS;
CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL
DE LAIGLE BLANC DE POLOGNE;
GOUVERNEUR DES VILLES DE GIVET
ET CHARLEMONT;

LIEUTENANT-GÉNÉRAL DES ARMÉES DU ROI.

SANS AYFUX, SANS FORTUNE, SANS APPUI,
ORPHELIN DES L'ENFANCE,

IL ENTRA AU SERVICE A L'AGE D'ONZE ANS.
IL S'ÉLEVA, MALGRÉ L'ENVIE,
A FORCE DE MÉRITE :

ET CHAQUE GRADE FUT LE PRIX

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D'UNE ACTION D'ÉCLAT.

LE SEUL TITRE DE MARÉCHAL DE FRANCE,
A MANQUÉ, NON PAS A SA GLOIRE,
MAIS A L'EXEMPLE DE CEUX
QUI LE PRENDRONT POUR MODELE.

Il étoit né à Verdun-fur-Meufe,

le 2 Février 1695;

Il mourut à Paris, le 24 Janvier 1769.

Quel modele en effet

pour

la nation,

pour l'efpece d'hommes qu'elle reproduit fans ceffe & fi l'on a vu des carabiniers, des grenadiers courir, voler au Temple Saint-Thomas pour y aiguiser leurs fabres fur le tombeau du vainqueur de Fontenoy, que de foldats , que de héros

و

peut maintenant enfanter le nouveau marbre de S. Eustache !

Que de récompenfes les loix de Solon ne décernent-elles pas aux foldats ! Que de distinctions, que d'honneurs, de récompenfes pour les foldats, dans les confeils, dans les fages avis de Thémistocle !

que

Que de foldats parvenus, que d'élévations, que de récompenfes dans Thucidide, pour tous ceux qui fervirent la patrie dans la fameuse guerre du Péloponefe, laquelle feule, & bien plus que toutes les autres, augmenta fi fort la valeur & l'expérience des Grecs, & rendit cette nation la Reine du monde !

Que d'éloges, que de décorations, que de triomphes, que d'honneurs de

toutes les efpeces, rendus au foldat intrépide dans les armées de Scipion & de Céfar! Auffi, difoient-ils l'un & l'autre qu'il ne tient qu'à un Général de faire des heros de fes foldats par la récompenfe.

par

Enfin la bienfaisance attentive & éclairée du feu Roi, du meilleur des Rois, de Louis le bien-aimé, couvrit d'une gloire immortelle la nation & le Monarque. Les distinctions honorables que Sa Majefté accorda aux foldats, qui, dans ses troupes, ont mérité le titre de vétérans les 24 ans de fervice, défignés dans l'art. XIII. de l'Ordonnance du 16 avril 1771, affurent à la postérité la plus reculée, avec le plus ancien luftre du nom François, toute la gloire de Lacédémone & d'Athenes, les vrais, les anciens" foldats des Marius, des Fabius, des Céfars & des Scipions.

Qu'on juge de ce que peuvent exciter dans l'ame du foldat François l'amour de fon Souverain, la reconnoiffance, l'honneur, l'idée, l'espoir de la récompenfe,

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