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des plus grands vainqueurs le Général est le premier foldat; M. de Mirabeau a nommé le Roi de Pruffe le Roi des foldats Romains, dit Sextius, entendezvous les menaces que Poftumius fait à fes foldats, comme fi c'étoient des efclaves.

Hift. Rom. tom. II, pag. 315.

Bien loin que ce rang fût abject & un état de fervitude chez les Romains, le fimple foldat pouvoit, en paffant fucceffivement par différens degrés, arriver jufqu'au Confulat; il avoit, en entrant dans la carriere des armes, l'agréable perspective d'envisager dans le lointain les premieres charges de l'Etat & de l'Armée, comme autant de récompenfes auxquelles il pouvoit afpirer.

Cette confidération, cet efpoir, ce foin de mettre la vertu & le mérite en honneur, de leur laiffer toujours ouverte la voie la plus naturelle, furent le véritable caractere de la république Romaine,

& le moyen qui contribua le plus efficacement à fa grandeur. C'est par-là qu'elle relevoit le courage des moindres citoyens, qu'elle les intéreffoit à la gloire & au fuccès des entreprises, & qu'elle en faisoit autant de Héros.

Les Tribuns du peuple fe plaignant de ce que les Plébeïens fe trouvoient depuis quelque tems exclus des charges, difoient avec raifon, que ce font les grands hommes qui font les grands courages, qu'aucun Plébeïen ne se mépriseroit lui-même, s'il cessoit d'être méprisé. « Amis, leur » dit Valere, ce ne font pas mes paroles » que je vous exhorte à suivre, mais bien » mes actions; ce n'eft point aux cabales » ufitées parmi les Nobles, mais à ce » bras, que je fuis redevable de trois » Confulats & de la gloire où je fuis » parvenu. Il a été un tems où l'on pou» voit dire : Quelle merveille! vous étiez » Patricien, & defcendu des libérateurs » de la patrie, & le Confulat est entré » dans votre famille la même année que

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>> cette ville a commencé à avoir des » Confuls. Maintenant le Confulat nous » est ouvert à tous également, aux Plé»beïens, comme aux Patriciens. Il n'eft plus le fruit de la naissance, mais du » mérite. Vous devez, foldats, porter » vos vûes jusqu'aux premieres dignités ». Hift. Rom. tom. III, pag. 66.

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En effet la profeffion militaire, & toutes les familles qui fourniffoient des guerriers, fans aucune diftinction entr'elles, ( malgré l'inimitié & les fréquentes querelles de Sylla & de Marius), étoient en auffi grand honneur chez les Romains que dans l'Egypte, où immédiatement après les familles facerdotales, celles qu'on eftimoit les plus confidérables, étoient les familles deftinées aux armes.

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La République ne permettoit aux perfonnes libres que deux profeffions, la guerre & l'agriculture; elle ne fépara jamais ces deux emplois, mais les joignit conftamment ensemble. Les premiers Ro

mains étoient tous laboureurs,. & les laboureurs étoient tous foldats. Le labour, qui faifoit leur occupation ordinaire, les préparoit merveilleufement aux exercices militaires. Nulles 'fatigues, dit Seneque, ne rebutent des mains qui paffent de la charrue aux armes : Nullum laborem recufant manus quæ ad arma ab aratro transferuntur.

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Senec. Epift. 51.

<< Meffieurs, difoit un ancien Centurion » au peuple, je m'appelle Sp. Liguftinus. » Je fuis de la Tribu Cruftumine, du pays » des Sabins. Mon pere m'a laiffé un ar» pent de terre & une petite cabane où je fuis né & où j'ai été élevé, & j'y » habite actuellement. Dès que je fus en âge de me marier, il me donna pour » femme la fille de fon frere; elle ne m'a

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apporté pour dot que la liberté, la »chafteté, & une fécondité fuffifante pour » les plus grandes maifons. Nous avons » fix fils, & deux filles, mariées toutes

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» deux. De mes fix fils, quatre ont pris » la robe virile, & deux portent encore » la robe de l'enfance. J'ai commencé à

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» porter les armes fous le Confulat de >> P. Sulpicius & de C. Aurelius. J'ai » servi deux ans en qualité de simple fol» dat dans l'armée qui fut employée en » Macédoine contre le Roi Philippe. La » troisieme année, T. Quintius Flami»nius, pour me récompenfer de mon » courage, me fit Capitaine de Centurie » dans le dernier manipule des Hastaires. » Je fervis enfuite comme volontaire en

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Espagne fous le Conful M. Porcius Ca» ton ; & ce Général, si jufte estimateur » du mérite, me jugea digne d'être mis » à la tête du premier manipule des Haf>> taires. Je redevins encore une fois foldat » volontaire dans l'armée qu'on envoya >> contre Antiochus & les Etoliens, & ce >> fut en cette guerre que Manius Acilius » me fit premier Centurion du premier » manipule des Princes. J'ai fait encore » depuis plusieurs campagnes, & dans un

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