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que

Suetone rapporte ce fait admirable dans la vie de Céfar, en exagerant moins Montaigne ; il dit que le bouclier de Scava fut percé de cent vingt coups, & non en deux cents trente lieux, centum & viginti icibus fcuto perforato.

Suetone, §. 68.

Un homme qui a trente légions à fon service, aura toujours raifon; c'eft la meilleure de toutes les dialectiques, dit un..... On ne fauroit en difconvenir

pourvu toutefois que les guerres que cet homme entreprend foient effectivement juftes, & que fes légions foient compofées

de foldats.

CHAPITRE I V.

Aux bas-Officiers.

SOLDATS

OLDATS intermédiaires entre les Officiers & les foldats, connoiffez vos devoirs & votre autorité; quoiqu'en apparence fort peu étendus, ils font l'un & l'autre fans bornes, puifque vous pouvez autant fur le foldat, que vous devez à l'Officier; votre grade eft plus particuliérement qu'aucun autre, un état de voir & d'obéiffance, il exige indifpenfablement & davantage l'exemple des deux.

pou

Votre premiere étude eft la parfaite connoiffance de ceux auxquels vous commandez; il ne vous importe pas moins d'étudier ceux qui vous commandent.

Votre ordre, votre miniftere eft la base, le pivot de toute discipline, c'est fur vous que roulent le détail & l'exécuxion de toute espece de fervice; vos fonc

tions les embraffent, les préparent toutes. Que de devoirs n'en omettez aucun, n'en négligez, n'en dédaignez aucun, ils font tous auffi importans qu'honorables.

Céfar, parlant du siege d'Avaricum 'dit que c'étoit fa coutume de fe tenir nuit & jour près de fes ouvriers qu'il avoit en befogne.

Cum Cefar ad opus confuetudine excubaret.

De bello Gallico, lib. VII, c. 3.

Quoiqu'on puiffe exiger de vous, quoiqu'on vous ordonne, c'est toujours & en tout votre Maître, votre Roi que vous fervez; honorez, chériffez tous vos fervices.

Soyez plus doux que feveres, plus fermes que violents & durs ; faites-vous obéir, puniffez, vous en avez le droit; mais que ce foit en tout tems fans humeur & fans colere. Voudriez - vous offenfer, outrager en puniffant? Ménagez vos compagnons, ne les aviliffez jamais par des traitemens, par des termes inju

rieux; vous fortez de leur fein. Oferiezvous rendre votre ancien état méprifable, en déshonorant votre état actuel ?

VOS

Oubliez fur-tout & bien fincèrement vos anciennes querelles avec eux, plus petites difcuffions d'autrefois. L'Empereur Adrien, qui avoit été foldat comme vous, ayant rencontré un ancien camarade qui l'avoit fort offenfé, lorsqu'il n'étoit encore que foldat, lui cria : Maintenant tu n'as plus rien à craindre.

Hiftoire Rom.

Quand M. de Chevert, devenu Lieutenant-Général des armées du Roi, fut élevé au grade d'Officier dans le Régiment de Beauffe, il fut trouver un foldat de ce même Régiment, de la Compagnie de la Cofte, & lui dit : Nous ne nous fommes jamais trop aimés, je ne fçais pas pourquoi, car nous fommes de braves l'un & l'autre ; uniffons-nous à préfent, & regardez-moi comme votre meilleur ami. En effet, il n'eft point de marque

gens

'd'amitié, ni de fervice que M. de Chevert n'ait rendu en toute occasion à son ancien camarade.

Rendez agréables toutes vos fonctions par vos manieres honnêtes; tout ce qui commande a besoin des cœurs ! vous particulierement, foldats intermédiaires, que vos anciens camarades voient fans cesse que certains pourroient jalouser ; vous, qui continuellement parmi eux fondez, reglez & affurez tout service; leur averfion pour vous y porteroit coup sûrement, & vous joindriez à cette douleur celle d'une haine toujours méritée, &, si on y faifoit attention, les plus grands obftacles à votre avancement.

Un bas-Officier, homme cruel & barbare, fans avoir égard à la difette du moment, dans un tems de la plus grande cherté, prefque de famine, & dans un petit lieu qui ne devoit pas exiger la derniere tenue, vouloit cependant que les foldats fuffent toujours poudrés, comme dans une garnifon, comme dans une grande

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