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» affez petit nombre d'années j'ai été qua» tre fois Primipile, j'ai été récompenfé » trente-quatre quatre fois par les Généraux. >> J'ai reçu fix couronnes civiques (1), » j'ai fait vingt-deux campagnes, & je » paffe cinquante ans. Quand je n'aurois » pas rempli toutes mes années de fer» vice, quand mon âge ne me donneroit >> pas mon congé, pouvant fubftituer qua»tre de mes enfans à ma place, je méri» terois bien d'être exempté de la nécef» fité de fervir : mais dans tout ce que » j'ai dit, je n'ai prétendu que faire voir » la juftice de ma caufe: du refte, tant >> que ceux qui font des levées me juge» ront en état de porter les armes, je ne >> refuserai point le fervice. Les Tribuns » des foldats me mettront au rang qu'il » leur plaira, c'est leur affaire: la mienne >> eft de faire en forte que perfonne n'ait

(1) C'étoient des couronnes de feuilles de chêne, qu'on donnoit pour avoir fauvé la vie à un citoyen dans le combat.

» le rang au-deffus de moi pour le cou» rage, comme j'en fuis en poffeffion » ne craignant point de, prendre ici à té» moins & tous les Généraux fous qui j'ai » fervi, & tous mes camarades. Pour » vous, Centurions, qui êtes dans le mê» me cas où je me trouve, quoique vous » ayez auffi bien que moi imploré le fe>> cours des Tribuns du peuple, comme » néanmoins pendant votre jeuneffe vous » n'avez jamais réfifté à l'autorité des Ma» giftrats & du Sénat, il me semble qu'à l'âge où vous êtes il convient que vous >> vous montriez foumis au Sénat & aux » Confuls, & que vous trouviez hono>> rable toute place qui vous mettra, en » état de rendre service à la république ».

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Hift. Rom, tom. VIII, pag. 29, 30, 31 & 32.

Si les Romains mettoient le foldat au rang des premiers citoyens & des plus utiles, s'ils confidéroient, s'ils voyoient *toujours en lui des Marius, des hommes

qui pouvoient un jour commander les

armées, & répondre personnellement du falut de la république; Lacédémone vit également & honora de même dans les Gylippes & dans les Léonides, comme Athenes dans les Eumenes & dans les Iphicrates, leurs plus glorieux défenfeurs.

Marius étoit, comme tout le monde fait, un foldat de fortune, né de parens très-pauvres & très-obfcurs. Le lieu de fa naiffance fut Arpinum, il paffe dans l'histoire pour Arpinàte : & Ciceron, qui étoit de ce même lieu, fe fait en plus d'un endroit grand honneur d'un tel compatriote, & vante la gloire de sa ville natale qui a donné deux libérateurs à l'Empire, Marius & lui.

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Voici ce que Marius dit de fa naiffance :

« Pour moi je ne puis pas vanter mes > ancêtres, mais je puis rapporter mes » propres exploits, ce qui est fans doute » plus glorieux. Voyez, je vous prie,

>> combien les Nobles font injuftes. Ils » prétendent tirer du luftre d'un mérite » étranger; & ils ne veulent pas que j'en » tire de celui qui m'eft propre, parce » que je n'ai point chez moi ces anciennes » images dont ils parent leurs maisons, » & parce que mon illuftration est ré», cente: mais ne vaut -il pas mieux être >> foi-même l'auteur de fa nobleffe, que » de deshonorer celle qu'on a reçue de » fes peres » ?

Hift. Rom. tom. IX, pag. 310.

Sallufte remarque que lorfque Marius dans fon premier âge fut nommé par le peuple à l'emploi de Tribun des foldats, ses actions feules folliciterent pour lui; car il avoit paru bien plus dans les camps & dans les armées, que dans la place publique; & la plupart de ceux qui lui ̧ donnoient leurs voix, ne le connoiffoient pas de vifage.

Le foldat Eumene, iffu d'une baffe naiffance, fut trop grand pour en jamais

nentes

rougir : il étoit natif de la ville de Cardie, au pays de Thrace, & fils d'un roulier, qui, felon l'Hiftorien Duris, & felon Plutarque, pour fa pauvreté fe mêloit de voitures en la demi-Ile de Thrace. Il fut très - chéri de Philippe, & fort honoré d'Alexandre le Grand, qui ne dédaigna pas de lui donner en mariage la fœur de sa femme, nommée Barfine. Il s'avança par degrés jufqu'aux places les plus émi& auroit pu afpirer au Trône s'il avoit eu ou plus d'ambition, ou moins de probité; dans un tems où les brigues & les cabales, animées par le motif le plus capable de remuer le cœur humain, je veux dire l'envie de régner, ne connoissoient ni fincérité, ni bonne foi, ne respectoient ni les liaisons du fang, ni les droits de l'amitié, & fouloient aux pieds les loix les plus facrées. Eumene conferva toujours pour la Famille Royale un attachement & une fidélité inviolables, que nulle espérance, nulle crainte, nul

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