» taire étant une fois abolie, le foldat » n'obéira plus au Centurion, le Centurion » au Tribun, le Tribun au Lieutenant, le » Lieutenant au Conful, le Maître de la » Cavalerie au Dictateur; lorsqu'on ne ref

pectera plus les hommes ni les Dieux; que » les ordres des Généraux & les aufpices » ne feront plus obfervés ; que les foldats » fans congé se répandront de côté & » d'autre où il leur plaira ; qu'oubliant la » religion du ferment, & n'ayant pour » guide que la licence, ils fe dégageront » du fervice à leur gré; qu'on ne fe » trouvera plus fous le drapeau, qu'on ne » s'affemblera plus à l'ordre; qu'on ne » diftinguera plus fi c'eft de jour ou de >> nuit, dans un lieu favorable ou con» traire, par l'ordre ou fans l'ordre du » Général qu'il faut combattre; qu'on ne » fera plus attentif à fuivre fon drapeau, » ni à garder ses rangs; en un mot, que » la milice, au lieu d'être gouvernée » comme elle l'a toujours été, par le fer» ment & par des ufages inviolables, de

» viendra un aveugle brigandage, fans re»gle & fans loi : Tribuns du peuple, ren» dez-vous refponfables de ces défordres » à tous les fiecles à venir; chargez vos >> têtes de l'horreur de tous ces crimes

» pour foutenir Fabius dans fa défobéif>> fance ».

Hift. Rom. tom. III, pag. 167 & 168.

Jeunes Officiers, Plutarque vous préfente enfin dans le tableau du jeune Marcellus le plus beau modele que vous puiffiez vous proposer ; le voici :

« Marcus Claudius, celui qui fut cinq » fois Conful à Rome, étoit fils d'un » autre Marcus; mais il fut le premier de >> fa maison furnommé Marcellus, qui >> vaut autant à dire comme martial & bel» liqueux, ainfi comme écrit Pofidonius, » pour ce qu'il étoit adroit aux armes, fort expérimenté au fait de la guerre, >> & difpos de fa perfonne, prompt à la » main, & aimant de fa nature à com» battre : mais il ne montroit cette âpreté

»

» & ardeur de combattre, qu'à la guerre » contre l'ennemi feulement; car au de» meurant fes mœurs étoient fort douces » & fort atrempées. Il aima les disciplines » & lettres grecques, jufqu'à honorer & » eftimer seulement ceux qui en savoient: » car au refte les affaires l'en garderent » d'y pouvoir vaquer, & de s'y exerciter >> autant comme il eût bien désiré, pour ce » que s'il y eût onques hommes aufquels » Dieu, ainfi que dit Homere, fit

» User en guerre & en fanglans estours »Leurs jeunes ans jufqu'à leurs vieux jours;

» ce furent les Nobles & les principaux >> hommes Romains de ce fiécle-là, qui » en leur jeuneffe eurent à combattre con»tre les Carthaginois, en la Sicile; en » leur fleur d'âge, contre les Gaulois ; & » en leur vieilleffe, contre Hannibal ».

Hom, Plut. in Marcello, pag. 191.

CHAPITRE V I..

Des honneurs qu'on rendoit chez différens peuples aux foldats parvenus, lors de leur élection.

CHEZ LES GRECS.

LORSQU'UN foldat, après avoir obtenu

diverses récompenses, méritoit d'être élevé au grade d'Officier, on affembloit l'armée, on menoit le candidat dans le lieu vexillaire (au centre des drapeaux, des étendarts & des fignes, qui étoit le milieu & le vuide intérieur de la phalange): là on le dépouilloit d'une robe ou tunique, & d'une couronne blanche ou verte, qui étoit le premier habit de reception; on le révêtoit enfuite de l'habit de foldat, & fucceffivement de tous les habits des différens grades qu'il avoit obtenus ; enfin on lui mettoit à la main gauche un dra

peau, s'il étoit fantaffin, ou un étendart ou un figne, s'il étoit cavalier, en lui faifant lever la tête & la main droite vers le ciel. Alors il-prononçoit à haute voix, il renouvelloit fes vœux militaires & le ferment patriotique. Les vœux & le ferment proférés, le Commandant lui impofoit & lui ceignoit lui-même les différentes marques d'Officier, lui en revêtoit le grand habit & l'arme principale, l'embraffoit, le faifoit élever fur un bouclier, le montroit, le nommoit, & l'annonçoit à toute l'armée, avec toutes les actions de valeur & de vertu que la patrie venoit

de couronner.

Inter vexilla, jusjurando fado & elato, fuper clypeum exercitui integro monftrabatur, nominabatur, proclamabatur promotus & decoratus miles.

CHEZ LES ROMAINS.

Le foldat élu étoit conduit au champ de Mars, ou par toute la centurie ou par la turme entiere dont il étoit, Un Tribun