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EPITRE

AUX SOLDATS,

SOLDATS,

VOTRE nom est si beau! Il honore les plus suprêmes dignités, le trône même. Le guerrier qui ne s'en rendit point digne, ne fut jamais appellé au commandement des armées. Votre vie est si noble et si glorieuse! vous êtes les défenseurs de l'Etat. César vous honoroit du nom de ses compagnons. Les plus anciens Maîtres du monde, les Trajan, les Adrien, les Pescennius, les Alexandre, les Severe, les Probe, les Julien, furent aussi jaloux de votre

nom que de vos cœurs; tous se firent gloire de s'égaler aux derniers de leurs soldats. C'est avec eux 2 c'est par eux que les Grecs ont arrêté toutes les forces de l'Orient, et que les Romains ont vaincu et soumis tous les autres peuples. Leurs armées n'étoient composées que de citoyens comme vous ; car ce n'étoit que dans une extrême nécessité que Sparte, comme Rome, mettoient les armes entre les mains des esclaves. Aussi ne vit-on jamais de meilleurs soldats, plus faits à la fatigue, plus endurcis aux exercices militaires, plus formés à l'obéissance et à la discipline, plus remplis de courage et d'intrépidité, plus sensibles à l'honneur, plus dévoués à la gloire et au bien de la patrie. Comme vous, ils étoient invincibles; ils étoient com

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me vous la fleur de l'Etat. Ce n'étoit point des soldats levés au hasard,

souvent enrôlés par ruse par ruse ou par force, insensibles à la gloire, indifférens à un succès qui les touche peu, qui n'eussent rien à perdre, qui fissent de la guerre un métier de mercenaires, qui vendissent leur vie en esclaves. C'étoit l'élite des deux peuples du monde les plus belliqueux, des soldats déterminés à mourir, ou à vaincre, qui ne respiroient que guerre et que combats, qui n'avoient en vûe que l'honneur et la liberté de leur patrie, qui dans une bataille croyoient voir à leurs côtés leurs femmes et leurs enfans dont le salut étoit confié à leurs armes et à leur courage. Voilà quels étoient les soldats Grecs et Romains; et voilà quels vous êtes, chers

Camarades, Soldats François, dont les nations ne pourront jamais surpasser la gloire ; je vous la retrace, je vous l'offre, je vous en rends l'hommage à vous-mêmes, et la consacre à l'univers.

BOUSSANELLE, Brigadier des
Armées du Roi.

Nota. La vie du foldat eft très-agréable & très noble, dit Montaigne; il n'eft occupation plaifante comme la militaire : occupation & noble en exécution (car la plus forte, généreuse & superbe de toutes les vertus, eft la vaillance ), & noble en fa cause. Il n'eft point d'utilité, ni plus jufte, ni plus univerfelle, que la protection du repos & grandeur de fon pays.

Effais de Montaigne, tom. III. Liv. 3, chap. © - 23, pag. 357 & 358.

Nec milites eos pro concione, fed blandiori 39 nomine Commilitones appellabat».

Suetone, vie de Céfar, c. 67.

Spartian. Lamprid. Ammian. Lib. 25.
Hift, anc. tom. XI, I. part. pag. 326.

PREFACE.

LE sang qui coule pour la patrie

fut toujours le plus noble ! Soldats, si la religion, si la vertu sont la regle de vos actions, vous n'avez plus rien à envier à la condition des Grands; si, pénétrés de l'amour de votre Roi, toujours attachés au bien public, pleins de constance, de grandeur d'ame et de mépris des plus grands dangers, vous marchez à grands pas dans votre honorable carriere, ni la naissance, ni l'éclat des charges n'auront aucun avantage sur vos glorieux travaux. Les premieres armes d'un soldat sont ses membres; celui qui ne les

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