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être bonne. Pour la rendre un peu tolerable, & fraiche, on la renferme dans des pots d'une terre, qui eft très-poreufe, qu'on expose aux fenêtres du côté du *Le* Miftral, qui regne pendant tout Nord. P'Eté. L'eau par ce moyen fe purifie, & n'a plus ce goût infipide, qu'elle ne peut manquer d'avoir dans un climat, qui eft à trente degrés de latitude, moins dix mi. nutes, & où l'on ne voit jamais de glace.

Cette incommodité eft bien dedommagée par la fituation, où fe trouve l'Egypte. Il n'y a nul Pays au monde, qui en ait une plus commode pour le commerce. Placée entre l'Afrique, & l'Afie, vis-à-vis de l'Europe, bornée d'un côté par la Mer Arabique, & de l'autre par la Mer Mediterranée, elle doit être comme la dépofitaire de toutes

les richelles de ces trois parties. du monde.

Auffi l'a-t-elle été pendant plu fieurs fiecles. L'hiftoire, tant facrée que prophane, ne nous parle que de la magnificence des Rois d'Egypte, de leurs tréfors immenfes, de leurs édifices fuperbes, & de tout ce qui peut con tribuer à la grandeur, & à l'opulence d'un Etat. L'on ne peut douter, que ce ne fût-là l'effet du commerce, que faifoient alors les Egyptiens, qui étoit si floris fant, qu'ils étoient les feuls, qui fabriquoient jufqu'à l'extrêmité des Indes, étant les feuls, qui par leur fituation fur la Mer Ara. bique, pouvoient aisément pénétrer jufques-là, & y commercer. Pour en faciliter même le commerce, ils creuférent ce fameux Canal, qui du Nil alloit jusqu'à Sués, & qui étoit comme une jonction de la Mer Mediterranée

avec la Mer Arabique. Entreprife, que l'antiquité n'a pû se lafler de louer, & qu'elle a mis au-deffus de tous les ouvrages de la main des hommes.

Le commerce n'eft plus fur le même pied en Egypte. Rien n'a tant contribué à le diminuer,que la perfection, où prefque toutes les Nations ont porté la navigation. Il y en a cependant encore. Il vient par la Mer Rouge plufieurs marchandises, entr'autres grande quantité de café. Lorf. qu'il eft à Sués, on le charge fur des chameaux jufqu'au Caire. Au Caire on le met fur le Nil jufqu'à Roffette, ou à Damiette. Là on l'embarque fur Mer pour le transporter à Alexandrie.

..

Il faut même que le commerce foit encore très- confidérable; car il y a un grand nombre de commerçans établis au Caire, &

dans

dans d'autres Villes. Il y a plus de François que de toute autre Nation. Ils font en grand nombre au Caire, qui eft la demeure de leur Conful general. Mais à Roffette, & à Alexandrie, & dans chacune de ces Villes, il y a un Viceconful. Ils n'ont pu s'établir à Damiette. Les habitans ne peuvent fouffrir aucun François dans leur Ville & dans leur Port, fe reffouvenant. que dans le 13e, fiecle les Francs s'étoient rendu maîtres de leur Ville. Tout leur commerce, qui eft un des meilleurs de l'Egypte,. eft entre les mains des Marchands ou Turcs, ou Grecs.

Les Anglois ont auffi des établiffemens au Caire, & à Alexandrie, avec un Conful, & un Viceconful.

Dans les mêmes Villes on trou ve. quelques Marchands Italiens,, mais en petit nombre, & fans Conful.

K

L

CHAPITRE IV.

Le Nil

A fource du Nil eft dans l'Ethiopie, quoiqu'il groffiffe de quelques rivieres, qu'il reçoit dès le commencement de fon cours, cependant fa cruë annuelle, par laquelle il inonde, & fertilife l'Egypte, dépend uni quement des pluyes, qui tombent régulierement en Ethiopie depuis le folftice d'Eté jufqu'à l'équinoxe d'Autonne. Le Nil deborde plus ou moins, felon que ces pluyes font plus ou moins abondantes.

Son cours n'a qu'un feul canal depuis fa fource jufqu'à cinq lievës au-deffous du Caire, il defcend de l'Abyffine, il traverfe les Royaumes de Fangi, autrement Sennar, & de Dongola, toute la Nubie, & l'Egypte. Mais

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