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vres & aux Relations, qu'on a donné au Public fur cette matiere.

Nous ajouterons que le Pere Sicard, depuis qu'il avoit mis par écrit ce projet, a fait ce qu'il confeilloit de faire à quiconque entreprendroit de continuer fon Ouvrage.

LETTRE

DU PERE STEPHAN, Miffionnaire de la Compagnie de Jefus en Crimée de Tartarie. Au Pere Fleuriau de la même Compagnie.

ON REVEREND.

M PERE,

Notre Miffion à Bagehfaray Capitale de la Crimée de Tartarie, devant fon établissement à feu Mr le Marquis de Ferriol, ci devant Ambaffadeur à la Porte Ottomane, & à vos foins, & à vos follicitations en France, il est jufte de vous en donner fouvent

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des nouvelles. Le peu de commodité, que nous avons pour faire paffer nos Lettres en Europe, eft caufe, que vous n'en recevez que rarement. C'est donc avec joye que je profite de l'occafion qui fe prefente très-à-propos, pour me donner l'honneur de vous écrire, & vous faire fçavoir l'état prefent de notre Miffion.

Mes dernieres Lettres, fi vous les avez reçûës, vous auront dé ja inftruit des troubles, qui commençoient dès-lors à nous faire perdre la paix, dont nous joüiffions dans cette grande Province. L'œuvre de Dieu s'y faifoit. Nos Catholiques s'acquittoient de leurs devoirs avec liberté & avec ferveur, lorfque les paffions, qui naiffent ordinairement dans les cours de ceux, qui gouvernent, nous ont donné de justes craintes pour notre Mission, &

pour tous nos Difciples. Mais le Maître, qui envoye fes ouvriers dans fa vigne, n'a pas permis, que fon heritage fut détruir. Il l'a confervé, & a confolé les Miniftres de fon Evangile, après les avoir éprouvé pendant quelque

tems.

J'aurai l'honneur, mon Reve rend Pere, de vous faire en peu de mots le récit de tout ce qui s'eft paflé ici ces dernieres années.

Il faut vous dire d'abord que la Crimée de Tartarie eft une Province particuliere, gouvernée fous les ordres du Grand Seigneur par un principal Officier, qui prend le titre de Padicha; c'est-à-dire Empereur; ou Roy; on le nomme communément dans le Païs le Kan des Tar cares.

Le Grand Seigneur difpofe de

cette Place importante; mais en vertu d'un ancien privilege de la Crimée, il eft obligé, pour la remplir, de faire choix d'un Sujet tiré d'une ancienne & nombreufe Famille de cette Province, la quelle s'appelle Quiray. Cette Famille fe dit être dans fon origine, Famille Royale ; ceux qui en font, portent tous le nom de Quiray, &avec ce nom, dont ils font jaloux, ils prétendent avoir autant de droit, que le Kan des Tartares, de fe faire appeller Padicha, c'est-à-dire Empereur,comme nous l'avons déja dit. Mais ce titre, dont ils fe glorifient, ne les rend pas plus riches. J'en ai yû plufieurs d'entre-eux,qui menoient une vie miferable, fe fça. chant cependant bon gré de s'appeller Quiray. Ils font tous la cour au Grand Vifir, dans l'efperance de pouvoir obtenir par fon moyen

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