polies de haut en bas, cette petite mouffe, qui ne croît que fur les extrémités des trous & le long des rigoles, fans que dans tout cela,trois mille ans écoulés ayent fait aucun changement? Je demande encore un coup, que figni fient toutes ces remarques fi fenfibles, finon qu'elles font autant de preuves inconteftables, qu'il fortit autre-fois de tous ces trous une eau abondante & miraculeufe.

C'est

par les veftiges de ce pro dige fi nettement expofé dans nos Livres faints, que Dieu vou lut alors forcer un peuple infidéle à croire à fa parole, & à ef pérer en fes miféricordes.

Le fecond objet de nos obfervations, fut le moule de la tête du veau d'or, que les Ifraëlites adorérent. Nous ne fçavons, dirent-ils à Aaron, ce que Moyfe

B

notre conducteur est devenu, donnez-nous des Dieux, qui nous conduifent.

Ce moule eft au pied du Mont Oreb, & fur le chemin qui communiquoit au Camp des Hebreux; je le mefurai, & je trou vai, que fon diamettre & fa profondeur font de trois pieds chacun: il eft creusé dans un marbre granit rouge & blanc. En l'exa. minant de fort près, nous y remarquâmes en effet la figure de la feule tête d'un veau, avec fon mufle & fes cornes.

Cette obfervation, & la remarque, qu'on peut aisément faire, qui eft,que quelques Saints Peres, & en particulier Tertulien, faint Cyprien, faint Ambroife, faint Auguftin & faint Jerome, expliquant le chapitre 32. de l'Exode, ne font mention, que de la tête d'un veau, & non de la figure

d'un veau entier, qui fut l'objet de l'adoration de ce Peuple, notre remarque & les paroles des Peres ne pourroient-elles point faire douter, fi en effet Aaron ne fit fondre, que la tête d'un veau, & non fon corps entier.

Mais les paroles de ce cha pitre 32. difent fi diftinctement, qu'Aaron fit fondre un veau aux inftances, que lui en firent les Ifraëlites, qu'il n'eft pas permis de douter, que ce ne fût en effet un veau entier, qui fut fondu. Mais il eft aifé de concilier tous ces Textes, en difant qu'Aaron fit faire differens moules, pour forger fon veau d'or, que l'un étoit pour la tête, dont les Peres ont parlé, & qui étoit alors le feul connu, & les autres pour les differentes parties du corps du

hors de propos

d'ajoûter ici, qu'il eft certain que les anciens Egyptiens mettoient au nombre de leurs Divinités la tête d'un veau : or le peuple Hebreux fortant de l'Egypte après quatre cens ans d'une dure captivité, a pû donner occafion aux Saints Peres, que j'ai cité de dire, que ce peuple fi porté à l'Idolatrie, avoit adoré à l'exemple des Egyptiens, la tête d'un

veau comme une Divinité.

Après avoir rapporté ici mes obfervations fur la Roche, dont Moyfe fit fortir l'eau, & fur le moule de la tête du veau, que les Ifraëlites adorerent, je reprens, mon R. Pere, la fuite de notre voyage.

Après notre visite du Mont Sinaï, nous allâmes faire celle du Monaftere de Raithe. Les miracles & les écrits du venerable Jean, qui en étoit Abbé, & qui

étoit ami particulier de faint Jean Climaque, ont rendu ce Mona. ftere très celebre. Il eft fitué fur la Mer Rouge à quarante ou cin quante mille de Sinaï ; les Jardins & les Grottes, où les Solitaires fe retiroient, font encore en fort bon état. J'aurai occafion d'en parler ailleurs, & du Mole qui forme le Port de Tour. Je vous dirai feulement de ce dernier , que toutes les Puiffances d'Europe ne pourroient faire un pareil ouvrage.

Figurez-vous, mon R. Pere; de longues allées d'arbriffeaux petrifiés dans la Mer, & rangés d'un côté & d'un autre en ligne droite pour rompre les flots, & pour affurer la rade tel eft le Mole de Tour.

Nous nous promenâmes deux fois dans ce Port en chalouppe; mes compagnons n'avoient nulle