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ce Pays, dont il pofléde parfaite ment la Langue, & qu'il a d'ail leurs un grand goût joint à un jufte difcernement, je lui dois la justice de publier qu'il m'a été d'un grand fecours dans les voya ges, qu'il a bien voulu faire avec moi. Nous nous recommandons à fes faints Sacrifices, & je vous prie en mon particulier d'être bien perfuadé de la parfaite reconnoiffance avec laquelle je fuis,

MON REVEREND PERE,

Son très humble & très- obéiffant ferviteur CLAUDE SICARD Miffionnaire de la Compagnie de Jefus en Egypte.

LETTRE

DU PERE SICARD, MISSIONNAIRE DE LA Compagnie de Jefus en Egypte, écrite au Pere Fleurieau de la même Compagnie.

ON REVEREND

M PERE,

J'ai l'honneur de vous envoyer la Relation d'un voyage que j'ai fait jufqu'aux Cataractes du Nil, pour y continuer mes Millions chez les Coptes, & en même tems pour commencer mes remarques fur les antiquités d'Egypte.

J'ai pris une connoiffance auffi

exacte qu'il m'a été poffible, de tout ce qui m'a paru digne des Mémoires, que Monteigneur le Duc d'Orléans & Monfieur le Comte de Maurepas, m'ont fait l'honneur de me demander.

,

J'ai eû l'avantage de me trou ver en la compagnie de Mr l'Ab. bé Pincia, Ecclefiaftique Piémontois, homme fçavant, & grand amateur de l'antiquité ; cet Abbé étoit venu en ce Pays-ci dans le deflein de faire la comparaifon des plus beaux Monumens de l'I, talie, avec ceux, que l'Egypte a confervé jufqu'à present.

Vous jugerez aifément, mon R. Pere, de la joye que j'ai eu de pouvoir me joindre à une per fonne de ce mérite, & de l'avoir pour le témoin de mes décou

eû pour

vertes.

Avant que de vous en parler, je puis vous dire par avance, que

les yeux de cet Abbé, tout accou tumés qu'ils font à ne voir dans Rome, & dans le refte de l'Italie, que des objets magnifiques, n'ont pas laiffé que d'être furpris à la vûe des ouvrages Egyptiens, dont les feuls débris de quelques-uns Jui ont paru dignes d'admiration. En effet après les avoir bien confideré, il a été forcé de convenir qu'en fait d'Architecture noble, fimple & folide, les Cé fars ont été inférieurs aux Pha. raons.

Croit-on, par exemple, fans le témoignage de Mr l'Abbé Pintia, qui ne peut être suspect, que dans une des Ifles des Cataractes, on y trouve en entier des Temples élevés autrefois en l'hon. neur des Divinités les plus celé bres parmi les Egyptiens. Croit on qu'il y eût dans l'Egypte des Portiques, des Piramides, & plu

fieurs autres édifices, dont la beauté & la variété des fculptures furprendront toujours les étrangers, qui viendront en ce Paysci: c'eft cependant ce que nous affûrons avoir vu plus d'une fois.

Je ne vous en ferai pour le prefent, mon R. Pere, qu'un récit très-fuccint, il préviendra le grand Ouvrage, que je dois vous envoyer; mais tout fuccint qu'il fera, il ne laiffera pas que de vous donner une haute idée de l'ancien Empire d'Egypte.

Nous nous embarquâmes, Mr l'Abbé Pincia & moi, fur le Nil le 8 Novembre 1721, notre voyage ne fut que de deux mois & demi, car nous rentrâmes au Caire le 21 Janvier 1722; pendant ces deux mois &demi de voyage,tout ce que nous pûmes faire, fut de parvenir à la premiere Cataracte qui fépare la Nubie de l'Egypte.

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