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tous ces Solitaires étoient distri bués en divers grands corps de logis, & formoient comme autant de petits Couvents; ils ob fervoient la même regle.

Saint Pacôme étoit leur pere commun; il les raffembloit le faint jour de Pâques dans la gran de Eglife du Monaftére. Saint Jérôme dans fa Préface fur la regle de faint Pacôme, dit qu'en ce faint jour de Pâques, plus de cinq cens Solitaires chantoientenfemble les louanges de Dieu, & qu'a près la fête, ils s'en retournoient chacun dans leur Couvent, ani. més & réfolus plus que jamais. par les vives exhortations de faint Pacôme, à vivre jufqu'à la mort dans l'exercice de la pénitence, & dans la fuite du monde & des hommes, pour ne s'occuper que de Dieu feul.

• En confidérant la confufion où

lés tems ont réduit ce célébré Monaftére, il n'eft pas poffible qu'on ne fe rapelle le fouvenir de tous ces Saints Solitaires, & qu'on ne conçoive à leur éxémple, du mépris pour les chofés du monde, & un fincere défir des biens de l'éternité.

Près du Monastére dont nous venons de parler, on ne peut voir, fans s'affliger, un Temple dedié à Venus; il fur autrefois conftruit dans la ville d'Andora, & devint beaucoup plus fameux que celui de Thebes, qui avoit été pareillement dedié à une fabuleufe Divinité. Je trou vai dans celui-là une Inscription Grecque de Tibere Céfar. Je tâcherai, s'il est nécessaire de faire un nouveau voyage dans. les lieux que nous venons de courir, pour donner à une plus longue relation de nos décou

par

vertes toute l'exactitude qui me fera poffible. La lenteur de notre derniere navigation m'a donné le loifir de prendre chaque jour avec mon aftrolabe les hauteurs & la latitude des lieux, où nous avons paflés, j'ai examiné tous les différens contours du Nil & des Ifles qui en font voisines, il me fera aifé de marquer dans la Carte que j'en dois faire, nonfeulement les lieux modernes, mais encore plus de cent Villes anciennes, anciens Monafteres & Temples, dont j'ai trouvé les veftiges fur les bords du Nil, ou dans fes environs depuis le Caire jufqu'aux Cataractes.

L'ennui que nous caufoit notre lente navigation, nous faifoit prendre quelques-fois plaifir à voir le long du Nil un nombre prodigieux de Crocodiles, qui se Jaiffent approcher de fort près;

fept ou huit Ifles voifines de The bes en font remplies; on voit ces animaux d'une groffeur énorme, étendus par troupes fur le fable pour y gober l'air à leur aife, & pour y recevoir les rayons du Soleil les plus ardens, lorfqu'on les approche, & que l'on fait du bruit, alors ces gros coloffes fe levent lourdement de terre, & vont fe plonger dans le Nil

Un de nos gens tira fur un de ces animaux fon fufil chargé à balle, tout bleffé qu'en fut cet animal, il ne laifla pas de gagner les bords du Nil, pendant qu'il s'y débatoit, trois ou quatre de nos Matelots y courûrent armés de perches & de leurs avirons, ils l'affommérent de leurs coups: c'étoit un jeune Crocodile, qui n'avoit tout au plus que fept pieds de long; ils l'écorchérent, le firent cuire, & en mangérent, ils

Je trouvérent excellent; Mr l'Abbé Pincia & moi en tâtames par curiofité ; ce fut pour la premiere fois, & je crois que ce fera la derniere ce jeune Crocodile fut pris dans l'Ifle de Maufourié vers Affoüan.

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J'ai pris, étant fur les lieux, les plans des Temples d'Ifis, d'Ofi ris & de l'Epervier; je pris auffi celui de Knuphis étant à Phile', celui d'Apollon étant à Ombos celui d'un autre Apollon étant à Apollinis magna; ce Temple eft le plus magnifique qui foit dans le Saïd; enfin je pris celui du Temple de Lucine étant à Elithia ou Lucina Civitas; j'avois déja pris auparavant le plan du Temple de Pallas, du poiffon Latus, de Pan, du geant Antée.

Je préfere avec justice à tous ces plans, celui des Cataractes, celui de la Carriere de granit, &

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