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tire de fi grands fecours d'argent, eft forcé de menager ces Seigneurs, & fon Bacha même, pour ne leur pas donner occafion de fe révolter contre fon Gouver nement. Je fuis avec respect,

MON REVEREND PERE,

Vôtre très-humble & trèsobéiffant ferviteur SICARD, Miffionnaire de la Compagnie de Jefus.

EXTRAIT

D'UNE LETTRE DU PERE SICARD, au Pere FLEURIAU, écrite du Caire le 2 Juin 1723.

ON REVEREND
PERE,

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Je fuis de retour d'une Miffion dans le Delta, j'y ai employé cinq femaines. Un Méchaber c'est-à-dire un Intendant de la maifon d'un de nos plus puiffans Aga, a bien voulu me conduire dans tous les villages dépendans de fon Maître.

Comme ce Mécaber eft Copte d'origine, très-accredité en ce Pays, & bon Catholique, & que d'ailleurs il m'a pris en amitié, je dois à fon crédit la liberté que

j'ai eû de faire dans tous les lieux, où nous avons été, mes fonctions Miffionnaire, & d'y continuer mes obfervations.

de

Je vous ai fouvent mandé, que les Coptes forment une Nation très- éloignée du Royaume de Dieu. Quoiqu'ils fe difent Chrétiens, ils n'en ont que le nom, plufieurs même parmi eux n'ont d'homme, que la figure extérieure, cependant comme le Fils de Dieu n'exclud aucune Nation de fon Royaume, telle qu'elle puifle être, nous ne laiffons pas, que de cultiver celle des Coptes, toute éloignée, qu'elle nous en paroiffe.

Nous jettons le bon grain dans cette terre ingrate, & quoiqu'elle abonde en yvraie, Dieu nous donne la confolation de faire chaque année quelque petite récolte: celle de l'année dernière

a été, grace au Seigneur, affez bonne.

La converfion feule d'un Pretre Copte, que le Seigneur a opéré, nous tient lieu d'un grand nombre de converfions; car convertir un Prêtre Copte, c'eft convertir avec lui plufieurs autres de fa Nation. La groffiere ignorance des Coptes eft telle, qu'ils fuivent aveuglément tout ee qu'ils voyent faire à leurs Prê

tres.

Celui, dont nous parlons fit publiquement fa Profeffion de Foi. H foutint courageufement les reproches, que les plus obftinés Prêtres Coptes ne manquérent pas de lui faire, mais celui-ci de fon côté les ex hortoit à fuivre fon exemple, nous avons fujet d'ef pérer, qu'il fera fuivi de quelquesautres de fa Nation.

Notre Méchaber, dont je viens

de parler, étoit un fecond Mif fionnaire avec moi, il prenoit foin d'affembler les Coptes les plus dociles, & de les conduire à l'Eglife pour y entendre la fainte Mefle, & l'inftruction que je faifois à la fin de la Meffe à tous ceux, qui y affistoient : c'est ainfi qu'en ce Pays, & à cette Nation, il faut doucement & fans bruit annoncer la parole de Dieu. Après ce détail, mon R. Pere, je viens à mes obfervations; j'en ai fait quelques-unes pour la Geographie, d'autres pour l'Hiftoire, & en troifiéme lieu pour la Phyfique; je ne vous en parlerai aujourd'hui que légerement, & vous les trouverez mieux détaillées dans le grand Ouvrage, que je vous ai promis.

A l'égard de mes obfervations pour la Geographie, j'ai découvert les anciennes villes de Caba

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