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Tant je fais bonne fentinelle.
Un autre Maître eût fait atention.

A tout cela mais un maître Lion

Pardonne rarement. Sors, dit-il, fans replique, Ou crains que fur ta peau ma grife ne s'aplique. Le pauvre Chien, tremblant & demi mort,

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S'enfuit fans demander fes gages.

Sire Lion fans doute avoit grand tort.
Il le connut bien-tôt. Des animaux fauvages,
Le voïant hors de fa maifon,
Vinrent piller toute fa venaison.

Ne foïons pas fi dificiles.

Si nous voulons vivre en fociété, Paffons quelques défauts à ceux qui font utiles. Ce précepte ne peut être trop répété.

LA PIE ET LE PINÇON.

FABLE X V I I.

Margot la pie étoit dans une cage,

A côté d'un jeune Pinçon.

Celui-cy tous les jours répétoit fa chanson :
On fe plaifoit à fon ramage.

Margot de fon maudit jargon
Etourdiffoit les gens de la maison.

Dès le matin la Peronelle

Commençoit fon fabat, crioit: A déjeûner,

Et ne ceffoit d'importuner.

Pour avoir la paix avec elle,

Il falloit la foûler. Nôtre Muficien
Chantoit, & ne demandoit rien.
Chacun difoit : Vraiment il chante bien:
Mais ce Chantre agréable

Dans fon petit garde-manger

N'avoit fouvent rien à gruger.

On oublioit l'Oifillon miférable.

Pas un feul grain de mil ; fi bien qu'un beau matin
Le Maître négligent le trouva mort de faim.

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Sans ceffe l'Importun demande, follicite :

On le trouve par-tout, & l'on n'entend que lui. C'est ainsi qu'on obtient les faveurs aujourd'hui; Et l'on va rarement au devant du mérite.

LE ROSSIGNOL,

LE CORBEAU ET LE HIBOU.

FABLE XVII I.

Ans le mois des Amours, pendant une nuit

DA

claire,

Diane, à l'envi de fon Frére,

Parcourant l'Univers fur fon char argenté,

Faifoit admirer fa beauté.

Un doux calme régnoit dans toute la Nature.
On n'entendoit que le murmure

De l'onde & des zéphirs,

Qui, careffant les fleurs que Phoebus fait éclorre,
Répandoient les parfums qu'ils enlevoient à Flore,
Embaumant l'air de les foupirs:

Quand tout à coup dans le bocage

D'un Roffignol on entendit le chant. De tout ce qui refpire il obtint le fufrage.

Ce filence profond le rendoit plus touchant:
Mais un Corbeau mélancolique,

Qui révoit près de là, caché dans un cyprès,
Grand ennemi de la mufique,

Gronda le Chantre des forêts.
Qui t'a rendu, dit-il, si téméraire

De troubler mon repos?

Tu chantes fort mal à

propos.

Pren mieux ton temps: la nuit on doit fe taire.
Le Chanfonnier eut le bec clos.

De ce finiftre Oiseau le couroux l'inquiète.
L'Aurore aloit ouvrir la barriére du jour.
Sans en atendre le retour,

Le Roffignol déloge fans trompette.
Il choifit pour azile un valon écarté.

Là remis de fa peur, il crut qu'en liberté

Il pouvoit y chanter : & déja l'Oeil du Monde,
Plus brillant que jamais fortant du fein de l'onde,
A tout ce qu'il voïoit inspiroit la gaîté.
Sur l'aubépin fleuri nôtre petit Orphée
Recommence fes airs. Il réveille un Hibou

Niché tout auprès dans un trou.

Du trifte Oiseau la bile est échaufée./
Il s'écria dans fa mauvaise humeur :

Chantre maudit, importun fredonneur,
Va répéter ailleurs tes chanfonnettes,

Ou pour mieux dire, tes fornettes.

Ennemi du fommeil, penses-tu dans ces lieux
Fixer malgré moi ta demeure?
Si le foleil ne me fermoit les yeux,

Je t'en chafferois tout à l'heure.

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Vous raffemblez en vain les talens les plus beaux: Vous trouverez toujours des Hiboux, des Corbeaux.

LE

CHEVAL

ET LE COCHO N.

U

FABLE X I X.

N Cochon gras, dans la fange couché, Vit paffer un Cheval fier & de belle taille, Superbement enharnaché,

Et qui partoit pour la bataille.

De quoi te fert, lui cria Dom Pourceau,
D'être fi bien fait & fi beau,

Pour t'expofer aux périls de la guerre ?
Ami, j'ai pitié de ton fort.

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