25 Auffi pour mon falut que doy je plus attendre, Il n'eft pour moi là haut ny clémence, ny Dieux, M'ait avecque douceur fous fes loix affervy; Pourtant toute efperance en mon efprit chancelle: Et comme mes foûpirs, ma peine eft infertile. - 4 D'autre part, fçachant bien qu'on n'y doit afpirer, Aux cris j'ouvre la bouche, & n'ofe foûpiter; Et ma peine étouffée avecque le filence, se Estant plus retenue, a plus de violence. Trop heureux fi j'avois en ce cruel tourment, Ou, fans me relâcher à l'éfort du martire, Que mes yeux, ou ma mort, mon amour puffent dire! 55 Mais ce cruel enfant, infolent devenu, Ne peut-être à mon mal plus long-temps retenu, Puis donc que mon refpect peut moins que fa douleur, 60 Jelâche mon difcours à l'éfort du malheur ; Et pouffé des ennuis dont mon ame eft atteinte, 65 Ce n'eft pas, toutefois, que pour m'écouter plaindre, REMARQUES. Vers 60. Je lafche mon difcours.) | eft la bonne leçon. Mais Dans toutes les anciennes éditions, Vers 62. Par force je vous fais même dans celle de 1613. faite cette piteufe plainte. ). Il s'adresse à pendant la vie de l'Auteur, il y a : fa Dame. ton difcours ce qui eft une faute Vers 64. Si mon dernier foûpir ne qu'on a voulu corriger dans l'é- la jettoit dehors.) C'est ainsi qu'il dition de 1642. en mettant : Je! faut lire, & non pas, Ne la jette, lafche ce difcours. Dans celle de comme portent toutes les édi1645. on a mis; mon discours, qui | tions, avant celle de 1642. Mais puis qu'il plaît au Ciel par vos yeux que je meure, 70 Vous direz que mourant, je meurs à la bonne heure Et que d'aucun regret mon trépas n'eft fuivy, Et par feu, comme Hercule, immortel devenir. J'euffe engravé là-haut leur honte, & vôtre gloire ; Auffi bien tout le temps que j'ay vécu depuis', REMARQUES. Sus Vers 76. Et par feu, comme Hercule, immortel devenir.) Hercule fe brula lui même, fur le mont Oeta. Sur mes yeux égarez ma trifteffe fe lit, Mon âge, avant le temps, par mes maux s'envieillit, Au gré des paffions mes amours font contraintes, Mes vers brûlans d'amour ne refonnent que plaintes, 95 De mon cœur tout flêtri l'allegreffe s'enfuit; Er 1 mes triftes penfers, comme oyfeaux de la nuit, Volant dans mon efprit, à mes yeux fe présentent, Et comme ils font du vrai,du faut ils m'épouventent: Et tout ce qui repaffe en mon entendement, 100 M'apporte de la crainte & de l'étonnement, Car, foit que je vous pense ingrate, ou fecourable, La playe de vos yeux eft toûjours incurable; Toûjours faut-il, perdant la lumiere, & le jour, Mourir dans les douleurs, ou les plaifirs d'amour. Mais tandis que ma mort eft encore incertaine, Attendant qui des deux mettra fin à ma peine, Ou les douceurs d'amour, ou bien vôtre rigueur, Je veux fans fin tirer les foûpirs de mon cœur ; 105 Et devant que mourir ou d'une ou d'autre forte, 110 Rendre, en ma paffion, fi divine, & fi forte, Un vivant témoignage à la pofterité, De mon amour extrême, & de vôtre beauté; Et par mille beaux vers que vos beaux yeux m'infpirent, Pour vôtre gloire atteindre où les fçavans afpirent; 115 Et rendre memorable aux fiécles à venir, De vos rares vertus le noble fouvenir. IE |