Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Prend fa juppe, fe lace, & puis en fe mocquant}
D'un ris, & de ces mots, elle m'alla piquant:
Non, fi j'eftois lafcive, ou d'amour occupée,
Je me pourois fafcher d'avoir efté trompée;
115 Mais puifque mon defir n'eft fi vif, ny fi chaud,
Mon tiéde naturel m'oblige à ton défaut.
Mon amour fatisfaicte ayme ton impuiffance,
Et tire de ta faute affez de récompence,

Qui tousjours dilayant, m'a fait, par le defir,
120 Esbattre plus long-temps à l'ombre du plaifir.
Mais eftant la douceur par l'effort divertie,
La fureur à la fin rompit fa modeftie;

Et dit en esclatant: pourquoy me trompes-tu?
Ton impudence à tort a vanté ta vertu;

REMARQUES.

129

Vers 113. Non, fi j'eftois laf-1 feris, merui. Proditionem feci, hoeive, &c.) Ce vers & les fept fui-minem occidi, templum violavi. In vans, font une paraphrafe du com- hac facinora quare fupplicium. Sive mencement de la Lettre de Circé occidere placet, ferro meo venio : à Polyænos, dans Pétrone Sil five verberibus contenta es, curro libidinofa effem, quererer decepta: nudus ad Dominam. Illud unum nunc etiam languori tuo gratias ago. memento: non me, fed inftrumenta In umbra voluptatis diutius lufi. peccaffe. Paratus miles arma non Vers 124. Ton impudence à tort | habui. Quis hoc turbaverit, nefcio: a vanté &c.) Ce qui fuit eft imité forfitan animus anteceffit corporis de la Reponfe de Polyænos à Cir- moram. Forfitan, dum omnia conce: Fateor me, Domina, fape pec- cupifco, voluptatem tempore confumcaffe: nam & homo fum, & adhuc mavi. Non invenio quod feci..... juvenis ; numquam tamen ante hunc Summa tamen excufationis mea, diem ufque ad mortem deliqui. Ha-hac eft: placebo tibi, fi me culpam bes confitentem reum. Quidquid juf- emendare permiferis.

tis Si en d'autres amours ta vigueur s'eft ufée,
Quel honneur reçois-tu de m'avoir abusée ?
Affez d'autres propos le defpit luy dictoit.
Le feu de fon defdain par fa bouche fortoit,
Enfin, voulant cacher ma honte, & fa colere,
130 Elle couvrit fon front d'une meilleure chere;
Se confeille au miroir, fes femmes appela,
Et fe lavant les mains, le fai& diffimula.

Belle, dont la beauté fi digne d'eftre aymée, Euft rendu des plus mortz la froideur enflamée; 135 Je confeffe ma honte, & de regret touché, Par les pleurs que j'efpands, j'accufe mon péché : Péché d'autant plus grand, que grande est ma jeunesses Si homme j'ay failly, pardonnez-moy, Déesse. J'avoue eftre fort grand le crime que j'ay fait ; 140 Pourtant jufqu'à la mort, fi n'avoy-je forfait, Si ce n'eft à prefent, qu'à vos pieds je me jette. Que ma confeffion vous rende fatisfaite. Je fuis digne des maux que vous me preferirez. J'ay meurtry, j'ay volé, j'ay des vouz parjurez, 145 Trahy les Dieux benins. Inventez à ces vices, Comme eftranges forfaicts, des eftranges fupplices.

REMARQUES.

Vers 145. Trahy les Dieux benins.) Dans toutes les éditions avant celle de 1642, ce vers étoit ainfi :

Trahy les Dieux : venins, inven

tez à ces vices:

Faute groffiere, qui fait comprendre à quel point la premiere copio étoit corrompue.

O beauté, faictes-en tout ainfi qu'il vous plaifts Si vous me commandez, à mourir je fuis preft. La mort me fera douce, & d'autant plus encore. 150 Si je meurs de la main de celle que j'adore.

Avant qu'en venir là, au moins fouvenez-vous,
Que mes armes, non moy; caufent voftre courroux
Que Champion d'amour entré dedans la lice,
Je n'eus affez d'haleine à fi grand éxercice ;
155 Que je ne fuis chaffeur jadis tant approuvé,
Ne pouvant redreffer un déffaut retrouvé.
Mais d'où viendroit ceci ? feroit ce point, Maîtreffe,
Que mon efprit, du corps précedaft la pareffe?
Ou que, par le defir trop prompt & violent,
160 J'allaffe, avec le temps, le plaifir consommant?
Pour moy, je n'en fçay rien; en ce fait tout m'abufe.
Mais enfin, ô beauté, recevez pour excufe,

S'il vous plaift derechef que je rentre en l'affaut,2
J'efpere avec ufure amender mon deffaut.

Vers 162.

Recevez pour & l'autre le çon peuvent être admi fes.

excufe.) Edition de 16 42. & fuivantes: Recevez mon excuse. L'une

TOSOSOSO TETESO:FEFCSETES

ELEGIE V. *

'HOMME S'oppose en vain contre la destinée. Tel a domté fur mer la tempefte obstinée, Qui deceu dans le port, esprouve en un instant Des accidens humains le revers inconftant, 5 Qui le jette au danger, lors que moins il y pense. Ores, à mes dépens j'en fais l'experience: Moy, qui tremblant encor de naufrage passé, Du bris de mon navire au rivage amaffé, Baftiffois un autel aux Dieux légers des ondes io Jurant mesme la mer, & fes vagues profondes, Inftruit à mes dépens, & prudent au danger, Que je me garderois de croire de léger: Sçachant qu'injustement il se plaint de l'orage, Qui remontant fur mer fait un fecond naufrage. ts Cependant ay-je à peine effuyé mes cheveux, Et payé dans le port l'offrande de mes vœux, Qué d'un nouveau defir le courant me tranfporte, Et n'ay pour l'arrefter la faifon affez forte. Par un deftin fecret mon cœur s'y voit contraint, 20 Et par un fi doux nœud fi doucement eftreint ;

REMARQUES.

Que

* Cette Elégie fut composée pour Henri IV.

* E

Que me trouvant épris d'une ardeur fi parfaite,
Trop heureux en mon mal, je benis ma défaite ;
Et me fens glorieux, en un fi beau tourment,
De voir que ma grandeur ferve fi dignement.
25 Changement bien étrange en une amour fi belle!
Moy, qui rangeois au joug la terre universelle;
Dont le nom glorieux aux aftres élevé,

Dans le cœur des mortels par vertu s'eft gravé ;
Qui fis de ma valeur le hazard tribataire,
30 A qui rien, fors l'amour, ne pût eftre contraire,
Qui commande par tout, indomptable en pouvoir,
Qui fçay donner des loix, & non les recevoir :
Jeme vois prifonnier aux fers d'un jeune Maistre,
Où je languis efclave, &'fais gloire de l'eftre;
35 Et font à le fervir tous mes veux obligez.

40

Mes palmes, mes lauriers en myrthes font changez
Qui fervant de trophée aux beautez que j'adore,
Font, en fi beau fujet, que ma perte m'honore.
Vous, qui dés le berceau de bon œil me voyez,
Qui du troifiéme Ciel mes deftins envoyez,
Belle & fainte Planette, aftre de ma naiffance,
Mon bonheur plus parfait, mon heureuse influence,
Dont la douceur préfide aux douces paffions,
Vénus, prenez pitié de mes affections;

REMARQUES.

Vers 40. Qui du troifiéme Ciel.) I eft la troifiéme des Planètes,

L'Auteur apostrophe Vénus, qui

45

« AnteriorContinuar »