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vêtue d'une robe agraffée, ayant la tête nue & la poitrine découverte jufqu'à l'endroit du cœur où elle portoit la main droite, embraffant de l'autre un ormeau fec, autour duquel croiffoit une vigne chargée de raifins. En quelqu'état que nous foyons, l'amitié nous procure toujours le plaifir de rendre fervice à notre ami: c'eft ce que nous marque ce dernier fymbole, qui nous apprend encore qu'un ami doit être le même dans la profpérité & dans l'adverfité. Précepte qui nous eft auffi indiqué par ces deux mots Hyens &atas, que les Romains mettoient fur le front de leur figure fymbolique de l'Amitié.

Ils la repréfentoient vêtue d'une fimple tunique, fur la frange de laquelle on lifoit ces autres mots, mors & vita. Elle avoit le côté ouvert jufqu'au coeur, qu'elle montroit du doigt avec cette Infcription, longè & propè, parceque les véritables amis, préfens ou abfens, font toujours également unis par le cœur.

La belle Statue de Pierre-Paul Olivieri, qui est à Rome, la repréfente fous la figure d'une Femme nue, & qui tient la main fur fa poitrine qui eft ouverte par une efpece d'incifion qui ex-prime la fincérité; mais le plus communément nos Artiftes fymbolifent l'Amitié par une Femme refpectable, vêtue d'un habit blanc, pour défigner fa fincérité & fa candeur, tenant dans les mains deux cœurs enchaînés, & ayant fur la tête une couronne de fleurs de grenade, dont la: couleur de feu, qui ne change point, eft le fymbole de l'ardeur & de la conftance que doit avoirFAmitié.

Elle eft encore peinte les pieds nuds, parcequ'il n'eft point d'incommodité qu'elle n'endure pour le fervice de fon ami.

AMMON. Nom propre d'un lieu du défert

de Barca où étoit un Temple célébre de Jupiter, d'où lui eft venu le furnom de Jupiter Ammon. D'autres rapportent que Jupiter fut ainfi furnommé, à l'occafion du premier Temple qui lui fut élevé par un Berger de ce nom. Les Statues de ce Dieu le repréfentoient en bélier. Il y a cependant des Médailles où on le voit fous une figure humaine, ayant feulement deux cornes de bélier qui naiffent au-deffus des oreilles, & fe recourbent tout autour.

AMOUR ou CUPIDON, fuivant la Fable, fils de Mars & de Vénus.

Les Poétes nous l'ont dépeint fous des images bien différentes ; les uns comme un Dieu ami de la paix, de l'honneur, de la vertu, de l'équité; les autres, au contraire, comme un Vainqueur cruel & le Pere de tous les vices. Petrarque lui donne la timidité d'un Enfant ; Ovide, la force d'Hercule. L'amour, en effet, eft foible ou courageux, vertueux ou criminel, felon les coeurs qu'il anime; mais voyons comme Rousseau nous le peint.

D'un foible enfant il a le front timide,

Dans les yeux brille une douceur perfide;
Nouveau Protée, à toute heure, en tous lieux,
Sous un faux mafque il abuse nos yeux;
D'abord voilé d'une crainte ingénue,
Humble captif, il rampe, il s'infinue,
Puis tout-à-coup impérieux vainqueur,
Porte le trouble & l'effroi dans le cœur:
Les trahifons, la noire tyrannie,
Ie défefpoir, la peur, l'ignominie

Et le tumulte au regard effaré,

Suivent fon char de foupçons entouré.

La peinture allégorique que M. de V. a fait

de cette même paffion, eft préférable à tout ce qui a été fait de mieux en ce genre. Après avoir épuifé les beautés les plus tendres & les plus touchantes pour élever un Temple à l'Amour après avoir peint avec le coloris le plus féduifant, le cortège de mille amans qui viennent implorer les faveurs de ce Dieu, il poursuit ainfi.

La flateuse espérance, au front toujours ferain,
A l'autel de l'Amour les conduit par la main;
Près du Temple facré, les Graces demi nues
Accordent à leurs voix leurs danfes ingénues.
La molle volupté fur un lit de gazons,
Satisfaite & tranquille, écoute leurs chanfons.
On voit à fes côtés le myftere en filence,
Le fourire enchanteur, les foins, la complaifance,
Les plaisirs amoureux & les tendres defirs,
Plus doux, plus féduifans encor que les plaifirs.

Le tableau qui fuit, & qui nous représente l'intérieur du Temple, eft peint avec des couleurs qui ne font pas moins vraies.

Les plaintes, les dégoûts, l'imprudence, la peur,
Font de ce beau fejour, un féjour plein d'horreur.
La fombre jaloufie, au teint pâle & livide,
Suit d'un pied chancelant le foupçon qui la guide.
La haine & le courroux répandant leur venin,
Marchent devant fes pas un poignard à la main.
La malice les voit, & d'un fouris perfide
Applaudit en paffant à leur troupe homicide.
Le repentir les fuit, déteftant leurs fureurs,
Et baifle en foupirant fes yeux mouillés de pleurs.
C'est-là, c'est au milieu de cette Cour affreuse,
Des plaifirs des humains compagne malheureuse,

Que l'amour a choisi son séjour éternel.
Ce dangereux enfant, fi tendre & fi cruel',
Porte en fa faible main les deftins de la terre,.
Donne avec un fouris, ou la paix. ou la guerre ;
Et répándant par tout fes trompeufes douceurs,
Anime l'Univers, & vit dans tous les coeurs.
Sur un trône éclatant, contemplant fes conquêtes,
Il fouloit à fes pieds les plus fuperbes têtes ;
Fier de fes cruautés plus que de fes bienfaits,
Il fembloit s'applaudir des maux qu'il avoit faits..

Communément nos Artiftes le repréfentent comme un enfant avec des aîles, un arc & un carquois rempli de fléches, quelquefois avec un bandeau fur les yeux, & un flambeau à la main, mais toujours nud.

Cupidon a des aîles, parcequ'il n'y a rien de fi volage que l'amour; il tient un flambeau image du feu qu'il porte dans nos cœurs; il eft aveugle, un amant l'eft auffi fur les défauts de ce qu'il aime; il eft armé d'arc & de fléches. Qu'y a-t'il de plus rapide que les traits qu'il nous porte? Il est toujours nud, pour marquer qu'un amant n'a rien à foi, qu'il fe dépouille de tout, & qu'il ne cache rien à ce qu'il aime:

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Ôn le représente encore avec un doigt fur la bouche, pour nous faire entendre qu'il veut de la difcrétion.

Les Poétes ont feint que parmi les fléches de l'Amour il y en avoit dont la pointe étoit d'or, & d'autres dont la pointe étoit de plomb. Les premieres pour faire aimer, les autres pour un

effet tout contraire.

Les jeux, les ris, les attraits font peints de même que Cupidon, fous la figure de petits enfans aîlés..

L'Amour n'eft pas toujours un enfant jouant dans les bras de fa mere; quelquefois il fe préfente à nous dans la fleur de la jeuneffe. C'est ainfi qu'on nous peint l'amant de Pfiché. La nouvelle ftatue de l'Amour qui eft dans les Appartemens de Versailles le représente comme un Dieu, qui, déja vainqueur de Mars & d'Hercule, s'eft emparé de leurs armes, & veut changer la maffue de ce dernier en un arc formida ble, qui ne trouve plus de coeur à l'épreuve.

AMOUR de la patrie. La couronne civique ou de chêne étoit l'heureux gage que les Romains donnoient à celui qui avoit fauvé la vie à un de fes concitoyens. Nos Artiftes gratifient de cet attribut un citoyen qui s'eft diftingué par fon amour pour la patrie.

Un Prince qui aime fon peuple, eft représenté le front ceint d'une couronne de chêne. On lui met une branche d'olivier à la main, parcequ'un Prince qui chérit véritablement fesfujets travaille toujours à leur procurer la paix. Voyez Couronne civique.

L'Amour de la patrie fera encore bien exprimé par un jeune Guerrier qui tient une Couronne de gramen. C'étoit la récompense que les premiers Romains donnoient aux citoyens, qui par quelque action extraordinaire avoient délivré leur Ville de la violence de l'ennemi. Cette Couronne étoit faite des premieres herbes qu'on trouvoit fur le champ de bataille.

AMOUR divin. Dans nos Tableaux d'Eglife, on le voit fous la figure d'un enfant qui a des aîles, pour nous marquer qu'il ne s'arrête pas aux chofes d'ici-bas. Il a les yeux levés vers le Ciel, l'unique objet de fon attachement. Dans une de fes mains il tient un coeur enflammé, fymbole de l'ardeur qui le pénétre, & eft à ge

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