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TRAGÉDIE

DE VOLTAIRE,

Représentée, pour la première fois, le 11
Décembre 1730; remife au Théâtre de la
Nation le 17 Novembre 1790.

Seule Edition conforme à la Représentation.

A PARIS,

Chez la Veuve DUCHESNE et Fils, Libraires,
rue Saint-Jacques, N°. 47.

1790.

V3.37.1790

ACTEURS.

JUNIUS BRUTUS, Consul.
VALÉRIUS PUBLICOLA, Consul.

TITUS, fils de Brutus.

TULLIE, fille de Tarquin.

MM.

Vanhove.

Naudet.

Saint-Fal.

Mile Thénard

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Le théâtre représente une partie de la maison des consuls sur le mont Tarpéien; le temple du Capitole se voit dans le fond. Les sénateurs sont assemblés entre le temple et la maison, devant l'autel de Mars. Brutus et Valérius Publicola, consuls, président à cette assemblée. Les sénateurs sont rangés en demicercle. Des licteurs avec leurs faisceaux sont debout derrière les sénateurs.

BRUTU S.

DESTRUCTEUR
ESTRUCTEURS des tyrans, vous qui n'avez pour τρίς
Que les dieux de Numa, vos vertus et nos loix;

Enfin, notre ennemi commence à nous connaître.
Ce superbe Toscan qui ne parlait qu'en maître,
Porsenna, de Tarquin ce formidable appui,
Ce tyran, protecteur d'un tyran comme lui,
Qui couvre de son camp les rivages du Tibre;
Respecte le sénat, et craint un peuple libre.
Aujourd'hui devant vous abaissant sa hauteur,
Il demande à traiter par un ambassadeur.
Arons, qu'il nous députe, en ce moment s'avance;
Aux sénateurs de Rome il demande audience;
Il attend dans ce temple, et c'est à vous de voir
S'il le faut refuser, s'il le faut recevoir.

VALÉRIUS PUBLICO LA.

Quoi qu'il vienne annoncer, quoi qu'on puisse en at tendre,

;

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Il le faut à son roi renvoyer sans l'entendre
Tel est mon sentiment. Rome ne traite plus
Avec ses ennemis que quand ils sont vaincus.
Votre fils, il est vrai, vengeur de sa patrie,
A deux fois repoussé le tyran d'Etrurie;
Je sais tout ce qu'on doit à ses vaillantes mains
Je sais qu'à votre exemple il sauva les Romains:
Mais ce n'est point assez. Rome assiégée encore,
Voit dans les champs voisins ces tyrans qu'elle abhorre
Que Tarquin satisfasse aux ordres du sénat;
Exilé par nos loix, qu'il sorte de l'état ;

De son coupable aspect qu'il purge nos frontières,
Et nous pourrons ensuite écouter ses prières.
Ce nom d'ambassadeur a paru vous frapper;
Tarquin n'a pu nous vaincre, il cherche à nous tromper.
L'ambassadeur d'un Roi m'est toujours redoutable:
Ce n'est qu'un ennemi sous un titre honorable
Qui vient, rempli d'orgueil ou de dextérité,
Insulter ou trahir avec impunité.

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Rome, n'écoute point leur séduisant langage;
Tout art t'est étranger, combattre est ton partage;
Confonds tes ennemis de ta gloire irrités;
Tombe, ou punis les rois, ce sont-là tes traités.

BRUTU s.

Rome sait à quel point sa liberté m'est chère;
Mais, plein du même esprit, mon sentiment diffère:
Je vois cette ambassade, au nom des souverains,
Comme un premier hommage aux citoyens romains.
Accoutumons des rois la fierté despotique
A traiter en égale avec la république ;
Attendant que, du ciel remplissant les décrets,
Quelque jour avec elle ils traitent en sujets.
Arons viens voir ici Rome encore chancelante,
Découvrir les ressorts de sa grandeur naissante,
Epier son génie, observer son pouvoir;
Romains, c'est pour cela qu'il le faut recevoir.
L'ennemi du sénat connaîtra qui nous sommes ;
Et l'esclave d'un roi va voir enfin des hommes.
Que dans Rome à loisir il porte ses regards;
Il la verra dans vous, vous êtes ses remparts.
Qu'il révère en ces lieux le dieu qui nous rassemble;
Qu'il paraisse au sénat, qu'il écoute et qu'il tremble.

(Les sénateurs, se lèvent, et s'approchent un moment.
pour donner leurs voix. )

VALÉRIUS

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PUBLICO LA.

Je vois tout le sénat passer à votre avis.
Rome et vous l'ordonnez à regret j'y souscris.
Licteurs, qu'on l'introduise. Et puisse sa présence
N'apporter en ces lieux rien dont Rome s'offense!

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