¢ maître d'accorder ou de refu- CC fer ce qu'on lui demande, fans « que perfonne ofe défapprouver la conduite. Il en eft de « même ici. Nous faifons des « vœux au Seigneur, nous lui « représentons nos befoins: qu'il « exauce nos prieres, ou qu'il les rejette, il mérite également nos hommages & nos re- « spects. כי A peine fe furent-ils retirés que j'affemblai les Chrétiens dans P'Eglife; ils fe mirent en prieres, & nous fimes tous enfemble un vœu à fainte Anne, dont on célébroit la fête ce jour-là, fon entremise pour obtenir par le fecours néceffaire dans un befoin fi preffant. La priere étant finie, le Ciel commença à se charger d'épais nuages: peu après il vint une groffe pluye dont les premieres gouttes tom rin. Soit berent fur le Palais du Mandaque felon le cours naturel des chofes, la pluye dût arriver ce jour-là, foit que Dieu en ait avancé le tems pour glorifier fon faint Nom parmi les Infidéles; il est certain qu'elle fut géneralement regardée comme un effet de la bonté du Dieu que nous avions invoqué. On trouvoit feulement qu'elle n'étoit tombée que fur Jao-tcheou, & aux environs: mais on eut lieu d'être content le lendemain, car la pluye fut abondante & univerfelle. Le Tao ne put retenir fa joye: il envoya auffi-tôt à mon Eglife un préfent de cierges, de parfums & d'un vafe rempli de fleurs des plus eftimées du qu'il avoit cueillies de fa propre main , pour être placées fur l'Autel. Il voulut ausfi rendre de folemnelles pays, folemnelles actions de graces au fouverain Seigneur. Le Maître des cérémonies fuivi des joueurs de flûtes & de hautbois, m'annonça fon arrivée. J'allai audevant de lui, & je le trouvai qui étoit defcendu de fa chaise, & qui fe revêtoit de fon Surtout de cérémonie, & des autres marques de fon Mandarinat. Les Grands Mandarins ne paroiffent ainfi que dans des jours de cérémonie ou lorsqu'ils rendent visite à des perfonnes d'un rang fupérieur. La cérémonie fe paffa avec toutes les marques du plus profond refpect: on eût pris le Mandarin pour un de nos Chrétiens les plus fer vens. Au fortir de l'Eglife, je l'invitai à paffer dans ma maison, où je lui fis fervir une petite collation dont il parut content. XI. Rec. K Dans l'entretien que j'eus avec lui, je fis tomber le difcours fur les vexations que les Infidéles faifoient de tems en tems aux Chrétiens, & je le priai d'y mettre ordre. » Vous voyez, Sei» gneur, lui dis-je, que le Dieu >> que nous adorons, eft un grand » Maître qu'on n'invoque pas en >> vain: cependant ceux qui font profeffion de le fervir, font fu» jets tous les jours à des impofi>>tions, aufquelles ils ne peuvent »fe foumettre, fans violer la » reté de leur Foy. On les fomme » de contribuer au culte des Idoles, & parce qu'ils le réfufent, » comme ils y font obligés, on en » vient jusqu'à foulever tout un » quartier contre eux; on a voulu » même les chaffer de la Ville. Ils pu fuccomberont infailliblement » fous le pouvoir de leurs enne mis, fi vous ne les foûtenez de votre autorité. Un Edit public que vous feriez porter, les met- « troit à couvert de l'oppreffion, rien n'eft plus conforme à votre « équité,& à l'affection dont vous « nous honorez. Le Tao me pro- « mit de s'opposer à ces exactions injuftes: Mais dans l'Edit que je porterai, me dit-il, il ne fera «< fait aucune mention des Chré- « tiens, car il paroîtroit que cette « grace feroit mandiée, & peut- « être publieroit-on que vous « l'auriez achetée. Laiffez-moi « faire, vous n'en aurez pas moins « ce que vous fouhaitez. Dès le lendemain il fit afficher l'Edit en question, qu'il compofa auffi-tôt qu'il m'eut quitté. Il étoit conçu en ces ter mes: La conduite du Seigneur du « Ciel eft exemte de toute par- « tialité: il eft efprit, lumiere, « |