>> équité, & droiture. Quiconque s'applique à obferver exacte» ment tout ce que lui prefcrit » fon devoir; quiconque a une crainte refpectueufe pour le Sei >> gneur du Ciel, une fidélité in» violable pour fon Prince, une parfaite foumiffion à l'égard de »fes Parens, un dévouement fin» cere pour ses amis, fes amis, celui-là at» tire fur foy des bénédictions, » bien qu'on ne voye pas toujours quand & comment elles lui ar>> rivent. » Mais au contraire fi quelqu'un » mene une vie criminelle, liber» tine, diffoluë; quand depuis le » matin jusqu'au foir il porteroit » fur fa tête un brafier, où il brû»leroit des parfums en l'honneur » des Efprits, les Efprits ne lui » envoyeront que des malheurs; » cela eft immanquable. Si lès Esprits ne discernoient pas ce qui est vertu ou vice dans ceux « qui les invoquent; s'ils ac- «<< cordoient indifféremment des « bienfaits à quiconque s'adreffe «< à eux, dès-là ces Elprits pécheroient contre le fouverain Sei- « gneur, & mériteroient fon indi- « gnation. Comment après cela « ces Efprits feroient-ils en état « d'affifter les hommes ? « Le peuple ignorant & livré « dès l'enfance à des erreurs dont «< il ne revient jamais, ne fonge point à quitter le vice, & à « avancer dans la vertu: il met « toute fa confiance dans les «<< vœux qu'il fait aux Efprits, pour en obtenir la fanté, & « d'autres chofes de cette natu- « re: j'apprends même qu'on im- «< pofe pour cela des taxes fur cha- « que famille, qu'on fait contri- « buer l'artifan & le pauvre, & « qu'on leve de force ces fortes « » de contributions: c'est- là un » défordre criant. Je défends qu'on faffe déformais rien de femblable dans toute l'étendûë » de mon Gouvernement, foit » dans les Villes, ou à la campagne, foit dans les lieux de grand » abord & de commerce. Sous prétexte de demander la fanté » aux Efprits, on ne fait qu'aug» menter la mifere du pauvre, & inquiéter les riches, qui font » trop éclairés pour donner dans »ces erreurs populaires. Que les » Miniftres de la Juftice puniffent >> ceux qui contreviendront à ce préfent Edit, & qu'au befoin » on ait recours à mon Tribunal. Trois jours après la publication de cet Edit, le Tao m'invita à dîner. Il me combla d'honnêtetés pendant le repas, & me dit plufieurs fois qu'il n'oublieroit jamais l'infigne faveur qu'il avoit reçûë du Dieu des Chrétiens. Je pris de-là occafion de lui annoncer les vérités du Chriftianisme. Il parut par fon filence, & par le trouble peint fur fon vifage, qu'il faifoit attention à mes paroles: les queftions même qu'il me fit, pourroient être regardées comme des prémices de converfion. Sur ce qu'il me dit qu'il ne voyoit point de Lettrés parmi mes Chrétiens, quoiqu'il y en ait plufieurs dans les autres Provinces: je lui fis une réponse dont il parut touché, fçavoir, que le pauvre, comme le riche, étoit également l'objet de notre zéle; que fi je vivois ici à la maniere des Chinois, dans la vûë de procurer la converfion des Grands & du Peuple, il y avoit plufieurs de mes Freres qui paffoient leur vie dans les forêts au milieu des Sauvages, & fe rendoient bar bares comme eux pour les gagner à JESUS-CHRIST. Je lui ajoûtai enfuite que dans le Regne paffé avant la conquête des Tartares, plufieurs Mandarins profeffoient ouvertement le Chriftianifme à la Cour, & dans les premieres Charges des Provinces. Sur cela je lui prefentai la copie d'un Edit qui fut publié il y a plus de 80. ans par un Mandarin Chrétien de même rang que lui, par lequel il rendoit à Dieu de folemnelles actions de graces pour un bienfait femblable à celui qu'il venoit de recevoir. Il prit cet Ecrit, & voulut le garder: c'étoit ce que je prétendois, car les exemples font beaucoup d'impreffion fur les Chinois. Peutêtre ferez-vous bien-aise de le voir; le voici que j'ai traduit prefque mot pour mot: Moi, Sun, (c'eft le nom de |