d'eau, & l'enfant fut baptifé fur l'heure. Celui qui leur avoit fervi de l'eau,difparut un instant après, fans qu'on pût avoir connoissance ni d'où il venoit, ni à quel deffein il portoit de l'eau dans un lieu auffi défert que l'étoit celuilà. Nos Chrétiens trouvent en cela du prodige: pour moi je me contente d'admirer la Providence de Dieu fur fes Elûs. Cette même Providence ne m'a paru guéres moins admirable à l'égard d'un autre enfant. Il vint au monde à feize mois; ce fait eft hors de doute. Sa mere, après que le terme ordinaire de fa groffeffe fut expiré, reffentoit de tems en tems les douleurs de l'enfantement, fans pouvoir se délivrer de fon fruit. Moi-même étant à King te tching, je ne voulus jamais permettre qu'au milieu de fon dixiéme mois on la tranf portât en chaise dans le lieu où les Chrétiens étoient assemblés: j'allai la confeffer & la communier dans fa maison. Des Médecins peu habiles vouloient user de remedes violens, s'imaginant qu'elle portoit dans fon fein une maffe informe,ou un enfant mort, ou même quelque monftre. Mais Dieu touché fans doute de la vertu du pere & de la mere, ne permit pas que ce confeil prévalût. Vers la fin du feiziéme mois notre Chrétienne accoucha d'un fils plein de vie que je baptifai. Il me parut avoir à fix mois toute la force qu'ont les enfans ordinaires à un an. Cette heureuse naissance a contribué à la converfion de plufieurs Infidéles, qui lui infultoient auparavant fur fon malheur, & qui l'attribuoient à la Religion Chrétienne qu'elle avoit embraffée depuis peu de tems. Permettez-moi, en finiffant cette Lettre, d'ajoûter ce que le P. Contencin m'écrit de Peking: c'étoit au mois de Février que je reçus fa Lettre, dans laquelle il me mandoit que depuis quelque mois on comptoit dans notre Eglife onze cens baptêmes ; & que depuis l'année 1700. on en comptoit près de cinquante mille dans les trois Eglifes de Peking. Le même Pere alla vifiter vers ce tems-là nos Miffions du Nord près de la grande muraille, où il confera le baptême à foixantedix perfonnes. Huit Chrétiens, dont fix font chefs de famille, vinrent le trouver de dix lieuës au-delà pour participer aux faints Myfteres. Quoiqu'ils foient Chinois, ils font comme naturalifés parmi les Tfao ta tse: c'est une forte de Tartares parmi lesquels ils vivent. Le falut d'une infini té de Peuples dépend de la converfion de la Chine: c'eft pour les perfonnes qui aiment véritablement JESUS-CHRIST, & qui defirent le faire aimer de toutes les Nations, un grand motif d'aider les Miffionnaires, foit par des prieres ferventes, foit les autres fecours qu'ils peuvent leur procurer. Je fuis avec bien du refpect en l'union de vos faints Sacrifices, par MON REVEREND PERE, Votre très-humble & très- obéiffant FRANÇOIS XAVIER DENTRECOLLES, 234 LETTRE DU P. JACQUEMIN, MISSIONNAIRE DE LA COMPAGNIE DE JESUS. Au Pere Procureur des Missions des Indes & de la Chine. Σ De l'Ile de Tong-ming dans la Province de Nan king le 1. Septemb. 1712. ON REVEREND PERE, La paix de Notre-Seigneur. L'Ifle de Tfong-ming d'où j'ai P'honneur de vous écrire, & qui |