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chiftes, qui étoit auffi prisonnier, a donné dès fa plus tendre jeuneffe, des marques d'une foy vive. Il a pareillement une mere dont la patience a été mise aux plus rudes épreuves. Son mari lui fit pendant plufieurs années toutes fortes de mauvais traittemens, pour l'obliger à quitter fa Religion. Il lui fit d'abord couper les cheveux, ce qui eft un des plus grands affronts qu'on puiffe faire aux femmes Indiennes: de tems en tems il lui metroit une lampe allumée sur la tête, ce qui eft encore une autre forte d'affront propre du Païs. Un jour il la fit defcendre elle & fon fils dans un puits qui étoit à fec, & il les y retint cinq jours entiers. Enfin il n'y eut point d'artifices ni de cruautez qu'il ne mit en ufage pour la pervertir. Mais cette bonne Chrétien

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ne oppofa toujours une patience héroïque à toutes ces indigni

tez.

C'eft fans doute à fes prieres que Dieu accorda dans la fuite la converfion de fon mari: une fiévre continuë l'avoit tellement abbattu, qu'on n'attendoit plus que l'heure de fa mort. Sa femme le voyant dans cet état, fe fentit infpirée de lui dire, que s'il fouhaittoit de vivre, il n'avoit qu'à adorer le véritableDieu, & implorer fon fecours avec confiance qu'elle lui promettoit de fa part le recouvrement de fa fanté. L'amour de la vie fit impreffion fur le mari, & il fit appeller un Catéchifte. Les deux ou trois premieres exhortations lui donnerent du goût pour la Religion Chrétienne, & il demanda avec instance le Baptême: on le lui accorda fur l'heure,

à caufe du danger preffant où il étoit. La fiévre le quitta le jour même qu'il fut baptifé; fes forces fe rétablirent infenfiblement & en peu de tems il fut parfaitement guéri. Il a perfevéré jufqu'à la mort dans la pratique des vertus Chrétiennes & il n'a pas ceffé de pleurer fon aveuglement, & les inhumani tez qu'il avoit exercées fur fa femme & fur fon fils. C'eft ce fils qui a effuyé plufieurs perfécutions de la part des Idolâtres, & qui par fon exemple & par fes difcours a rempli dans la prifon les fonctions du plus zélé Miffionnaire. Il faifoit tous les jours des exhortations aux femmes Chrétiennes, aufquelles je n'avois pas la liberté de parler.

Le troifiéme Catéchifte, qui étoit fort jeune, a fait paroître

dans les tourmens un courage au-deffus de fes forces, & de fon âge. La plupart des autres prifonniers étoient nouvellement baptifez, quelques-uns même étoient encore Catéchumenes: tous ont fouffert les rigueurs & les incommoditez de la prifon, avec une fermeté inébranlable.

Une femme qui étoit au nombre de ces Catéchuménes, & qui avoit échappé à la vigilance des Gardes, a eu le courage de nous vifiter conftamment deux fois le jour, & de nous apporter les aumônes qu'on lui faifoit pour nous. Tous les prifonniers la regardoient comme leur mere, & elle regardoit tous les pri fonniers comme fes enfans. La charité qu'elle eut pour nous ne lui coûta pas feulement des peines & des fatigues, elle cut

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encore à effuyer de fréquens outrages de la part des Gentils. & de fanglans reproches du cô té de fes parens. Toutes les fois qu'elle entroit dans la prison, fa préfence me rappelloit le fouvenir de ces faintes Dames Romaines, qui dans les premiers Siccles de l'Eglife, prenoient foin des Chrétiens prifonniers pour Jesus-Christ. Elle fe fervoit de fon mari pour po pour porter mes Lettres aux Miffionnaires qui étoient à Carouvapondi, & pour en rapporter les réponses. Les Gardes qui entrerent en défiance, la menacerent plufieurs fois de la tuer, fi elle s'avifoit de porter des Lettres ces menaces ne l'intimiderent point & elle eut l'adreffe de tromper leur attention, & de nous remettre en main tous les paquets qui lui étoient confiez, fans qu'ils s'en. apperçuffent,

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