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Oueft, du Oueft, & du SudEft, & le matin à la pointe du jour la grande Ifle nous reftoit au Nord-Quart Nord-Ouest à environ huit lieuës.

Jufqu'au neuviéme à midi nous fimes tous nos efforts pour approcher de la terre, sans pouvoir rien gagner; au contraire nous nous éloignions de plus en plus. Je me trouvai par cinq degrez vingt-huit minutes de latitude. Nous tînmes confeil fur le parti qu'il y avoit à prendre. Don Padilla, le Frere Jefuite, mon Aide-Pilote & moi, fûmes d'avis de faire route pour dé couvrir l'Ifle de Panlog Capitale de toutes ces Ifles, qui cft éloignée de celle que nous quittions d'environ 50. lieuës.

Ce fut le onziéme à neuf heures du matin que nous découvrîmes Panloq, & à midi je me

trouvai par fept dégrés quatorze minutes de latitude Nord environ à une lieuë au large de l'Ifle. Sur les quatre heures du foir quatre batteaux s'approcherent de notre bord, fe tenant néanmoins au large de la longueur d'un demi cable: peu après

ils furent fuivis de deux autres batteaux. Enfin quelques-uns de ces Infulaires qui étoient dans les batteaux, fe jetterent à la mer & vinrent à notre bord: ils ne cherchoient qu'à voler ce qui pouvoit leur tomber fous la main. L'un deux voyant une chaîne attachée au bord, la halloit de toutes fes forces pour la rompre & l'emporter. Un autre en fit autant à un orga neau. Un troifiéme ayant mis la tête dans un fabor, vit des rideaux de lit; il les prit à deux mains, & les tiroit de toutes les

forces; mais quelques-uns de nos gens l'ayant apperçu, y accoururent, & auffi-tôt il fe jetta à la

mer.

Dom Padilla voyant jusqu'où ces Barbares portoient leur avidité, fit mettre fes Soldats fous les armes, car il y avoit bien 80. hommes dans ces fix batteaux & il leur fit figne de ne point approcher. Enfin fur les cinq heures du foir ils prirent leur route vers la terre: en fe retirant ils décocherent plusieurs fléches contre nous, dont quatre furent à bord, & une s'attacha à la poupe du Vaiffeau. Alors Dom Padilla fit faire fur eux une décharge de moufqueterie. A cè bruit ils fe jetterent tous à la & abandonnerent leurs batteaux, nâgeant droit à terre avec une vîteffe extraordinaire. Puis voyant qu'on ne tiroit plus,

mer

ils regagnerent leurs batteaux, s'y embarquerent, & s'enfuirent à toutes rames. Ces Infulaires vont tout nuds, quelques-uns d'eux fe peignent le corps de diverfes couleurs. Leur peau eft communément de couleur olivâtre, d'autres l'ont plus noire. Ils ne nous apporterent que quelques cocos.OC

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Le douziéme nous n'eûmes prefque pas de vent : nous nous tînmes bord fur bord fans néanmoins trop approcher de la terre. Sur les quatre heures il vint encore à nous deux batteaux, d'où l'on nous faifoit divers fignes en nous parlant; mais comme nous n'avions plus d'In terpretes, nous ne pûines fçavoir ce qui fe difoit. Sur les neuf heures du foir les vents vinrent au Sud Sud-Eft, affez frais, & les courans nous portoient au Nord

avec viteffe. Ainfi je pris le parti de paffer entre deux Ifles le Cap au Nord Nord-Oueft : ce canal avoit environ une petite lieuë de largeur.

Le treiziéme étant à l'Ouest de ces Ifles, nous tînmés confeil fur ce que nous avions à faire, & il fut conclu qu'il falloit retourner à Sonforol pour apprendre des nouvelles des deux Miffionnaires qui y étoient reftez, & de notre chaloupe. Le dix-huit je me trouvai Nord & Sud de l'Ifle. Nous demeurâmes-là toute la journée bord fur bord jufqu'à fix heures du foir, fans appercevoir aucun batteau, quoique nous ne fuffions qu'à une portée de canon de la terre. Nous rodâmes toute la côte du Queft de l'Ifle jufques au 20. qu'un grain forcé du Sud-Eft Nord-Eft nous obligea de quit

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