a fait trouver grace auprès de ces Barbares.

La Relation de la découverte des Ifles Palaos, que vous trou verez dans ce même Recueil, vous apprendra la nouvelle tentative qu'on a faite pour porter la Foy aux Peuples qui habitent ees Ifles. Cette entreprife a eu auffi peu de fuccès que les précé→ dentes dont vous avez pu entendre parler. Le Vaiffeau équipé par ordres du Roy d'Espagne pour porter les deux Miffionnaires, arriva à la vûe d'une de ces Ifles, le 30. Novembre de l'année 1710. Le P.Duberon, le P ·Cortil, c'est le nom des deux

les

Féfuites) avoient mené avec eux un Palaos nommé Moac, qui avoit été baptifé à Manile, qui devoit leur fervir d'Interprête. Les manieres affables des Infulaires engagerent les Peres à débarquer dans l'Ifle, pour y planter une Croix, & reconnoître de plus près le génie des Habitans. Comme leur deffein étoit de revenir le même jour à bord, afin d'aller à la découverte des autres Ifles, ils n'avoient porté avec eux que leur Breviaire, une Etole, & un Surplis, & ils n'étoient accompagnés que du Palaos & de quelques Efpagnols. Peu après leur débarquement, le Vaiffeau fur jetté par

des brifes dans des courans qui l'emporterent fort au large, & qui ne lui permirent plus d'approcher de l'Isle. Ainfi il retourna à Manile, & les deux Peres dépourvus de tout, furent abandonnés à la merci des Infulai

res.

L'année fuivante le P. Serrano, dont il est parlé fort au long dans l'Epître qui eft à la tête du VI. Recueil, fe mit en mer pour aller au fecours des Miffionnaires. Il partit de Manile le 15. Décembre avec un autre féfuite, & l'élite de la jeuneffe du pays, qui fe faifoit un plaifir d'avoir part à une œuvre fi fainte. Le troifiéme jour de

leur navigation le Vaißeau fut brise par une violente tempête, &tous périrent à la referve de deux Indiens & d'un Espagnol qui échaperent de ce naufrage, &qui allerent en porter velle à Manile.

la now

C'est pour la quatrième fois qu'on a tenté vainement de pénétrer dans les Ifles Palaos: il n'y a prefque plus d'efpérance de réuffir dans cette entreprise, du moins par la voye des Philip pines. Il ne refteroit plus qu'à faire une tentative du côté des Illes Marianes, qui font plus à portée de ces Ifles. Cependant les deux Miffionnaires font entre les mains de ces Infideles, fans

qu'on ait pu fçavoir encore de quelle maniere ils en ont été re

Un de ces Infulaires débarqué à Givan le jour de l'Afcenfion de l'année 1710. a rapporté que le Palaos baptifé à Manile étoit un fcélérat, coupable de crimes qui font horreur à l'humanité; qu'il avoit trompé les Espagnols en demandant le Baptême, & qu'il fera dans fon pays leur en nemi le plus déclaré.

Si ce récit eft véritable, il eft à croire que les Miffionnaires ont reçu à prefent la récompenfe de leur zéle. Mais on ne peut guéres compter fur le rapport de cet Infulaire, & l'on a bien plus de