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Guillaume le roux, qui fut tué par accident à la chaffe AN. I 100. le jeudi fecond jour d'Août l'an 1 100. & mourut fur Angleterre. Roi le champ, fans pénitence & fans confeffion. Anfelme Lib. 3. Nov. le pleura amerement; & affura qu'il auroit mieux aimé que Dieu l'eût retiré du monde lui-même, que de laiffer mourir de la forte ce malheureux prince. Il reçut bien-tôt un député de l'église de Cantorberi, avec des lettres où on le prioit inftamment de revenir; & par le confeil de l'archevêque de Lion il fe mit en chemin pour l'Angleterre: fort regretté dans le païs qu'il quittoit. Il n'étoit pas encore arrivé à Clugni quand il reçut un autre député du nouveau roi Henri & des feigneurs du roïaume, pour preffer fon retour. La lettre du roi portoit, qu'après la mort de fon frere il avoit été élu roi par le clergé & le peuple d'Angleterre ; & que la crainte des ennemis, qui vouloient s'élever contre lui, l'avoit obligé à fe faire facrer fans attendre l'archevêque, à qui il en faifoit excuse, protestant de vouloir le gouverner par fes confeils. Guillaume le roux n'avoit point laiffé d'enfans; & comme Robert duc de Normandie fon frere aîné n'étoit pas encore revenu de la croifade, Henri qui étoit le cadet, profita de fon absence, & fe preffa de fe faire reconnoître & couronner roi. Il fe maintint nonobftant les efforts Edm. 3. Novor de fon frere, & regna plus de trente-fix ans. Anfelme fit telle diligence, qu'il arriva à Douvre le vingt-troifiéme de Septembre, & fut reçu avec une extrême joie de toute l'Angleterre, qui esperoit à son retour une efpece de refurrection, par la reparation de tous les défordres paffez, principalement dans la religion.

Concile de Vaace.

En France les deux légats Jean & Benoît tinrent plufieurs conciles: dont le premier qui avoit été indi, 917. Hug. Fle, qué à Autun, fut tenu à Valence. Le principal fujer

Tom. x. conc. p.

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étoient

étoient les plaintes des chanoines d'Autun contre Norgaud leur évêque, qu'ils accufoient d'être entré AN. 1100. dans ce fiége par fimonie, & d'en diffiper les biens.

Par l'autorité des légats, il obligea les chanoines de Hug. Flav. 254 venir au concile de Valence, nonobftant leurs protestations de ne devoir point être traduits hors de leur province; car Valence eft de celle de Vienne. Le concile commença le dernier jour de Septembre 1 100. & il s'y trouva vingt-quatre prélats, tant archevêques & évêques, qu'abbez. L'archevêque de Lion étant malade, y envoïa des députez; & on difoit qu'il avoit empêché les évêques de Langres & de Châlon d'y venir: car il n'étoit pas content que les légats lui ôtaffent le jugement d'un évêque de fa province. L'évêque de Mâcon revenant de Rome avoit été pris par l'antipape Guibert, qui le tenoit en prison : ainfi il n'y eut de la province de Lion que l'évêque d'Autun qui affifta au concile de Valence.

Ses parties étoient treize chanoines de fon église, entre lefquels étoient deux archidiacres, le prevôt & le chantre: de plus l'abbé de faint Benigne de Dijon, l'abbé de Flavigni, & les députez de l'abbé de Clugni. Mais il foûtenoit qu'ils n'étoient pas recevables, parce que les ouailles ne doivent point accufer leur pafteur; qu'ils avoient confenti à son élection & à sa confécration, quoiqu'avertis fous peine d'anathême, de propofer leurs reproches. Que l'un d'eux avoit reçu de lui l'ordre de diacre, l'autre la charge de chantre & lui avoient fait hommage l'un & l'autre. Enfin qu'il n'y avoit qu'un témoin outre l'accufateur. Les légats répondirent, qu'en matiere de fimonie, toute perfonne, fût-elle infâme, est reçuë à accuser; & que Le pape Gregoire VII. dans un concile de Rome avoit Tome. XIV.

B

déposé un évêque fimoniaque fur l'accusation d'un AN.1-100: abbé fon complice. Que d'ailleurs il suffisoit d'un ac

VII.

Mort de l'anti

pape Guibert.

cufateur avec un témoin.

Quand ce vint au jugement il y eut de la conteftation entre les évêques & les légats. Les évêques difoient, que l'on devoit obliger l'accufé à fe purger, fuivant l'ufage de l'églife Gallicane confirmé au concile de Clermont en présence du pape Urbain. Les légats répondirent, que fuivant les canons, c'étoit aux accufateurs à prouver ce qu'ils avançoient. L'accufé appella au faint fiége, mais les légats ne défererent point à fon appel : parce que le pape leur avoit donné la plénitude de fa puiffance. La féance du concile aïant duré jufques à la fin du jour, on remit la décision de l'affaire. Pendant la nuit Norgaud envoïa des préfens aux évêques, dont quelques-uns les prirent, d'autres les refuferent; & ceux-ci en furent remerciez publiquement par les cardinaux légats, dans la féance du lendemain. L'affaire y fut encore agitée, mais non pas terminée ; & à la priere de tous les évêques, on donna un délai jufques au concile que les mêmes légats devoient tenir à Poitiers. Cependant Norgaud fut déclaré fufpens de toute fonction épifcopale & facerdotale. Et c'est ce qui fe paffa à son égard au concile de Valence.

L'antipape Guibert mourut pendant la tenuë de ce concile, c'est-à-dire vers le commencement d'Octobre Chr. Vird. p. 256. l'an 1100. la vingtiéme année de fon intrusion dans le faint fiége, & la vingt-troifiéme de fa révolte contre Domnixo. Gregoire VII. Dès le commencement du pontificat de Petr. Pijan. Pascal, les Romains le preffoient d'abbatre l'antipa

pe: trouvant honteux qu'il eût réfifté à fes trois prédeceffeurs. Ils lui offrirent de l'argent; & les députez

AN. 1100.

du comte Roger venant le complimenter de la part de leur maître, mirent à fes pieds mille onces d'or. Le pape Pascal encouragé par ces fecours, commença à agir contre Guibert : le chaffa d'Albane, & par-là ruina fon parti dans Rome. Guibert fe retira à Citta-diCaftello; & dans cette fuite il mourut fubitement. Toutefois le fchifme ne fut pas éteint. Son parti lui fubftitua un nommé Albert, qui fut pris par les catholiques le jour même de fon élection & enfermé à faint Laurent. Les fchifmatiques élurent enfuite Theodoric, qui fut pris au bout de trois mois & demi, & enfermé au monaftere de Cave. Enfin ils élurent Maginulfe qui féduifoit le peuple par des prédictions & des fuperftitions magiques mais il fut auffi chaffé de Rome, & mourut en exil réduit à une extrême mifere, L'évêque de Mâcon délivré de la prison de Guibert Chr. Vird. p. 2564 trouva à Rome des députez de l'église d'Autun, qui en fa présence rapporterent au pape ce qui s'étoit paffé au concile de Valence : & le pape en fut encore infor- P.157 mé par les lettres des deux cardinaux Jean & Benoît fes légats, qui prioient les cardinaux qui étoient à Rome de ne pas fouffrir que l'on donnât atteinte à ce qui avoit été fait pour l'honneur de l'église Romaine. L'évêque de Mâcon intercedoit pour l'évêque d'Autun fon confrere, & le pape le renvoïa avec des lettres par lesquelles il exhortoit fes légats à favoriser la juftice:promettant en ce cas de ratifier leur jugement. Dès le quatorziéme d'Avril de cette année 1100. le pape avoit accordé à Norgaud la confirmation des privile- Pasch. œpiff. 38. ges de fon églife, le reconnoiffant pour évêque légitime. L'évêque de Mâcon revint ainfi en France, & affifta au concile de Poitiers.

VIII.

Avant la tenuë de ce concile, & même de celui de Concile de Poi

Bij

tiers.

Valence, Ives de Chartres aïant reçu du légat Jean AN. 1100. des lettres pleines d'amitié, lui répondit par une lettre Iv. epif. 84. où il louë d'abord fa fermeté de s'être abftenu de la

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communion du roi. En quoi, ajoûte-t'il, vous avez travaillé pour votre réputation & pour l'interêt de la légation dont vous êtes chargé : quoique quelques évêques de la province Belgique aïent couronné le roi à la Pentecôte contre la défense du pape Urbain d'heureuse mémoire, comme s'ils croïoient que la justice fût morte avec lui. J'ai expliqué ailleurs ce que c'étoit que ce couronnement des rois aux grandes fêtes; & le roi Philippe s'en étoit rendu indigne, étant retombé dans l'excommunication, pour avoir repris Bertrade. Ives de Chartres continuë: Quant à ce que vous propofez, de tenir un concile à Poitiers, où ailleurs dans la province d'Aquitaine, je l'approuve entierement, parce que s'il fe tenoit dans la province Belgique ou dans la Celtique, il faudroit paffer fous filence plufieurs chofes, qui étant examinées cauferoient du fcandale, & étoufferoient prefque tout le fruit du concile : mais qui étant diffimulées, diminueroient beaucoup l'autorité de votre légation. Quant au terme du concile que vous avez marqué au vingtneuviéme de Juillet, les évêques de nos quartiers en prendront prétexte de dire qu'ils n'ont pas le tems de faire ce voïage & de s'y préparer. Car plufieurs d'entre eux ne pourront arriver au lieu du concile que par des chemins détournez, & après avoir obtenu des faufconduits de toutes parts. C'eft pourquoi il me paroîtroit plus convenable de le remettre à l'entrée de l'automne. Nous en parlerons,fi Dieu nous fait la grace de nous voir, auffi-bien que de plufieurs autres chofes que je ne veux pas confier au papier.

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