général il permet à Anfelme d'accorder pour ces mémes causes toutes les difpenfes qu'il jugera néceffaires, AN. I 107. AN.1107. fuivant la barbarie de la nation. Ce font fes termes. Au commencement du mois d'Août l'affemblée des évêques & des seigneurs fe tint à Londres au palais du roi; & pendant trois jours de fuite la queftion des in- Tom. x. conc. p. veftitures fut agitée entre le roi & les évêques en l'ab- 75. fence d'Anfelme. Quelques-uns vouloient que le roi les donnât, fuivant que fon pere & fon frere en avoient ufé: mais l'autre avis l'emporta, qui étoit de fe conformer à ce que le pape avoit reglé, en accordant au roi les hommages que le pape Urbain avoit défendus; & lui défendant feulement les inveftitures. Enfuite le roi s'y foûmit publiquement en présence d'Anselme ; & ordonna qu'à l'avenir perfonne en Angleterre ne. recevroit l'inveftiture d'un évêché ou d'une abbaïe par la croffe & l'anneau de la main du roi ou de quelque laïque que ce fût; & Anfelme déclara de fon côté, qu'on ne refuferoit la confécrationà aucun prélat pour avoir fait hommage au roi. Ce qui étant ainfi reglé, le roi par le confeil d'Anfelme & des feigneurs, donna des pasteurs aux églifes d'Angleterre, qui prefque toutes étoient vacantes depuis long-tems: mais fans leur donner aucune inveftiture. Il remplit aufli quelques églifes de Normandie. Cependant Anfelme en préfence du roi, des évêques & des feigneurs demanda à Gerard archevêque d'Yorc, la foûmiffion qu'il ne lui avoit point encore faite depuis fa tranflation d'Erford à Vorc. Le roi dit, qu'il ne lui paroiffoit pas néceffaire que Gerard fit une autre foûmiffion que celle qu'il avoit faite à fon ordination; & Anfelme y confentit pour lors, à condition que Gerard lui touchant dans la main, prometTome XIV. troit de lui rendre comme archevêque,la même obéif. AN.1107. fance, qu'il lui avoit promise comme évêque. Ensuite ceux qui avoient été élûs évêques allerent à Cantorberi, & y furent ordonnez le dimanche onziéme d'Août par Anfelme affifté de ses fuffragans. Ces nouveaux évêques étoient cinq, dont le plus remarquable étoit Guillaume de Varelvast, qui fut ordonné évêque d'Exceftre. Anfelme écrivit au pape pour l'affurer que le roi d'Angleterre avoit renoncé aux invef titures, & ne difpofoit pas des églises par sa seule volonté, mais s'en rapportoit entierement au confeil des gens de bien. Il marque auffi le fervice que Robert comte de Meulan, qui étoit le principal confident du roi, avoit rendu à l'église en cette occafion. LVII. Mort de Daim falem. ex Guill. Tyr. II. C. 4. Depuis plus de deux ans Daïmbert patriarche de bert. Gibellin pa- Jerusalem étoit à la fuite du pape Pascal, qui le retetriarche de Jeru- noit pour voir fi ceux qui l'avoient chaffé allegueroient Tom.x.conc.p.27. des chofes raifonnables de leur conduite. Mais perfonne n'aïant comparu, & ne fe trouvant autre chose contre lui, finon qu'il avoit été chaffé par la pure violence du roi; il fut renvoïé à son fiége avec des lettres du pape, qui témoignoient qu'il étoit en fes bonnes graces. Il-paffa en Sicile, & fut obligé de féjourner à Meffine pour attendre l'occafion de s'embarquer: mais il y tomba malade, & mourut le vingt-septiéme de Juin cette année 1 107.aïant tenu le fiége de Jerufalem pendant sept ans ; quatre ans paisiblement, trois ans en exil. Ebremar, qui avoit été intrus à sa place, aïant appris qu'il revenoit avec l'approbation du pape, & ne fachant pas encore fa mort; réfolut d'aller à Rome fe juftifier & reprefenter comme on l'avoit mis malgré lui fur le fiége de Jerufalem. Mais étant arrivé à Rome, il ne put obtenir autre chose finon, qu'on envoïât avec lui un légat pour prendre fur les lieux une plus ample connoiffance de l'affaire. AN. 1107. On y envoïa Gibellin archevêque d'Arles, homme fort avancé en âge : qui étant arrivé à Jerufalem, y affembla un concile des évêques du roïaume, & y examina pleinement la caufe d'Ebremar. Il reconnut par des témoins, au deffus de tout reproche, que Daïmbert avoit été chaffé fans caufe légitime, par la faction d'Arnoul & la violence du roi; & qu'Ebremar avoit ufurpé le fiége d'un évêque vivant & demeurant dans la communion de l'églife: c'eft pourquoi il le dépofa du patriarchat par l'autorité du pape. Mais en confidération de fa piété & de fa fimplicité, il lui donna l'églife de Cefarée qui étoit vacante. Enfuite comme le clergé & le peuple conteftoient fur l'élection d'un patriarche de Jerufalem; on prit jour pour traiter de cette affaire à la maniere accoûtumée; & après une grande déliberation, ils s'accorderent tous à choisir le légat Gibellin, & l'installerent dans le fiége patriarchal. On prétendoit que ç'avoit été encore un artifice d'Arnoul, de mettre en cette place un vieillard, qui par fon grand âge ne pouvoit vivre long-tems. Gibellin toutefois tint le fiége de Jerufalem pendant cinq ans. De fon tems le roi Baudouin, peut-être à la fuggeftion du clergé, envoïa des députez à Rome demander au pape que toutes les villes & les provinces qu'il pourroit conquerir fur les infideles, fuffent foûmifes à la jurifdiction de l'église de Jerufalem. Ce que le pape Pascal lui accorda par une bulle, où il lui dit : Les limites des églises de vos quartiers ont été confonduës par la longue poffeffion des infideles. C'est pourquoi ne leur pouvant affigner de bornes certaines, . nous avons crû devoir accorder à votre priere, que AN.1107. comme vous avez fait vœu d'expofer votre perfonne aux plus grands perils pour la gloire de l'églife de Jerufalem: toutes les villes des infideles que vous prendrez, ou que vous avez prifes, foient foûmises à Îa jurisdiction de cette églife, & que leurs évêques obéïffent au patriarche comme à leur métropolitain. Ep. 19. Le pape adreffa une autre bulle au patriarche Gibellin portant la même conceffion à lui & à fes fucceffeurs. terre. 2. 43. Mais Bernard patriarche Latin d'Antioche, voïant le préjudice que cette conceffion faifoit à fon fiége, envoïa des députez à Rome en porter fes plaintes. Ep. 20. Pour l'appaiser le pape lui écrivit une lettre, où il releve la dignité de l'église d'Antioche honorée comme celle de Rome par la présence de faint Pierre ; & ajoûte: Si par hazard nous avons écrit quelque chofe autrement qu'il ne falloit à l'église d'Antioche, ou à celle de Jerufalem touchant les limites des diocefes il ne faut l'attribuer ni à la legereté, ni à la malice, ni exciter du scandale pour ce fujet. Car le grand éloignement des lieux & le changement des anciens noms des villes & des provinces, nous ont apporté beaucoup d'incertitude ou d'ignorance: mais nous prétendons conferver les droits de toutes les églises. On voit ici l'inconvenient de vouloir regler les affaires de trop loin & fans connoiffance fuffifante. LIX. En Angleterre l'incontinence des clercs continuoit: Eglife d'Angle- enforte que plufieurs prêtres gardoient leurs femmes, Edmer. 4. Never. Ou fe marioient de nouveau. Pour y remedier, le roi Tom, x. conc. p. tenant fa cour de la Pentecôte, qui en 1108. étoit le vingt-quatrième de Mai, affembla à Londres les feigneurs & les évêques avec Anfelme à leur tête, & Thomas élû archevêque d'Yorc: car Girard étoit mort 756. AN. I 108. C. 28 6. 3. en venant à cette cour. En ce concile on fit dix canons, c. 10% Dans le même tems on parla d'ériger un nouvel évêché au diocese de Lincoln qui étoit trop étenduž ».44 & le roi, l'archevêque & les feigneurs jugerent à propos d'en mettre le fiége dans l'abbaie d'Eli. Mais Anfelme fachant, dit Edmer, qu'on ne peut ériger un nouvel évêché fans l'autorité du pape, en écrivit à Pascal II. lui marquant les raifons de cette érection, le confentement du roi, des évêques, & des feigneurs; & en particulier, de l'évêque de Lincoln, à qui on donnoit un dédommagement convenable. Le pape accorda cette érection, mais elle ne fut exécutée qu'après la mort d'Anfelme. Cependant Turgot moine de Dunelme aïant été élû évêque de faint André en Ecoffe, ne pouvoit être facré par son métropolitain Thomas archevêque d'Yorc, qui n'étoit pas encore facré lui-mênte. Suar |