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Dieu; & je l'aj fait connoître presque à toutes les églises du roïaume.

AN.IIOI.

Entre les évêques aufquels Ives de Chartres envoïa Epist. 97. cette lettre du pape, étoient deux des plus vertueux de la province de Reims, Lambert d'Arras & Jean de Teroüane, qu'il exhorta à faire par obéïffance pour le pape, ce qu'ils avoient fait jufques alors par le feul amour de la justice. Avertiffez, ajoûte-t'il, votre métropolitain d'assembler le clergé de Beauvais pour faire une élection canonique, afin que fon autorité guériffe les foibles & affermiffe les forts : qu'il honore fon ministere, & ne s'expose pas à voir exécuter par d'autres ce qui le regarde. Ives écrivit auffi au clergé de· Epift. 98. Beauvais, pour les encourager à élire un bon sujet à la place d'Etienne, comme le pape leur ordonnoit: mais il ne leur recommande, dit-il, perfonne en particulier. En Angleterre, le délai qui avoit été pris jusques à Pâques 1101. fut prorogé jusques au retour des députez envoïez à Rome touchant l'affaire des inveftitures. Cependant à la Pentecôte la cour fut extrêmement troublée par la nouvelle de l'arrivée en Angleterre de Robert duc de Normandie. Le roi Henri & les feigneurs étoient dans des défiances mutuelles : le roi craignoit qu'ils ne l'abandonnassent pour se joindre à fon frere: les feigneurs craignoient que fi le roi étoit une fois paifible, il n'exerçât fur eux une autorité trop abfoluë. Ils n'avoient confiance de part & d'autre qu'en l'archevêque Anfelme; & il reçut au nom de la nobleffe & du peuple, la promeffe du roi de les gouverner fuivant de juftes & faintes loix.

Mais quand le duc Robert fut effectivement entré en Angleterre, les feigneurs oubliant leur ferment, fongeoient à paffer de fon côté, & le roi Henri crai Tome XIV.

XIII.
S. Anfelme fou-

tient le roi Henri.
Edmer. 3. Novor.

gnoit non-feulement pour fon roïaume, mais pour fa AN.I101. vie. Alors il eut recours à Anfelme, & promit de lui laiffer un pouvoir abfolu, pour exercer tous les droits de l'églife en Angleterre ; & d'obéïr toûjours aux ordres du pape. Anfelme affembla les feigneurs, & leur parla en présence de toute l'armée, avec laquelle le roi marchoit au devant de fon frere. Il leur représenta fi fortement combien étoient déteftables devant Dieu & devant tous les gens de bien, ceux qui manquoient à la foi jurée folemnellement à leur prince, que tous protefterent qu'ils demeureroient fideles au roi, dûtil leur en coûter la vie. Le duc Robert de fon côté perdit l'efperance qu'il avoit dans la défection des feigneurs:& fut touché de l'excommunication qu'Anselme avoit publiée contre lui comme ufurpateur: ainsi il fit la paix avec fon frere & fe retira.

tures.

XIV.

tom. x. concil. ex. Elmer.

Tout le monde attendoit que le roi Henri donnât à contre les invefti- Anfelme quelque marque de reconnoiffance, quand illui manda de venir à la cour pour s'expliquer fur Vasch ́epist. 96. l'affaire des investitures. Car les députez étoient revenus de Rome, & avoient apporté une lettre du pape Pascal au roi, où il difoit: Vous demandez que l'églife Romaine vous accorde le droit d'établir les évêques & les abbez par l'investiture, & qu'elle attribuë à la puiffance royale ce que le Tout-puiffant témoiJoan. x. 7. gne n'appartenir qu'à lui feul. Car le Seigneur dit : Je fuis la porte; & par conféquent fi les rois s'attribuent d'être la porte de l'églife, ceux qui entrent par eux ne font pas des pasteurs, mais des larrons. Cette prétention eft fi indigne, que l'églife catholique ne peut l'admettre en aucune maniere. Saint Ambroise auroit plûtôt fouffert les dernieres extrémitez, que de perAmbr. epift. 20 mettre à l'empereur de difpofer de l'églife. Car il

ad foror. n. 19.

répondit:Ne vous faites pas ce tort de croire que comme empereur, vous aïez quelque droit fur les chofes AN. 1101. divines. Les palais appartiennent à l'empereur, les églifes à l'évêque. Qu'avez-vous de commun avec une adultere?Car celle-là eft une adultere qui n'eft pas unie à JESUS-CHRIST par un mariage légitime. Après ces paroles de faint Ambroife, le pape Pafcal continuë: Entendez-vous, prince? l'époux de l'église est l'évêque, & par conféquent quelle honte eft-ce que lamere foit expofée à l'adultere par fes propres enfans? Si vous êtes enfant de l'églife, permettez-lui de contracter un mariage légitime, dont Dieu foit l'auteur, & non pas l'homme. Car c'est Dieu qui choifit les évêques élus canoniquement. Il rapporte enfuite une loi de Juftinien, pour montrer que l'évêque doit être élu du confentement de tout le peuple, & non par la feule volonté du prince; puis il ajoûte: Ne croïez pas, Seigneur, que nous voulions rien diminuer de votre puiffance, où nous attribuer rien de nouveau dans la promotion des évêques. Vous ne pouvez felon Dieu exercer ce droit, & nous ne pouvons vous l'accorder qu'au préjudice de votre falut & du nôtre.

Le pape avoit raison de vouloir maintenir la liberté des élections; mais prefque tous les raifonnemens de cette lettre portent à faux, roulant fur des équivoques. Les princes en donnant l'inveftiture, fuppofoient toûjours une élection canonique : nous en avons vû cent exemples, particulierement de l'empereur Sup. liv. 1v111. faint Henri. Par cette cérémonie ils ne prétendoient pas donner à l'évêque la puiffance fpirituelle qu'il ne devoit recevoir qu'à fon facre: mais feulement le mettreen poffeffion des fiefs & des autres biens temporels relevant de leur couronne. Quand à faint Ambroise,

Dij

12.34.

Sup. liv. XVIII. M. 41. 42.

AN. IIOI.

XV.

il est évident par les circonftances du fait, que l'adultere dont il parle eft l'église des Ariens, & qu'il ne s'agiffoit pas de donner des évêchez, mais de livrer à ces hérétiques les lieux destinez aux affemblées des fideles.

Le roi d'Angleterre aïant donc reçu cette lettre, fit S. Anfelmeré venir Anfelme à la cour, où étoit le duc de NormanEdmer. 3. Novor. die fon frere, furieusement animé contre ce prélat,

fifte au roi.

comme lui aïant fait perdre le roïaume. Par le confeil du duc & de fes amis, le roi voulut obliger Anfelme à lui faire hommage, & à facrer comme avoient fait les archevêques fes prédeceffeurs, ceux à qui il donneroit des évêchez & des abbaïes: finon à fortir promptement du roïaume. Anfelme répondit : Je vous ai déja dit comme j'ai affifté au concile de Rome, & ce que j'y ai appris du faint fiége. Si donc je me foûmets moimême à l'excommunication que j'ai rapportée en ce roïaume, avec qui pourrai-je communiquer? Les députez qui étoient allez demander la révocation de ce decret font revenus fans rien faire. Le roi répliqua : Que m'importe ? Je ne veux pas perdre les droits de mes prédeceffeurs, ni fouffrir perfonne dans mon roïaume, qui ne foit à moi. J'entends, dit Anselme, à quoi cela tend; cependant je ne fortirai pas du roïaume; j'irai à mon diocese faire mon devoir, & je verrai qui entreprendra de me faire violence.

Il n'avoit pas été long-tems chez lui, quand le roi lui manda de le venir trouver, & qu'il vouloit apporter quelque temperament à fa premiere résolution. Il vint donc à Vinchestre, où dans l'affemblée des évêques & des feigneurs on réfolut de prendre un autre délai, & d'envoïer à Rome des perfonnes plus confiderables, pour déclarer au papê qu'il falloit qu'il fe

AN.I101.

relâchât; autrement, qu'Anfelme feroit chaffé d'Angleterre avec les fiens, & que le pape perdroit l'obéïffance de ce roïaume, & le revenu qu'il en tiroit tous les ans. Anfelme envoïa de fa part deux moines, Baudoüin du Bec & Alexandre de Cantorberi: non pour perfuader au pape de fe relâcher, mais pour lui rendre un témoignage non fufpect des menaces de la cour d'Angleterre, & pour rapporter fidellement à l'archevêque la résolution du pape. De la part du roi furent envoïez trois évêques pour folliciter le pape fuivant fes intentions: favoir, Girard d'Herford, Hebert de Tetford, & Robert de Chestre, dont deux avoient leurs affaires particulieres à pourfuivre à Rome. Girard Godin. de praful. avoit été chancelier d'Angleterre fous les deux rois Angl. précedens, & venoit d'être nommé à l'archevêché d'Yorc, vacant par le décès de Thomas, arrivé le dix-huitiéme de Novembre 1 100. ainfi Girard alloit demander le pallium. Hebert transfera depuis fon fiége à Norvic, & il alloit poursuivre la reftitution de sa jurisdiction fur l'abbaïe de faint Edmond.

XVI. Traité de faint

Elprit.

Anfelme fur la proceffion du s. Gerberon cenfura. 160.161 Iv ep 1. Ansel. p. 49.

ap. Anfel. 11. ep.

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Depuis qu'Anfelme fut de retour en Angleterre,& pendant le féjour qu'il y fit, il compofa fon traité fur la proceffion du Saint-Efprit, à la priere de plufieurs perfonnes, particulierement d'Hildebert évêque du Mans: qui aïant oüi parler de ce qu'il avoit dit fur ce fujet contre les Grecs au concile de Bari, le pria de le rédiger par écrit fuccintement, & le lui envoïer : ce qu'Anfelme lui accorda. En ce traité il ne dispute contre les Grecs que fur les principes dont ils convenoient avec les Latins, favoir la foi de la Trinité & les paroles de l'évangile. Il établit premierement la difference entre l、s attributs effentiels à la divinité, qui sont communs aux trois perfonnes, & les dénominations

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