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fultes modernes, ni dans la loi des douze Tables, comme le vouloient les Anciens, mais dans les propres fources de la Philofophie, qu'il faut puifer les principes de cette fcience.

M. Auffi ne me demandez-vous pas, Atticus, que je vous inftruife des formalités de la Jurifprudence, ou que je vous dife mon fentiment fur chacune des difficultés qui s'y rencontrent. Quelque confidération que mérite cet objet, (& il en mérite beaucoup par le nombre des grands Hommes qui s'en font fait autrefois une occupation, & fur-tout 34 par la qualité de celui qui les remplace aujourd'hui avec tant de dignité & de fuffifance); mais prenez garde, le fujet que nous nous propofons, comprend généralement tout ce qui concerne le Droit univerfel & les Loix; enforte que, ce que nous appellons le Droit Civil, n'occupe qu'une très-petite partie de la vafte étendue que renferme celui de la nature. Car pour vous expliquer la nature du Droit, il faut la chercher dans fon véritable principe qui eft la nature de l'homme; examiner enfuite les Loix, fur lesquelles eft fondé le

gouver

in quibus ne noftri quidem populi Iatebunt , quæ vocantur jura ci

vilia.

Q. Altè verò, & ut oportet, à capite frater, repetis quod quærimus: & qui aliter Jus Civile tradunt, non tam juftitiæ, quàm litigandi tradunt vias.

M. Non eft ita, Quinte, ac potiùs ignoratio juris litigiofa eft quàm fcientia; fed hæc pofteriùs. Nunc juris principia videamus. Igitur dociffimis viris proficifci placuit à lege: haud fcio an rectè: fi modò, ut iidem definiunt, Lex eft ratio fumma infita in natura, quæ jubet ea quæ facienda funt, prohibetque contraria. Eadem ratio, cùm eft in hominis mente confirmata & confecta, lex eft.

nement politique, & defcendre enfin aux Loix & aux coutumes particulieres aux peuples pour qui elles ont été recueillies & rédigées ; & cette efpece de Droit, où nos Romains fe font acquis quelque diftinction, eft appellé le Droit civil.

Q. C'eft-là véritablement remonter à la fource, & voilà comme il faut faire quand on veut traiter du Droit Civil; autrement c'eft moins découvrir les voies de la juftice, qu'enfeigner les détours obliques de la chicane.

M. Vous vous abusez, Quintus : c'eft plutôt l'ignorance que la connoiffance des Loix qui multiplie les procès : venons à nos principes. De très-fçavans Hommes ont jugé à propos de commencer par la Loi 35 & je ne fçais s'ils n'ont pas bien fait; 36 fuppofé que la Loi, comme ils la définiffent, foit une premiere raifon imprimée dans la nature qui prefcrit les chofes qui font à faire, & qui défend celles qui ne le font pas cette même raifon, quand elle a reçu fon accroiffe ment & fa perfection dans l'efprit de l'homme, eft la Loi.

Itaque arbitrantur, prudentiam effe legem, cujus ea vis fit, ut rectè facere jubeat, vetet delinquere, eamque rem illi Græco * putant nomine, fuum cuique tribuendo appellatam; ego noftro à legendo: nam ut illi æquita-, tis, fic nos delectus vim in lege ponimus & proprium tamen utrumque legis est.

Quod fi ita rectè dicitur, ut mihi quidem plerumque videri folet, à lege ducendum eft juris exordium : ea eft enim naturæ vis, ea mens, ratioque prudentis, ea juris, atque injuriæ regula. Sed quoniam in populari ratione omnis noftra verfatur oratio, populariter interdum loqui neceffe erit, & eam legem, quæ

* Nóμos, lex, loi, vient de Níμw, distribuo diftribuer,

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C'est pourquoi ils eftiment que la prudence eft une Loi dont l'efficacité eft de nous porter au bien, & de nous détourner du mal; & ils pensent que le nom de Loi en Grec, eft formé d'un autre qui fignifie, rendre à chacun ce qui lui appartient pour moi, je crois que le terme qui nous est propre, vient du verbe choifir car comme, : lon eux, la Loi conduit à une rétribution équitable, felon nous, fon effet se termine à l'équité du choix; & cependant l'une & l'autre propriété appartient

à la Loi.

fe

Cette définition entendue de cette maniere, qui, communément parlant, me paroît être la meilleure; il faut commencer à expliquer le Droit par la Loi: car c'eft elle qui fait toute la force de la nature; c'est elle qui eft le principal objet de l'efprit & de la raifon de l'homme prudent; c'eft elle auffi qui eft la regle invariable du Droit & de l'injuftice. Mais comme tout ce difcours roule fur un fujet dont les termes font ordinairement dans la bouche du peuple, nous ferons quelquefois obligés de parler comme le peuple, & de nous conformer au lan

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