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vaincus. Non feulement les Suédois les renvoiérent avec tous ces titres, mais ils ruinérent encore les deux tiers de l'armée Impériale, dix à douze mille hommes reftérent fur le champ de bataille, les principaux Chefs furent prefque tous tuez, bleffez, ou pris prifonniers. Quelle plus grande marque que de voir fuir Walftein jufqu'à Léipzig fans dé

brider, & de là à Leutmérick fans attendre le jour. Ce n'eft pas en core affez, le victorieux marche à Léipzig, le prend, & plufieurs villes fe rendent, pendant que les Impériaux confternez s'enfuient jufques dans la Bohéme: malgré tout cela, on chante le Te Deum à Vienne, à Madrid & à Bruxelles, comme pour une bataille gagnée.

CHAPITRE

XI.

Commandemens pour former la Colonne, & la maniére
de combattre dans cet ordre.

Ette évolution n'est pas

a

fort difficile, puifqu'il ne s'agit que de doubler, tripler, quadrupler & quintupler les files; c'est-à-dire les hauffer ou les baiffer felon la force &, la foibleffe des corps. Il y a différentes méthodes toutes fort aifées & fort promptes. La plus fimple eft, ce me femble, de divifer le bataillon en autant de fections, & fur autant de files, ou de rangs de front, qu'on en veut mener à la charge: je fuppofe ici le bataillon de cinq cens cinquante fufeliers, les grenadiers compris, ( qui eft le nombre le plus parfait ) fur cinq de hauteur, qui est la moindre qu'on puiffe lui donner pour le choc.

Suppofant l'armée en bataille à l'ordinaire fur deux lignes & une réferve, la cavalerie fur les aîles, & l'infanterie au centre, les bataillons fur cinq de hauteur; la diftribution & l'ordonnance des troupes, & le choix des corps qui doivent former les colonnes fur le front de la premiére étant fait, on féparera les grenadiers de chacun de ces corps. On commencera par ce commandement.

A vous Bataillon.
Attention.

A droit par manches, triplez vos files.

A ce commandement, premiérement la manche du centre du bataillon rentre dans celle de la droite ; le premier rang derriére le premier, le fecond derriére le fecond, & ainfi des autres,

En même tems la manche de la gauche rentre dans les deux manches jointes ensemble, le premier rang derriére le premier de la manche du centre, le deuxiéme derriére le deuxième, & ainfi du refte; de forte que chaque bataillon fe trouve à quinze de hauteur, étant rare qu'il y ait des furnumeraires. Je fuppofe ici la Colonne fur trente files de front, que j'aimerois infiniment mieux fur vingt-quatre de profondeur.

A ce même commandement les deux ou les trois compagnies de grenadiers, fuppofé que la Colonne foit de plus de deux bataillons, fe porteront à la queue de la derniére fection, chacune à cinq ou à fix de hauteur.

Si l'on veut former deux Colonnes d'une feule, ou la couper en deux de tête à queue, on fait ce commandement.

A droit & à gauche, formex deux Colonnes.

Marche.
Halte.

Ce commandement fe fait lorfqu'après avoir percé une ligne l'on cherche promptement à profiter de cet avantage pour tomber à droit & à gauche fur les flancs des bataillons qui font à côté, & qui foutiennent encore contre ceux qui leur font oppofez mais ce mouvement ne doit se faire que lorfque la premiére ligne tient ferme encore aux endroits où il n'y a pas de colonnes. Pour peu que le foldat foit dreflé à cet éxercice, il fçait affez ce qu'il a à faire en femblable occafion.

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Lorfque la Colonne s'eft ouvert un paffage, & qu'elle a rompu le corps qui lui eft oppofé, on peut alors lâcher les grenadiers fur les derriéres de l'ennemi, pendant que la CoTonne qui s'eft partagée en deux lui gagne le flanc. Si la feconde ligne ennemie s'avançoit au fecours de la premiére, ou qu'on le craignît, on doit fe conferver en colonne fans la partager] de tête à queue, mais lâcher une fection ou deux fections de chaque colonne, pendant que la troifiéme achevera la défaite de la premiére, & les bataillons qui combattent entre les colonnes; pendant ce tems on fait avancer la feconde ligne, ce qu'on expliquera en différens endroits, & dans le cours de mon Commentaire, où l'on verra les différens mouvemens & les diverfes manoeuvres des colonnes dans l'attaque comme dans la défense, entremêlées dans une ligne, ou formant feules une ou deux lignes de bataillons rangez de la forte.

On doit regarder comme une maxime conftante, que toute armée qui eft percée & ouverte en plufieurs endroits fur tout le front de la ligne, & même à un feul, ne fçauroit trouver de reméde contre les corps qui l'ont pénétrée, parce que les bataillons ou les efcadrons qui font à côté ne fçauroient leur donner du fecours. Si l'on fait avancer la réserve, que peutelle faire contre des colonnes? Outre que celui qui veut foutenir fon avantage fait avancer la fienne: fi l'ennemi a recours à fa feconde ligne après la déroute de fa premiére, il ne gagne rien; il fe trouve alors en tête deux bonnes lignes contre une feule. Ce raisonnement n'eft pas difficile à comprendre, & on le comprendra encore mieux dans notre nouveau Siftême de Tactique, dont il fera aisé de reconnoître la folidité dans nos Obfervations fur les batailles que notre Auteur rapporte : car après avoir donné le plan felon la description qu'il en fait, nous en ajoutons un fecond, que nous accommodons au tems, aux lieux, à la nature de nos armes, au génie de la nation, & aux principes de Tactique que nous nous fommes formez; ainfi l'on pourra voir tout le jeu de nos colonnes.

Lorfqu'une Colonne eft attaquée, foit par fa tête ou par fes faces, ou que fe trouvant environnée elle eft obligée de faire front de tous côtez, ou par fes faces, & de tirer de pied ferme, quoiqu'il lui foit aifé de percer tout & d'aller fon chemin, il me femble meilleur de le faire par rangs en commençant par le centre: les autres rangs faifant genoux à terre ainfi de rang en rang, ou de deux rangs en deux rangs jufqu'aux deux premiers de chaque aîle, fuppofé qu'on n'eût point à craindre une attaque brufque: car en ce cas ils doivent conferver leur feu. Comme il fe peut trouver des maladroits qui pourroient tirer trop bas, & caffer la tête à ceux qui font devant eux genoux à terre, il faut qu'ils fe baiffent prefque le nez contre terre.

Cette maniére de tirer par deux rangs & par trois, n'eft pas nouvelle pour les corps qui combattent fur beaucoup de hauteur: Montécuculi nous la propofe dans fes Mémoires, c'eft celle du quarré folide, c'est-à-dire à centre plein. Il est trèsdifficile de foutenir longtems contre un feu fi violent & fi bien fuivi. Il me reste une remarque à faire qui mérite attention à l'égard de l'éxercice d'un grand corps, ou de toute une armée, & des commandemens qu'on eft obligé de faire dans des occafions, où la voix de Stentor feroit à peine entendue.

Toutes les évolutions & les mouvemens, qui fe pratiquent

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