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Bataille de

parmi le peuple, & paffe bientôt du peuple aux Généraux. Les Magiftrats font appeller cet homme, il vient & juftifie clairement ce qu'il avoit avancé. Il leur fait voir pourquoi ils avoient été battus ; & comment, en choififfant toujours la plaine, foit dans les marches, foit dans les campemens, foit dans les ordonnances de bataille, ils fe mettroient en état non feulement de ne rien craindre de leurs ennemis, mais encore de les vaincre. Les Chefs applaudiffent, conviennent de leurs fautes, & lui confient le commandement de l'armée.

Sur le petit mot de Xantippe on avoit déja commencé parmi Tunis. or- le peuple à parler avantageufement, & à efpérer quelque chofe des Cartha- de cet étranger. Mais quand il eut rangé l'armée à la

donnance

ginois.

Ordonnance des Romains.

&

porte de

pour

la ville, qu'il en eut fait mouvoir quelque partie en ordre de
bataille, qu'il lui eut fait faire l'éxercice felon les régles, on
lui reconnut tant de fupériorité, que l'on éclata en cris de joie,
que l'on demanda d'être au plutôt mené aux ennemis, per-
fuadé que fous la conduite de Xantippe on n'avoit rien à re-
douter. Quelque animez & pleins de confiance que paruffent
les foldats, les Chefs leur dirent encore quelque chofe
les encourager de plus en plus, & peu de jours après l'armée
fe mit en marche. Elle étoit de douze mille hommes d'infan-
terie, de quatre mille chevaux, & d'environ cent éléphans.
Les Romains furent d'abord furpris de voir les Carthaginois
marcher & camper dans la plaine, mais cela ne les empêcha
pas de fouhaiter d'en venir aux mains. Ils approchent, &
campent le premier jour à dix ftades des ennemis. Le jour
fuivant les Chefs des Carthaginois tinrent confeil fur ce qu'ils
avoient à faire. Mais les foldats impatiens s'attroupoient par
bandes, & criant à haute voix le nom de Xantippe, deman-
doient qu'on les menât vîte au combat. Cette impétuofité
jointe à l'empreffement de Xantippe, qui ne recommandoit
rien tant que de faifir l'occafion, détermine les Chefs: ils
donnent ordre à l'armée de fe tenir prête, & permiffion à
Xantippe de faire tout ce qu'il jugeroit à propos. Revêtu de
ce pouvoir, il range les éléphans fur une fimple ligne à la tête.
Derriére il place la phalange à une distance raisonnable. Des
troupes à la folde, il en infére une partie dans l'aîle droite,
& l'autre compofée de ce qu'il y avoit de plus agile, fut jettée
fur l'une & l'autre aîle avec la cavalerie.

A la vûe de cette armée rangée en bataille, les Romains marchent en bonne contenance. Les éléphans les épouvan

térent ; mais pour parer au choc auquel ils s'attendoicnt, on mit au front les troupes armées à la légére: derriére elles de groffes compagnies, & la cavalerie fur les deux aîles. De cette maniére le corps de bataille fut moins étendu que l'on n'avoit coutume de le faire, mais il avoit plus d'épaiffeur. Cette ordonnance étoit excellente pour réfifter au choc des éléphans mais elle ne défendoit pas contre la cavalerie des Carthaginois, qui étoit beaucoup plus nombreuse que celle des Ro

mains.

La bataille fe

Romains le

Les deux armées ainfi rangées, on n'attendit plus que le tems de charger. Xantippe ordonne de faire avancer les élé- donne, & les phans, & d'enfoncer les rangs des ennemis, & en même tems. perdent. commande à la cavalerie des deux aîles d'enveloper & de donner. Les Romains alors font, felon la coutume, grand cliquetis de leurs armes, & s'excitant par des cris de guerre, en viennent aux prifes. La cavalerie Romaine ne tint pas longtems, elle étoit trop inférieure en nombre à celle des Carthaginois. L'infanterie de l'aîle gauche, pour éviter le choc des éléphans, & faire voir combien elle craignoit peu les foldats étrangers, attaque l'aîle droite des Carthaginois, la renverfe & la pourfuit jufqu'au camp. De ceux qui étoient oppofez aux éléphans, les premiers furent foulez aux pieds, & écrafez. Le refte du corps de bataille fit ferme quelque tems, à caufe de fon épaiffeur. Mais dès que les derniers rangs eurent été entourez par la cavalerie, & contraints de lui faire face, & que ceux qui avoient paffé au travers des éléphans eurent rencontré la phalange des Carthaginois, qui étoit encore en entier & en ordre, alors il n'y eut plus de reffource pour les Romains. La plupart fut écrasée fous le poids énorme des éléphans: le refte fans fortir de fon rang fut criblé des traits de la cavalerie, à peine y en eut-il quelques-uns qui échapérent par la fuite. Mais comme c'étoit dans un païs plat qu'ils fuioient, les éléphans & la cavalerie en tuérent une partie cinq cens ou environ qui fuioient avec Régulus, atteints par les ennemis, furent emmenez prifonniers. Les Carthaginois perdirent en cette occafion huit cens foldats étrangers, qui étoient oppofez à l'aîle gauche des Romains, & de ceux-ci il ne fe fauva que ces deux mille, qui en pourfuivant l'aile droite des ennemis s'étoient tirez de la mêlée. Tout le refte demeura fur la place, à l'exception de Régulus, & de ceux qui le fuivoient dans fa fuite.. Les compagnies qui avoient échapé au carnage, fe retirérent

Réfléxions fur cet évé

nement.

comme par miracle à Afpis. Pour les Carthaginois, après avoir dépouillé les morts, ils rentrérent triomphans dans Carthage, traînant après eux le Général des Romains & cinq cens prifon

niers.

Que l'on faffe de férieufes réfléxions fur cet événement, il fournit de belles leçons pour le reglement des mœurs. Le malheur qui arrive ici à Régulus, nous apprend que dans le fein même de la profpérité l'on doit toujours être en garde contre l'inconftance de la fortune. Il n'y a que quelques jours que ce Général dur & impitoiable ne vouloit fe relâcher fur rien, ni faire aucune grace à fes ennemis, & aujourd'hui le voilà réduit à implorer leur compaffion & leur clémence. (a) On

tôt

(a) Aujourd'hui le voila réduit à implorer leur compaffion & leur clémence. ] Prefque tous les Hiftoriens qui ont écrit de cette guerre, font appointez contraires avec Polybe. Ils différent tous entr'eux à l'égard de la mort d'Attilius Régulus. Il n'est pas jufqu'aux Orateurs & aux Poëtes qui n'en aient parlé, eutr'auties Ciceron & Horace. Le plus grand nombre prétend que les Carthaginois le firent mourir, plupar dépit, , que pour toute autre raifon. Comme ils craignoient que les Romains ne revinffent en Afrique avec de plus grandes forces qu'auparavant, ils envoierent des Ambaffadeurs à Rome pour avoir la paix, aufquels ils joignirent Régulus, qui étoit leur prifonnier. Ils ne doutoient pas qu'il ne travaillat de toutes fes forces pour la leur obtenir du Sénat, fa liberté en dépendoit abfolument. Mais avant que de partir, ils lui firent promettre avec ferment qu'il reviendroit fe remettre dans les fers, s'il ne réuffiffoit pas. Ce grand homme étant arrivé à Rome, confeilla tout le contraire, & s'en retourna à Carthage comme il l'avoit promis. Les Carthaginois le firent mettre dans un tonneau garni de longs clous, dont les pointes paffoient en dedans, dit Appien; on le roula cruellement dans ce où il mourut. Ciceron dans fes Entretiens fur les vrais biens & fur les vrais maux, marque qu'ils le firent mourir de faim. Dans on Oraifon contre Pifon, il oublie ce qu'il a dit ailleurs. Il parle d'un autre fupplice. Il prétend qu'ils le liérent dans une machine, après lui avoir coupé les paupières. C'eft apparemment celle d'Ap pien dont il entend parler. Il n'eft pas jufqu'à Horace qui n'en parle, en fe moquant de la lacheté des foldats Romains dans la

tonneau,

bataille contre Xantippe, & de l'infamie de ceux qui aimérent mieux fe rendre prisonniers que de mourir les armes à la main. Car ce n'étoit pas la coutume dans les armées Romaines, de rendre les armes pour fauver leur vie. Jamais gens n'ont été plus mal reçûs que ces prifonniers de guerre, & Horace nous donne une leçon qui devroit tenir lieu de loi dans notre milice. Cet excellent Poëte ne nous explique pas la nature de ce fupplice d'Attilius. Il fçavoit bien, dit-il, à quels tourmens il s'expofoit. Sciebat que fibi barbarus tortor pararet. Florus marque qu'il fut crucifié. Crucis fupplicio deformata majestas. Voilà de grandes contrariétez à l'égard de la mort de ce grand homme. J'aurois été fort curieux de fçavoir ce que Tite-Live en avoit dit. Polybe en avoit fans doute parlé dans fon premier Livre, il faut qu'il y ait quelque chofe de perdu; car où auroit-il pû le mettre qu'en cet endroit ? Il ne me paroît pas que les Carthaginois aient été affez infenfez pour le faire mourir. Les Romains n'euflent-ils pas ufé de répréfailles fur les prifonniers Carthaginois, qu'ils avoient en très-grand nombre ? Je croirois plutôt Diodore de Sicile, qui fait évanouir tous ces fupplices, qui font peut-être imaginaires. Voici ce que nous apprenons de cet Auteur fur la défaite & la prise d'Attilius Régulus, par Xantippe, qui commandoit l'armée des Carthaginois. Les Romains, dit-il, les défirent fur mer; ils prirent Boftar & Amilcar dans cette bataille. Le Sénat les remit entre les mains de la femme & des enfans de Régulus, pour les échanger contre lui; mais fur ces entrefaites Attilius mourut en prifon. Sa femme défefpérée, fit mourir fes deux reconnoît

>

reconnoît encore ici combien Euripide avoit autrefois raifon de dire qu'un bon confeil vaut mieux qu'une puiffante armée. (a) Un feul homme, un feul avis met en déroute une

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prifonniers, & pour fe juftifier elle répandit le bruit qu'on avoit fait mourir cruellement fon mari, C'eft Palmerius qui fait cette remarque; mais je demande à Diodore, quel eft cet Amilcar qu'on fit mourir? Ce n'eft pas le fameux Amilcar, pere d'Annibal, puifqu'il fut tué en Espagne, & Polybe ne dit pas qui commandoit la flotte Carthaginoise dans cette bataille que les Romains gagnérent après la défaite de Régulus. C'étoit quelqu'autre Amilcar, car ce nom eft affez commun dans l'Hiftoire: je ne vois que des Amilcars partout, & je n'en trouve pas un qui approche de l'Amilcar pere d'Annibal. Toutes ces variations des Hiftoriens, touchant la mort de Régulus, me font beaucoup douter que cet événement foit tel qu'ils nous le débitent. Je pancherois beaucoup du côté de Diodore, à la bigarrure près.

(a) Qu'un bon confeil vaut mieux qu'une puiljante armée. Cette maxime est trèsvraie & très-fage, de quelque fens qu'on la tourne. Le nombre & la valeur ne peuvent rien fans le confeil. Xantippe en eft une bonne preuve; mais con.bien y a-t-il de Xantippes inconnus dans les armées, aufquels bien des Généraux ont dû toute leur gloire. Qu'on ne me dife pas qu'il s'eft trouvé de ces derniers, qui la doivent uniquement à eux-mêmes, à leur efprit, à leur bon fens, & à la grandeur de leurs connoiffances; outre que ceux-ci font d'une très-grande rareté, & qu'on ne les trouve que par fauts d'un ou de deux fiécles d'intervalle; on ne s'apperçoit pas que les autres, & peut-être aucun, ne peuvent agir & faire mouvoir la roue pour la victoire, s'ils ne font aidez des yeux d'autrui, & les yeux d'autrui font fouvent des confeils que Le Général débrouille & dévelope.

La plupart des grandes entreprifes & des grands deffeins dépendent de la connoiffance du pais où l'on fait la guerre, ou de la pofition des fortereffes. Le confeil de Xantippe au Sénat de Carthage, tire fa fource de cette connoiffance, & des fautes des Généraux. Il confeille de changer tout l'ordre de la guerre, par le jugement qu'il fait de la nature des forces de la République; il trouve encore du défaut dans la tactique Carthaginoife, & le fait fort bien remarquer tout comme le refte. Il fait voir

Tome I.

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par la raifon & par l'expérience qu'il faut la changer; tous fentent la force de la vérité, ils l'embraffent, ils prennent plaifir à la recevoir, ils lui rendent la foumiffion qui lui eft due, lorfqu'un étranger, un petit Officier fubalterne la leur découvre. Cela eft admirable: car il faut moins d'élévation d'efprit pour produire la raifon, que pour

la reconnoître dans les autres.

Quoique les Généraux du premier ordre n'affemblent pas leur Confeil pour le confulter dans leurs deffeins, cela ne veut pas dire qu'ils trent tout de leur tête. Il faut bien fe garder de le croire. Ils ne dédaignent pas les avis & les confeils de mille Officiers de leur armée, qui vont ou qu'ils envoient à la guerre, qui leur rendent bon compte de ce qu'ils ont vû, ou de ce qu'ils ont appris des gens du païs: & ceux-ci, comme les efpions, ne leur font pas d'un petit fou lagement; ils fe réglent là - deffus, fouvent on leur propofe de bons coups à faire, & l'éxécution leur eft laiffée en propre ; delà naiffent les marches promptes & accélérées, pour un pofte important, les furprises d'armées, ou les actions générales. La gloire du fuccez eft toute rapportée au Chef, qui eft l'ame & le premier mobile de fon armée, quoique le plus fouvent il ne foit ni l'auteur, ni l'inventeur de bien des grandes entreprifes. Le plus difficilen'eft pas de les imaginer & de les propofer enfuite, mais de trouver les moiens de les éxécuter & de les faire réuffir. Voilà le fait duGénéral, le grand & le beau ; quoiqu'il n'y ait pas moins de l'un & de l'autre dans l'auteur du deffein, on ne rapporte rien à celui-ci, on le laiffe là, & prefque toujours fans récompenfe, pendant que le Général triomphe & s'applaudit de sa victoire.

En tout il faut de l'aide & du confeil. L'auteur du projet de Denain rendit fans doute un grand fervice. Cette fameuse entreprise auroit-elle été éxécutée, auroit-elle même réuffi en d'autres mains que celles du Maréchal de Villars? Je ne fçai: il la rendit affurée & très-praticable par les confeils du Maréchal de Montefquiou, & par fa. conduite : il en falloit beaucoup contre un Antagoniste de la trempe de M. le Prince Eugéne. Le Maréchal alla même au-delà de tout ce qu'on lui avoit propofé pour la faire réuflir. Un autre moins habile que

X

; pen

armée courageufe, une armée qui paroiffoit invincible dant qu'il rétablit une République dont la chûte sembloit certaine, & reléve le courage à des troupes, qui avoient perdu jufqu'au fentiment de leurs défaites. C'eft à mes Lecteurs de mettre à profit cette petite digreffion. On s'inftruit de fes devoirs, ou par fes propres malheurs, ou par les malheurs d'au trui: le premier moien eft plus efficace, mais l'autre eft plus

lui, en eût-il connu l'important & le praticable? En eût- il fait le moindre cas, ni écouté un homme de Robe qui la propofoit? Ne le croions pas: il cft fâcheux à un Officier, qui penfe jufte dans ce qui regarde fa profeffion, de s'adreffer à des génies, qui ne font ni de fa portée à l'égard du grand dans le militaire, ni de fon courage. Chacun conçoit les affaires felon fa capacité, dit Saint - Evremont, les plus grandes femblent aisées & faciles aux hommes de grand entendement & de grand cœur ; & ceux qui n'ont pas ces qualitez, trouvent d'ordinaire tout difficile. Tels efprits font incapables de connoître le poids de ce qui leur est proposé, & font quel quefois plus de compte de ce qui en effet eft de grande importance, & quelquefois auffi beaucoup de cas de ce qui ne mérite pas d'être confidéré.

De deux confeils, l'un mauvais & fouvent ridicule, & l'autre bon, d'abord la Cour, & les Généraux eux-mêmes, confidérent de quelle forte de gens font ceux qui le donnent. Si le confeil le porte au Tribunal d'un Miniftre, qui ne fera pas au fait de la guerre, qu'il n'a jamais faite, il prendra l'ombre pour le corps. Il ne péfera pas les raifons des deux propofans, fon ignorance dans le métier le difpenfe de fe fervir de ces fortes de balances. Il fera cas d'abord de celui qui propose une abfurdité, fans pourtant la connoître, s'il eft plus élevé & plus puiffant en crédit que l'autre, qui ne fera peut-être qu'un Subalterne. Le premier aura raifon, quoiqu'il ne fçache ce qu'il dit : & l'autre ne fçaura ce qu'il dira, quoiqu'il ait raifon. Cela s'eft vû mille fois, & fe verra éternellement. Si Xantippe avoit parlé aux Généraux Carthaginois, & propofé tout ce qu'il dit dans le Sénat de Carthage, il ne gagnoit rien: peut-être s'en fuflent-ils moqué, parce qu'il eût parlé raifon à des gens qui en étoient tout-à-fait dépourvûs. En s'adreffant au Sénat, il ne fe pouvoit, qu'entre un fi grand nombre de

Sénateurs, il ne s'en trouvât de très-raifonnables, & en effet il s'en trouva. Ils écoutérent les raifons de cet habile Officier, fans aucun égard à ce qu'il étoit, mais feulement à ce qu'il difoit de bon & de folide.; ce qui fit que tous le réunirent à fon avis, & l'événement leur fit voir qu'un feul homine, comme dit mon Auteur, un feul bon avis met en déroute une armée qui paroiffoit invincible, rétablit une République dont la chûte fembloit certaine & rélève le courage à des troupes qui avoient perdu jufqu'au fentiment de leurs défaites. J'ai oui dire au feuMaréchal de Chamilli,qui le fçavoit d'univieux Officier Allemand, que dans la guerre de Hollande, en 1672. un Lieutenant Colonel François, qui étoit au fervice de la République, paflà pour trèsfufpect', pour avoir avancé qu'il valloit mieux garder un petit nombre de places & rafer les autres, que de les conferver toutes. Cet avis étoit très-fage & très-prudent, dans un tems que la tempête étoit prête à fondre fur la tête des Hollandois; au lieu qu'ils s'amuferent à les fortifier toutes par de nouveaux ouvrages, lorfqu'ils avoient à peine le tems d'en réparer les ruines: en un mot, ils voulurent les garder, & les défendre toutes, & par là ils fe trouvérent fi fort affoiblis, que leur armée fut réduite à rien par tant de garnifons. Auffi n'eut-elle garde de fe montrer devant celle de France, qui fit tout ce qu'elle voulut ; & comme on profite rarement de la faute & des confeils d'autrui, il arriva aux François la même chofe qu'aux Hollandois: car aiant voulu conferver toutes leurs conquêtes, le Roi fe trouva fi embaraffé, qu'il vit bịentôt la faute qu'il avoit faite, pour n'avoir pas crû les confeils de M. le Prince, & du Maréchal de Turenne, qui étoient d'un avis contraire, & aufquels il eût dû ajouter plus de foi qu'au Marquis de Louvois. Car bien que ce Miniftre fut un très-grand homme, & un efprit du premier ordre, il n'étoit pas homme de guerre. Cette faute fur

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